LASNAMIA

Le trottoir de leurs territoires. ( Le Soir d’Algérie)



Voxpopuli : CHRONIQUE DE CHLEF
Le trottoir de leurs territoires


Y a des métiers qui ne disparaîtront jamais avec l'évolution du temps et qui continueront à faire leur petit chemin et à prospérer quoi qu'il fasse ou quoi qu'il advienne. Un métier ça vous tombe comme ça du ciel.
Du jour au lendemain, on peut devenir vendeur de téléphones mobiles au coin d'un trottoir. Ferrache (vendeur à la sauvette) en tous genres sur un trottoir. Gardien de parking avec gourdin tout le long du trottoir. Avec le temps et le monde qui avancent, le trottoir a fait du progrès dans le mauvais sens. Il évolue chaque jour pour notre bien-être et notre sécurité sur du papier seulement. Aujourd'hui, le trottoir a perdu sa destination initiale. Et les trottoirs des deux rives ont été envahis par des squatters. Il y a changement dans la profession et la domiciliation. Les nouveaux locataires du trottoir exercent aussi dans le noir le vieux métier de chiffonnier délocalisé de la place du souk hebdomadaire. Ils font aussi un vieux métier «vendeur à la sauvette». Et ils n'ont aucun papier pour exercer sur le trottoir. Ces sans-papiers squattent les trottoirs des pas perdus. Ils font de la concurrence déloyale aux magasins qui font du commerce légal en face. La destination du vieux trottoir a changé d'exercice. Il n'appartient plus au piéton. Les trottoirs sont confisqués par les «soukistes». Ces espaces publics sont devenus, avec le temps et le laxisme, des chasses gardées et des commerces «tolérées» et «réglementées» par des mots de passe comme «Akh la police !». C'est la fermeture de la boutique ambulante momentanée. Juste le temps de fumer une cigarette et une fois l'orage passé, tout redevient normal pour une nouvelle «Tefricha». Mon trottoir est devenu une mêlée d'infractions, un labyrinthe ennuyeux pour les marcheurs. Chaque jour, une nouvelle surprise nous surprend au détour d'un trottoir. Le choix est grand pour faire sa petite tournée matinale et ses petites courses. Fruits de saison, légumes, volailles, habillement, rôtisserie, mendiants, escrocs en tous genres, etc. Le trottoir est un lieu de tous les rendez-vous d'affaires. Certains sont devenus fidèles au même trottoir et à la même place pour faire leurs petits commerces depuis des décennies. Il ne leur manque plus que la délivrance d'une «djaaba» des lieux occupés (Acte de propriété). Un trottoir ça cache beaucoup de choses si on a un bon œil observateur. En dehors de la saleté répugnante dégagée par les eaux usées noires et stagnantes. Des fuites d'eau, source des ralentisseurs pour piétons, des bouches d'égouts sans couvercles et d'autres casse-têtes pour les pauvres piétons méprisés. Il y a le peuple qui circule silencieusement et à qui on a volé la sérénité, la sécurité et toute la citoyenneté au milieu de ce taudis appelé «bled elbeyle ». Sur le même «rassif» (trottoir), on peut voir deux types de commerçants se regardant en chiens de faïence, les yeux doux et les oreilles basses. Les «ferrachas» gros bras et les commerçants impuissants qui paient leurs impôts et qui sont embêtés quotidiennement. Entre un trottoir et un autre, il y a une rue qui étouffe sous le poids de la circulation et les zones de stationnement le long du trottoir sont payantes pour pouvoir garer son véhicule. Pour le moment, malgré toutes les difficultés qu'éprouve le piéton pour se frayer un passage sur le trottoir, c'est gratuit et il n'y a pas de gardien pour nous réclamer des sous. En attendant, il ne faut pas s'étonner si un jour, de bon matin, en empruntant le trottoir de leur territoire pour se rendre à l'épicerie du coin, on vous réclame le droit de péage du trottoir…
Hamid Dahmani


Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/07/03/article.php?sid=136243&cid=49


03/07/2012
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