LASNAMIA

Il était une fois le Monoprix.( Le Chelif du 14/10/2015

 

Notre époque

 

L'empreinte de la cité "Hay Nasr", appelée aussi "Monoprix", reste toujours présente dans la mémoire des gens qui ont connu, vécu et tra-vaillé dans les couloirs de ce grand bazar couvert en plein cœur de la ville d'El-Asnam. Cet espace commercial des années 1960, mitoyen du jardin public qui faisait face à la rue des martyrs, est tombé avec le dernier séisme qui a frappé la région en 1980.Cette infrastructure avait une dimension de presque trois fois un stade de football. L'ensemble a été construit après le séisme de 1954 et avait été baptisé à l'époque de "Centre commercial Saint Réparatus".

Le rez-de-chaussée de ce

mastodonte de béton et de-briques rouges était réservé aux activités commerciales di-verses. Le premier et deuxième étage était occupé par des loca-taires particuliers. Il m'arrive des fois l'envie de fouler le macadam de ces lieux mémorables qui, jadis,du temps de notre enfance et de notre jeunesse, étaient un espace de rendez-vous et un repère com-mercial.

L'on se souvient des activités com-merciales au sein de cet immeuble géantet, en particulier,des cafés po-pulaires de Mokrane, Sersoub, Kaddour,El-Bachir ainsi que des restaurants Aroudj, Maakouda,Be-naouda et Tebbal. C'étaientdes en-droits incontournables pour les travailleurset riverains. Les lieux étaient emplis de clients habitués aux succulentesgrillades de mer-guezet aux jeux de dominos ou de cartes qui se pratiquaient à partir de 17 h.

C'était l'endroit privilégiédes mor-dus de babyfoot et de flipper. La coopérative de fruits et légumes El-Feth,dirigée par M. Brahmi Abbès, avait également ses bureaux et ses stands au centre duMonoprix. Les disquaires Belkhiati et Bouzidi avaient aussi leurs magasins de disques et de cassettes dans cette enceinte.

La salle de judo, les carreaux et les étals de bouchers

Le sport avait son enseigne avec la salle de judo au 1er étage. La salle était chapeautée par la direction de l'hydraulique, elle avait comme

président d'honneur M. Medjaheur. L'association sportive des jeunes judokasavait comme entraîneurs les maitres Bensaadia, Cherif Zai-tra, Maiga…A cette époque, la ville d'El Asnam avait une bonne équipe de judo, formée de talen-tueux judokas à l'image de Driss, Karnaoui, Djaafar, Rahim, Moha-med japonais, Abdelhadi, Kasmi, Commandos, etc.

Il yavait aussi le marché couvert du Monoprix avec son entrée princi-pale en face de l'oued du Chelifet les magasins des mandataires

(grossistes). C'était un marché très fonctionnel et propre avec des pe-tits carreaux et des étals de bouche-ries, de poissons, de fruits et légumes etc. A l'extrémité sud,mitoyens du jar-din public,se trouvaient les ser-vices de la Casoral, le magasin du vieux El-hadj Mansour, l'herbo-riste. Il y avait aussi la quincaillerie de Souakri Hamid, labijouterieYa-coubi, la pièce détachée Abbaci… Tous ces beaux commerces qui, jadis, avant le séisme, donnaient un souffle de vie et animaient ce cen-tre commercial ont disparu. Il ne reste que la douleur et les souvenirs de l'époque.

Le temps des chemises à fleurs et des Beatles

Ah ! Quelle belle époque ! C'était la tendre jeunesse, l'âge de l'insouciance et de la joie de veiller tard la nuit et de rentrer chez soi après avoir vu un film au cinéma "Le Club" ou "L'Or-léans". C'était le temps des Beatles, des Blazer's, des Castellum's et du groupe chaabi ElAfrah. C'était aussi

la mode des jeunes loups et des che-veux longs, des fringues chics, des pantalons pattes d'éléphant et des chemises à fleurs. Et on aimait bien aussi se faire pomponner chez nos coiffeurs attitrés de l'époque : Moha-med Yacoubi, Abderrahmane, Belkh-riss,Tergou.

Une vie sociale terne

Aujourd'hui, que reste-t-il comme souvenir de ce grand marché ? Rien! Absolument "walou" ! Aucun repère. Même pas un petit brin de souvenir collé au sol. Seulement, la pénible douleur du souvenir des âmes inno-centes ensevelies sous les décombres de la terrible catastrophe. Le tremble-

ment de terre a tout emporté avec lui. Des familles entières ont étés déci-mées.

Cette cité a été engloutie dans le néant pour l'éternité. Toutes les traces qui témoignaient, dans le passé,de l'existence du monoprix se sont effa-cées avec le temps. Ce n'est plus qu'un terrain vague insignifiant, avec unestèle sur une place baptisée pour la circonstance "Sahat tadhamoun",disparueelle aussi au-jourd'hui avec des travaux qui s'éter-nisent sur cet espace pour lui redonner une nouvelle vie. Cet espace commémoratif qui devrait être normalement protégé, respecté et destinéà des activités culturelles et spectacles, est entrain de changer de

destination et commence à être gri-gnoté dans ses extrémités aux profits de bâtiments commerciaux qui pous-sent comme des champignons desti-nés aux commerces lucratifs. C'est comme si la vie sociale n'était constituée que de "bie wa chra"

(achat et vente). La ville étouffe sous le poids de la construction hâtive, sans esthétique avec le paysage. Les espaces libres à ciel ouvert de dé-tentes ou de spectacles, on ne connait pas ça à Chlef ! Et on a vite fait d'ou-blier le dernier séisme ravageur qui a endeuillé toute une région avec sa po-pulation. "Idji enhar", il viendra le jour… Des regrets et de la négligence…

 

Hamid Dahmani



16/10/2015
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