LASNAMIA

Marche ou crève ( Le Chelif du 29/7/2015

je marche avec l’esprit envolé dans les airs au milieu de mon espace accaparé par les fripiers et les camelots qui ont envahi mon parterre et mon bonheur. Je traîne et je zigzague au gré des étals et des brouettes stationnées sur les trottoirs comme dans un jeu de labyrinthe en plein air. Je piétine et je sautille au mi-lieu de la quincaillerie et des ac-cessoires, des récipients, des marmites pour me frayer un petit passage dans ce désordre munici-pal qui a envahi ma cité et mon cœur. Je cours avec hâte pour me sauver de cette foire impopulaire qui ressemble à un vaste dépotoir. Je jette mes pieds sur le sol cras-seux et dénivelé de la ville qui a été abandonnée au commerce in-terdit de l’informel. La rue et ses trottoirs souffrent de l’insalubrité et de la médiocrité des spécula-teurs. La ville et ses passages ont été jetés en pâture au tout venant

venu d’ailleurs. Même les belles rambardes du pont de la gare de la ville de Chlef, avec sa vue plongeante sur le chemin de fer, ont été cachées aux regards avec des tôles en zinc grossièrement plaquées pour dissimuler une belle histoire.

J’avance d’un pas pressé au mi-lieu de la foule pour me retirer dans mon coin et fuir ce marché de fous, otage de cette grande pa-gaille. Aubergines, oignons, sa-lades et fruits pourries côtoient les tas d’ordures dans la rue de mes ex-plaisirs. Les grands bou-levards et leurs ruelles sont noyés dans l’anarchie du commerce et du trafic en tous genres. J’erre dans les artères et je tourne en rond dans ces lieux, sans espoir de retrouver ma joie d’antan. J’ai perdu ma rue et mes repères qui se sont effacées comme des éclairs. Je vagabonde au pied des immeubles délabrés et des rigoles

sales et infestées de bouteilles remplies d’urines jetées au milieu de la rue. Je vague dans mes

vieux rêves et je prie les saints qui ne sont plus là pour sauver mon âme des malotrus et des

malfrats qui me narguent sur le trottoir.

Dans la rue des martyrs, c’est aussi pire ! Je marche et je bute les pieds dans les cageots et les roues de charrettes stationnées devant les belles boutiques. Mon dieu, qu’avons-nous fait pour mé-riter un tel supplice ? Les gros-bras et les bras cassés ont fait alliance contre la pertinence. Les places et les trottoirs sont inondés de lits de camp et de parasol rem-plis d’objets mis à la vente sont crainte des descentes et des four-rières. Le désordre et la confusion sont un patrimoine de la ville pro-tégé par le laxisme. La vie s’est gâchée dans la ville qui me déçoit, elle est devenue la proie de la grande pagaille qui gangrène la sérénité des infortunés de ce marché de dupes aux actions réglementaires stériles. Alors, marche ou crève !

Hamid Dahmani

 



01/08/2015
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