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orleansville ,pionnière et martyre

Orléansville

Pionnière et Martyre (1)

 

Mon nom est GUIGUI et mes prénoms Gilbert, David; Je suis né en 1919 à Orléansville d'une famille modeste et laborieuse, petit dernier de 4 enfants. Sur l'insistance de mes amis orléansvillois, alors que je ne suis ni historien, ni écrivain, je dois vous conter ma belle ville.

Orléansville fut fondée en 1843 par le Maréchal BUGEAUD, sur l'emplacement de la ville romaine de Castellum Tingitanum (à vos souhaits !) dont les ruines dites El Asnam (les idoles) couvraient une surface de 600 m sur 30.

Cette ville donc construite par BUGEAUD avait mission de surveiller les montagnes de l'Ouarsenis et du Dahra et était le point de passage obligé sur la grande artère Alger- Oran. Ceinte de murailles est fortifiée, elle ne fut ouverte, et ce avant mon départ, que de quelques brèches pour lui permettre de s'ouvrir sur la campagne environnante., Orléansville ne s'est développée que lentement - la cause est due à son climat, un des plus chauds d'Algérie en été où il atteint un maximum de 52°. Cette petite ville, oasis de bonheur et de paix, coupée de deux grosses agglomérations voisines La Ferme et la Bocca Sahnoune par la rivière Cheliff et l'oued Tsigaout était reliée à celles-ci par un pont de pierres (puis de béton, le premier ayant été emporté par une forte crue) pour La Ferme, et un autre, en fer celui-là, très frêle, qui a résisté à toutes les intempéries, pour la Bocca Sahnoune. Si je reviens sur le mot oasis, c'est que la ville était entourée de toutes parts de jardins, vergers et vignobles (terres très riches en alluvions).

J'avais environ 10 ans lorsque furent entreprises à l'intérieur de la place Paul ROBERT, la place du marché, et ce, à quelques mètres de chez moi, des fouilles archéologiques.A l'époque, on ne s'embarrassait pas de scrupules et les sites n'étaient pas protégés comme de nos jours. J'étais aux premières loges pour assister aux fouilles et sous trois mètres de profondeur de superbes mosaïques aux riches couleurs et de nombreuses colonnes de marbre finement travaillées furent mises à jour Le travail minutieux des archéologues qui à l'aide de grandes feuilles de papier collées à même la mosaïque permit d'extraire sans dommage ce précieux trésor.: On y découvrit ainsi une grande basilique chrétienne à 5; : nefs entièrement pavée de mosaïques. D'une inscription tracée sur cette mosaïque, il résulte que l'édifice fut construit sous CONSTANTIN. C'est la plus ancienne église datée que l'on connaisse en Afrique : l'An 324. Un hémicycle bâtit après coup contenait le corps d'un évêque au nom de REPARATUS, mort en 475.

 

 

Il y régnait bonheur et paix dans cette ville de 30 000 âmes avant notre départ. Constituée sans être précis de 26.000 musulmans (Arabes, Kabyles, Mozabites, 4.000 appelés pompeusement d'Européens et qui n'étaient en réalité qu'un mélange hétéroclite de vieilles familles françaises exilées après 1830, d'espagnols italiens, maltais et juifs (dont moi) venus je ne sais d'où. Une parfaite entente et j'ajouterai même une pointe d'affection régnait.

 

 

 

 

J'en donnerais pour preuves les cimetières mitoyens, chrétiens et Israélites et séparés par un tout petit chemin : le cimetière musulman. Une seule route y menait, point de passage obligé pour l'au-delà : sur le pilier droit de l'entrée du cimetière israélite, une plaque de marbre sur laquelle était gravée Ici, le riche et le pauvre se rencontrent. Dieu a créé l'un et l'autre

Orléansville intra muros, ville au tracé géométrique avec 3 grandes artères, la rue du Dr BOUTELOUP (ex rue de Rome), la rue d'Isly qui menait à la gare et l'avenue Carnot, reliées entre elles par des petites rues bien obliques, était bien agréable.. J'habitais rue des Jardins, rebaptisée rue Georges DUFETRES (propagateur de la culture du coton). En bout de rue, le marché couvert, cette petite ruelle était très animée par de nombreux grossistes en fruits et légumes par quelques commerçants en denrées alimentaires et par la présence de la plomberie PANDOLFI.

De chaque côté, des habitations d'un étage où se côtoyaient familièrement les 3 communautés. Juste en face de chez moi, et lorsque mes moyens me le permettaient, j'allais déguster l'hiver les beignets frits à l'huile et pendant la période du Ramadan, les croustillants zalabias que confectionnait, de mains de maître, un kabyle prénommé Seddik. Je rendais visite à mes voisines BAKHTA et ZOHRA alléché par les galettes d'orge sorties brûlantes de la guesra (plat de terre cuite). J'allais aussi chez une autre voisine Madame CORROYER, veuve et mère de 7 enfants, repasseuse de profession prenant en demi- pension des célibataires, qui cuisinait divinement bien et confectionnait pour Pâques les délicieuses mounas parfumées. Je n'aurai garde d'oublier notre cher G.S.O. avec ses vedettes nationales comme le gardien MERLE ou FANALS.

Pourquoi je parle au passé, de toutes ces activités et inoubliables souvenirs, c'est que dans la nuit du 9 au 10 septembre 1954, un tremblement de terre a presque totalement détruit la ville et ses environs. Le séisme qui ne dura que quelques secondes fut extrêmement violent et fit 1400 morts et de nombreux blessés. Les secousses qui furent ressenties pendant les jours suivants, se sont entendues dans un rayon de 70 Km.

 

 



06/05/2010
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