LASNAMIA

Le malheur est dans le piètre(Le Quotidien d'Oran du 08/8/2016)

 
 
Le malheur est dans le piètre

 

 

par Hamid Dahmani

 
 
Hélas! Toutes les belles histoires ont une triste fin. L'épisode mouvementé d'ouled bled (les enfants de la ville), s'est consumé discrètement avec seulement quelques mots tracés en hommage sur les vieilles pages de l'histoire. Les désagréments du temps présent et la dureté de l'âge sont les principaux coupables de ce fâcheux événement. Ce tragique bouleversement des mœurs est un coup dur pour la société. La vie et la morale se portent mal sur cet immense territoire. Le présent est déprimé et méprisé. Les gens sont dans une mauvaise passe. La situation est désespérée. Son ciel est maussade et orageux avec ce mauvais temps. Un jour, il nous tombera sur la tête. L'atmosphère ne dégage plus le bon air. La nature et les plantes ne sont plus vertes comme aux printemps d'hier. Et les senteurs saisonnières ne parfument plus l'air. Les fruits et légumes sont fades et sans saveur comme du papier dans la bouche. Le pittoresque a plié bagage depuis belle lurette. Le bonheur nous manque, comme manquerait la pluie à la terre au milieu de l'hiver. Notre époque est malade. Il est temps de lui injecter du nouveau sang dans les veines. 

Les originaires de la ville ont disparu avec leurs valeurs des lieux natals en même temps qu'a disparu le bien-être. Les grands repères historiques qui ont bercé notre existence ont décampé de ces lieux inhospitaliers. Il ne reste que les chagrinés pour se plaindre sur le mauvais sort. Seul le sentiment évocateur du souvenir à travers de mélancoliques images demeure figé dans l'esprit des plus anciens. 

Ouled El-Djazair ont cédé sous le poids de la carence et de la malchance. Ils ont été balayés par les ingrats. Ils se cachent pour méditer et souffrir dans l'isolement. Le pays va de mal en pis. Il a changé dans le mauvais ordre. Il a perdu son âme et son charme captivant. Il s'est subitement transformé en ogre pour bouffer ses meilleurs enfants. Le pays est devenu ingrat et repoussant. Il se détourne de ses propres racines pour accomplir dans l'indifférence des actes qui nuisent sérieusement à la sérénité et au fonctionnement du pays. 

 Brièvement, le pays est sous l'emprise de ceux qui le détestent et qui le méprisent. Il est malmené et traîné dans l'interdit. Le savoir-faire n'est pas encouragé. Le grand tourisme est boudé. L'inflation des produits alimentaires fait brûler le marché. La culture fonctionne avec des insuffisants et des incultes. Les artistes admirables préfèrent se terrer chez eux et râler dans l'isolement. Les nuls jouent et gagnent dans la comédie burlesque qui se joue en séance permanente. Ils animent notre quotidien monotone avec des pièces théâtrales ridicules et gratuites. Les hommes aux savoir-faire sont écartés pour être remplacés par les khobzistes de la république. Ces médiocres sont les ennemis nés de l'intelligence, ils n'ont aucun sentiment de jalousie à l'égard du pays qui leur a tout donné et qui se sont retournés contre lui... 

« Ouled elhouma » ont disparu. Ils ont été évincés. Ils sont partis vivre loin du patelin. Ils sont fâchés avec l'environnement lamentable. Les voix claires ont été mises sous scellés pour les faire taire. C'est vrai qu'on est mieux considéré ailleurs qu'ici. C'est une réalité douloureuse et inévitable. Ironie du sort, seuls quelques souvenirs du passé radieux demeurent stockés dans la mémoire de ces vieux enfants tourmentés par le chagrin de ne pouvoir jamais retrouver le bonheur et la joie d'antan... 


08/08/2016
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