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. Kouadri Bouali, le prof de Yasmina Khadra

Culture : Hommage
Kouadri Bouali, le prof de Yasmina Khadra

 

 

«En 4e, nous eûmes comme professeur de français un Algérien d'El Asnam (Chlef), un certain Kouadri, un formidable pédagogue dont les cours en apothéose transformaient la classe en salle de fêtes. Il adorait Mouloud Feraoun, pour sa modestie, et avait pour Malek Haddad une passion excessive. Il était très proche de ses élèves, les taquinait et les aimait», écrit Yasmina Khadra dans L’écrivain.
Kouadri Bouali, cette figure emblématique de la culture à Chlef, s'est éteinte cette semaine, à l'âge de 72 ans, à l’hôpital de Ouled-Mohamed après y avoir séjourné une semaine. Il a exercé comme professeur de français au lycée et assistant en linguistique au département de lettres françaises à l'université Hassiba Ben Bouali. Mais il est surtout connu pour avoir été le professeur de français de Yasmina Khadra. 
Pour hommage, citons ce passage de l'ouvrage L'Ecrivain qui lui est consacré : «En 4e, nous eûmes comme professeur de français un Algérien d'El Asnam (Chlef), un certain Kouadri, un formidable pédagogue  dont les cours en apothéose transformaient la classe en salle de fêtes. Il adorait Mouloud Feraoun pour sa modestie et avait pour Malek Haddad une passion excessive. Il était très proche de ses élèves, les taquinait et les aimait. 
Lorsqu’une réponse sonnait faux, il l'attrapait au vol, ouvrait la fenêtre et la jetait dehors, puis il retournait sur l'estrade en s'en lavant les mains. 
Il était généreux avec les faibles de bonne volonté et se payait gentiment la tronche des illuminés. Dès qu'une phrase fleurait bon la métaphore tirée par les cheveux, il faisait le geste de nous écarter des deux mains pour affronter le «génie». 
c'est ainsi qu'il m'accula à maintes reprises, car découvrant la magnificence de la langue française, je me prenais pour Aragon : «Cher Mousselhoul, si ton phrasage était aussi crédible que ton rafistolage, ton talent ferait ravage au cercle des dormants»... 
Cet homme, s'il avait écrit, j'aurais vénéré ses livres. Grâce à ses orientations, je caracolais allègrement parmi les meilleurs élèves accueillant les 16 et les 17 avec fatuité. Je venais d'opter pour ma langue d'écrivain». 
Kouadri Bouali, passionné de littérature, vient de faire paraître Lectures d'Assia Djebar, une étude exhaustive de trois œuvres de ce membre de l'Académie française (L'amour, La fantasia, Ombre sultane, La femme sans sépulture). La maladie l'a empêché de terminer son grand chantier 
«Mots partagés entre les langues indo européennes et shamito semitiques». Il a été l'animateur d'une longue émission, «Dhakirate el madina» réalisée par Karim Houari à Radio Chlef qui a eu beaucoup de succès tant elle était riche en enseignements sur la région de Chlef. L’ostracisme dont il a été victime l'a beaucoup affecté. Ce n'est que dernièrement qu'il a été honoré.
Medjdoub Ali



26/09/2013
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