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Rêvasseries africaines ( Quotidien d'Oran du 04/12/2014)

 

 
 
Rêvasseries africaines

 

par Hamid Dahmani

 
 
 
 
L'autre jour, j'ai fais un rêve libérateur africain commun avec celui de Martin Luther King. Dans son rêve, le pasteur cet illustre personnage qui a consacré son existence au service de la communauté noire des États-Unis, avait rêvé de mener une lutte pacifique pour combattre la ségrégation raciale, l'injustice et donner la liberté aux noirs le droit à la citoyenneté à part entière. Aujourd'hui, il n'y a plus de ségrégation, disons presque, ni dans « bitelma », ni dans les bus, ni dans les écoles, mis à part quelques racistes résiduels isolés, bref passons. 

Emporté par mon rêve africain comme par enchantement, je me retrouve tout près de Wall Street au pays de Sitting Bull dit « bison assis » le grand chef indien et de Buffalo Bill le Cow Boy, tueur de bisons tous disparu du Far West. 

Aujourd'hui, Il ne reste que les visages pales et les tuniques bleues au pays du far West, et chemin faisant, je me retrouve dans un autre monde, celui du rêve américain, du fantastique et des grattes -ciel à perte de vue. Errant comme un étourdi la tête renversée vers ces tours démesurées, Je fus légèrement bousculé par l'épaule par un passant pressé qui faisait du jogging le matin et qui m'était rentré dedans par mégarde du fait que nous avions tous les deux l'esprit ailleurs et au moment où je voulais m'excuser auprès de la personne et par un pur hasard je me retrouve nez à nez avec monsieur Ban dit « nuage jaune », le secrétaire général du machin ; tiens ! Je lui dis, Monsieur le SG, c'est vous ? Quelle joie de vous croiser cher sauveur ! Voila je me présente je m'appelle Adel ! Je vous cherchais justement face de bonheur ! Je viens de très loin des fins confins d'une réserve oubliée attachée à l'Afrique pour vous parler au nom de mes concitoyens toujours attachés au totem de la mort. Nuage Jaune acquiesça de la tête avec un sourire sympathique à la manière asiatique en disant oui de la tête. Et qu'est ce qu'il y a Adel ? Me dit-il. Je lui ai dis voilà, l'autre fois vous avez discuté au sein du machin pour abolir la peine de mort à travers le monde et c'est presque déjà fait, que Dieu vous donne la santé. Vous avez également décidé d'abolir les frontières entre les peuples libres et c'est tout à fait appliqué ! Bravo pour les hommes ! Vous avez crée des tribunaux internationaux pour punir les tyrans de la planète. C'est presque fait et c'est très bien, en attendant… ! 

Mais voilà toutes ces réunions mondaines et ces délibérations judicieuses au sein du machin sont destinées et appliquées uniquement dans un seul sens, rien que pour les roumis de l'Europe, et nous les exclus, qu'est ce qu'on devient dans tout cela Mr Ban ? Nous sommes au bord du grand canyon. Au contraire on verrouille les frontières occidentales en coupant la liberté de circulation entre les peuples avec des mesures restrictives et punitives contre des personnes qui sollicitent simplement une assistance humaine pour vivre en paix dans la dignité. Et la mondialisation, que devient-elle dans tout ça ? Du vent ! Rien que des slogans racistes intolérants. Il me répondit, « koul outla fiha kheir ! » (Tout retard a ses bienfaits) votre tour viendra inchallah, dans un parfait arabe avec un accent asiatique, répondit-il à la manière d'un « Smasri » (courtier) marchandant dans le marché de vente de voitures d'occasions à Mesra. Et pourtant je me rappelle bien que lors de votre dernière session du temps de H'ninou, dit œil de perdrix votre prédécesseur, vous vous êtes concertés tous sous le grand tipi pour voté des résolutions applicables pour tout le monde, yek ? Et puis le monde est vaste et appartient à tout le monde, yek ? Et ces frontières érigées ce n est qu'une bêtise humaine et que l'homme est né libre comme les bisons sur terre, yek ? Alors pourquoi cette méchanceté et cette indifférence affichée à l'égard des arabes et des noirs. Craignez Dieu! Pourquoi toutes ces disparités ? Les arabes ont déterrés la hache de guerre et se sont parés de leurs plus belles plumes à cause de la hogra et les totems ont été peints aux couleurs de la révolte et les esprits sont sur le sentier de la guerre. Les visages pales de l'occident ont la langue fourchue comme celle de leurs vieilles squaws. C'est des vraies têtes de mules. Nous voulons profiter de la vie pleinement comme vous ! Et les Harraga, ces pauvres misérables qui montent à l'assaut de vos frontières tueuses, des braves gens qui n'ont plus rien à perdre, alors autant affronter le danger et se sauver ou périr. Victor Hugo doit se retourner dans sa tombe en voyant cette hogra à l'égard de ces misérables. Est ce que ce n'est pas assez ! 

Dites-moi, Mr Ban ? Faites quelque chose pour ces peuples abandonnés à leur sort. Vous êtes redevable de quelque chose envers ces laisser pour compte et l'histoire se réveillera un jour. Votre organisation a perdu de sa crédibilité, il faut rétablir l'équilibre entre nos civilisations pour le bien-être de l'humanité et après ont fumera ensemble le calumet de la paix. Vous savez, nous avons envie de goûter et de vivre comme vous autres et profiter du même confort que le votre, avoir un travail stable, une maison, voyager, pourquoi pas une voiture du moment que nous avons beaucoup de pétrole, aller au cinéma, manger dans un restaurant au moins une fois par mois, flâner avec mon épouse et mes enfants la nuit sans avoir peur d'être agressé, passer des vacances au bord de la mer. Es ce que vous m'écoutez monsieur Ban ? et que Dieu augmente votre fortune ! 

Mr Ban eu un petit sourire appuyé d'un signe de tête qui voulait insinuer que je vous ai compris à la manière du général de Gaulle. Joignant sa gentillesse à la parole, il posa son bras amicalement sur mon épaule et m'invita à faire quelques pas avec lui. « Vois-tu, me dit-il, Adel ! », ce n'est pas encore l'heure, pour ta feuille de route. Il ne faut pas trop rêver. « Travaillez et prenez de la peine c'est la croissance qui manque le plus ! » réveillez-vous et retroussez-vous les manches, bande de fainéants….et arrêter de faire la manche quotidiennement devant les portes de l'administration pour quémander l'argent public. 

C'est quoi la croissance monsieur Bandung... pardon monsieur Ban ? Ça c'est un autre sujet un peu compliqué à expliquer par la parole, me répondit nuage jaune. 

Hamala tafrete-fina ? »! C'est quoi « tafrete-fina ? » Me chuchota-t-il doucement à l'oreille. C'est de l'excroissance mal placée, là ou je ne vous dirai pas monsieur ! Je lui répondis. 

C'est ça, continuez comme ça, vous êtes sur la bonne voie, me répondit nuage jaune en me tapotant à l'épaule. 

Brusquement la discussion avec monsieur Ban fut interrompue par une main qui me secouait: en ouvrant les yeux, ma femme était penchée sur moi et me disait ; réveille-toi et lève-toi ! La citerne d'eau est devant la porte, va remplir les jerricans, il n'y a plus d'eau potable, le machin est a sec... 
 
 
 
 
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04/12/2014
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