LASNAMIA

Notre voisin était le chahid si Ahmed el-Blidi.( Le Soir d’Algérie)



Voxpopuli : 50e ANNIVERSAIRE DE L'INDةPENDANCE
Notre voisin était le chahid si Ahmed el-Blidi


Nous entamons, à partir d'aujourd'hui, la publication de vos témoignages (non officiels) sur la guerre d'indépendance et les réalisations des 50 années de l'Algérie libre.
Malakoff c'était hier, sous l'occupation française de l'Algérie. Aujourd'hui Oued Sly, petite commune à vocation agricole de la wilaya de Chlef. Terre des riches cultures maraîchères et surtout des agrumicoles. Arrosée dans le passé par le grand oued du Cheliff. Fief de la culture du coton, du tournesol, de la pastèque et du melon. Et des grands espaces de vergers de pêcher et de poirier. Oued Sly, c'est aussi un passé révolutionnaire très marqué dans cette bourgade par le grand attachement et l'engagement pour la cause de la liberté de l'Algérie par les braves gens de cette localité. Et parmi eux, il y a le chahid «si Ahmed el-Blidi» Merouani Abed, cette grande figure de la révolution algérienne, natif du village de Oued Sly. Avant de rejoindre le maquis, si Ahmed el-Blidi était venu habiter à la Bocca Sahnoun, banlieue de la ville d'Orléansville. Non loin de l'embouchure de Saguiet Chagnaud. Tout près de la cité Chara. Là où j'habitais. C'était une demeure que nous partagions tous ensembles (3 familles) avec qui nous cohabitions et vivions à cette époque. Et derrière mes 7 ou 8 ans, à cette époque, je me rappelle encore de cette jeune silhouette, habillée d'un ensemble de shanghai et d'un chapeau de paille et de cette allure de l'homme à la belle moustache. Posé et respecté qui sortait le matin et qui ne revenait que tard le soir après son travail journalier. Je me rappelle encore de cette journée où je fus accompagné moi et mon cousin Missoum par aâmi Abed à l'école coranique mitoyenne du cycliste Latouman, chez cheikh Bouziane, pour apprendre à lire et à écrire le Coran. Nous étions debout moi et mon cousin, tenu par la main de aâmi Abed, devant le cheikh avec qui le chahid discutait pour notre prise en charge. A cet effet s'adressant au cheikh du Djemaâ, il dira à mon intention que celuici, son père est emprisonné et qu'il n'a pas les moyens de te payer, accepte-le et Allah te payera, quant à l'autre il pourra te payer ton dû mensuellement. Ce sont les derniers souvenirs que je retiens de cet homme, bon et modeste, qui nous a toujours assistés dans ces moments durs, lorsque mon père était emprisonné. Et puis les événements se sont précipités. Lorsqu'un soir, lorsque la nuit a commencé à tomber, aâmi Abed est rentré à la maison au milieu de la cour haletant et le sang dégoulinant de son pied sous le regard surpris de sa femme, de ma tante et de ma mère et de tous les enfants qui étaient dans la cour. Alors, aidé par toute la famille, le blessé fut introduit dans sa chambre pour recevoir les premiers soins. Et j'ai vu ma tante et les autres courir dans tous les sens pour porter assistance à ce membre de notre famille qui avait le pied ensanglanté. Et j'ai vu qu'ils ont ramené une grande bassine avec de l'eau chaude sûrement pour laver la plaie du blessé. Le mari à ma tante, quant à lui, était sorti dehors avec un balai de doum, pour cacher les traces visibles de sang devant notre demeure. Toute la nuit, nos trois familles sont restées éveillées et silencieuses au chevet de aâmi Abed. Ils parlaient à voix basse et se chuchotaient à l'oreille des choses incompréhensibles pour moi et ils évitaient que nous les entendions. Le lendemain matin à mon réveil, j'ai appris que aâmi Abed n'était plus là et qu'il était parti. Sa place dans la chambre était vide. J'ai demandé à ma mère où est aâmi Abed. Ma mère m'a répondu qu'il était parti très loin ! Et devant mon insistance, elle m'a pris dans un coin pour me dire un secret que je ne devais pas raconter dehors, aux autres enfants sinon nous aurions des ennuis avec «el-aâsker». Et ce n'est qu'après que j'ai su que aâmi Abed avait été blessé la veille, lors de l'attentat qu'il avait préparé contre des soldats dans la ville d'Orleansville. Et ce n'est que ce jour-là que j'ai su aussi que aâmi Abed était un moudjahid de la première heure et qu'il était monté là-haut dans le djebel pour combattre l'occupation française avec les frères. Allah yerham chouhada.
Hamid Dahmani



Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/02/12/article.php?sid=130127&cid=49


11/02/2012
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