BOITA OU KILOU
Les vagues souvenirs qui reviennent réveiller en moi ces moments de disettes, me rappellent les épiciers du coin de notre quartier de
Marki fel carni ! (marquez-les sur le carnet !), je criais ainsi à l'oreille de notre épicier attitré, qui s'exécutait en sortant un petit carnet à ressort pour ajouter au report le nouveau montant à payer.
Un paquet de café, Nizière ou Gégé bien conditionné et bien empaqueté dans un bel emballage et qui sentait le véritable arome de
Un
Du bon sucre aux variétés diverses. Sucre en poudre ou sucre en morceau St Louis, utilisé pour les grandes occasions, du sucre roux pour saupoudrer les crêpes, Baghrirs et Rfis, et le sucre en forme d'obus utilisé pour le thé.
Le noir et le blanc marchent et se mélangent ensemble, deux ingrédients qui s'épousent dans une tasse pour former un breuvage considéré comme tonique.
Ces deux produits de consommation courante étaient très prisés dans les ménages à cette époque. Le café était servi rarement le matin aux enfants qui devaient se contenter d'un morceau de pain saupoudré de sucre ou arrosé de lait Nestlé.
L'après-midi, le café noir était servi uniquement aux adultes. Les enfants avaient droit à une barre de chocolat ou autre chose avec un morceau de pain.
La préparation du café était un rituel à ne pas manquer. Les grains de café étaient d'abord torréfiés dans un Tadjine sur des braises avant d'être pulvérisés et moulus à l'aide du Mehrez (pilon) ou du moulin à café manuel, puis mis a l'abri dans une boite bien fermée pour qu'il garde bien son arome.
L'après-midi au milieu de la cour, le réchaud ou le fourneau à pétrole brûle avec une cafetière bouillonnante dessus dégageant un arome enivrant dans les airs envahissant ainsi tout le voisinage de cette senteur de
Il faut savoir aussi qu'El Qahwa était servie dans les moments de grandes rencontres familiales. Cette infusion était le symbole du repos et de la détente après les moments de grande fatigue du travailleur qui aspire à des instants de sérénité en compagnie d'un Fendjel (tasse) de bon café noir accompagné d'une cigarette bastos pour ce remettre les idées et la tête en place.
On pouvait aussi sirotait calmement du bon Kaoua (Taa El-Bekredj) au café maure de l'époque, chez Kahouete Mabani, Mokrane, Mekrez, Bourouina, Khaoui…etc.
Boita ou Kilou représentaient également un présent que l'on offre dans les occasions de fêtes de mariage ou en cas de décès d'une personne en guise de soutien et d'aide.
Boita ou Kilou c'est une époque que l'on regrette aujourd'hui beaucoup parce qu'elle symbolise
Par Adel