LASNAMIA

Le boulevard de la glorieuse ALN-Le Chelif du 27/1/2016

Le boulevard de la glorieuse ALN

 

L’histoire nous apprend dans ses annales que les assises de la ville de Chlef reposent sur les vestiges romains de l’antique «Castellum Tingitanum». L’histoire dit qu’après le départ des byzantins, les lieux avaient été dénommés «El Asnam» ; ils étaient sous la domination de la tribu des Maghraoua. Quelque temps après la chute d’Alger, Bugeaud décida en 1843 d’édifier la ville d’Orléansville à michemin d’Alger et d’Oran.

Ainsi fut tracé l’un des premiers boulevard Nord de la ville qui se situe sur la route nationale Est-Ouest (route Alger-Oran). En 1843, cette voie était connue sous le nom de «route de Miliana, elle deviendra quelques temps après, route de Si Henni Sayah, du nom du président de l’Assemblée Nationale de l’époque. A l’indépendance, cette belle avenue est baptisée du nom du résistant Mokrani et rebaptisé encore une fois en 2016 «boulevard de la glorieuse Armée de Libération Nationale» (ALN). Cet axe routier, presque parallèle à l’oued Chéliff, offre une vue splendide sur la banlieue de la Ferme. L’oued Chéliff est le plus important cours d’eau d’Algérie qui fait plus de 700 km de long, il traverse la région de Chlef d’Est en Ouest.

Autrefois, ce fleuve gigantesque intimidait par ses crues soudaines qui dévastaient et emportaient tout sur leur passage durant la saison des pluies. Ce fleuve a marqué l’esprit de plusieurs générations. La ville de Chlef est construite dans une espèce de cuvette et l’oued est une providence qui dégageait de la fraicheur pour atténuer la chaleur écrasante si caractéristique de la région.

Pour l’anecdote, le journal local de l’époque, «Le Chéliff» du 17 sep-tembre 1883, paraissant à Orléans-ville tous les jeudis, informait que le bateau à vapeur «La Chicanette» partira pour le prochain dimanche du port d’Orléansville pour une promenade en bateau sur l’oued Sly à Malakoff pour admirer et visiter les belles plantations d’orangeraies sur les deux rives du Chéliff». Il y a donc 133 ans, l’oued Chéliff était navigable et on pouvait se déplacer dessus par bateau pour ressentir le plaisir de la navigation. Et depuis cette date, que d’eau est passée sous le pont du Chéliff… et que de ponts ont été emportés par les eaux de l’oued en furie. On raconte aussi beaucoup d’histoires à ce sujet sur l’oued et sur le mythique pont en bois de la Ferme, avec ses embarcadères et ses chaloupes amarrées qui reliaient les deux rives de ce fabuleux cours.

Aujourd’hui, l’oued n’est plus ce qu’il était. Son lit est asséché et n’aspire plus à l’aventure d’hier. On n’y pêche plus de poissons, on ne se baigne plus dans ses eaux claires et rafraichissantes. «Chlef entlef !»

On n’oublie pas aussi que sur cet itinéraire, le nouvel hôtel Baudouin, reconstruit après la catastrophe de 1954 près de la station d’essence (au-jourd’hui station des frères Zemouri) a été démoli à son tour en 1980 comme le fut le précédent hôtel des voyageurs appartenant lui aussi à la famille Baudouin.

Le sort a voulu que toute la chaine d’hôtellerie de la ville soit décimée. Parmi cette infrastructure, «Le motel», «le Belvédère», situé à l’ex-trémité de ce boulevard est tombé lui aussi lors de la secousse de 1980. C’était un magnifique lieu de détente bâti au milieu des eucalyptus, à quelques pas de la rive du Chéliff.

Sur ce même parcours et un plus haut que le vieux quartier de «Carmela», il y avait un autre repère de la ville : le grand moulin hydraulique et ses annexes appartenant aux Robert ou «r’hat robil» érigé sur les berges du Chéliff dans les années 1850. Il était actionné par la force des eaux du Chéliff. Un moulin d’époque dont il ne reste malheureusement qu’un morceau de son histoire. Il a résisté à plusieurs séismes qui ont frappé la ville, mais n’a pas résisté à l’indifférence des responsables locaux ni alerté l’opinion citoyenne pour prendre des dispositions aux fins de le classer au patrimoine historique de la ville et le protéger ainsi de la convoitise et de l’avidité des gens. Tous ces événements bouleversants qui ont porté un préjudice important au patrimoine de la ville ont eu lieu après le terrible tremblement de terre qui a ébranlé la ville d’El Asnam en 1980. Le grand oued du Chéliff a été détourné de son lit et n’a jamais repris son cours normal depuis cette date fatidique. Le Nouvel hôtel Baudouin supposé résister aux grandes secousses telluriques est tombé lui aussi dès la première secousse, emportant avec lui ses propriétaires et ses clients. Le moulin du Chéliff a subi de gros dégâts mais son ossature demeure toujours debout et aspire à une nouvelle vie comme un musée dédié au moulin traditionnel à énergie hydraulique.

 

Hamid Dahmani

 



31/01/2016
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