LASNAMIA

Collegue- Le Quotidien d'Oran du 22/11/20

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Collègue

 

par Hamid Dahmani

 
Lorsque je suis confronté à des obstacles de la vie quotidienne, qui sont généralement d'ordre réglementaire ou bureaucratique, j'appelle mon copain à la rescousse pour solliciter ses interventions très efficaces sur le terrain. Mon copain est très serviable et disposé à tout moment à m'aider, lorsque j'ai besoin de lui et quand je lui demande de me sortir des griffes de l'arrogance bureaucratique. « Sahbi » est une bouée de sauvetage pour moi, il connaît presque tout le monde et a des appuis, des connaissances et des relations directes et indirectes avec beaucoup de gens. Mon copain est un type bien, qui se débrouille très bien dans cette vie confuse. Là où il se présente, il exhibe sa patte blanche qui lui ouvre toutes les portes sans aucune formalité réglementaire restrictive. Je l'avoue, je suis très chanceux, car j'ai beaucoup de baraka avec lui quand il intervient pour moi dans les moments où je suis pris à la gorge par des excès de zèle commis par des commis de l'Etat. Mon copain est toujours là à mes côtés pour me rendre service à n'importe quel niveau et n'importe quel moment. Moi et mon ami, on est comme des frères, on s'est rencontrés par un concours de circonstances. Chacun de nous travaille dans une boîte différente du secteur public. Lui bosse dans une entreprise « gadra » (solide) du pays, moi par contre dans une boîte « m'deguedga » (dévastée) où il ni y a rien à gratter. Tous les deux on est de bons copains et on ne se refuse rien entre nous. « Rabi ikhalih ! » (que Dieu le garde). Il faut dire que mon camarade a les coudées franches, et là où il intervient pour moi ou quelqu'un d'autre, c'est dans la poche. Il sait profiter de la vie et des occasions qui se présentent. Il est doué pour sortir quelqu'un du pétrin, il est très astucieux et un fin parleur. Son mot clé est « collègue ou zamil ! » Il a un don inouï pour agir et régler les problèmes de ses amis, ses copains, ses cousins, ses voisins, même si, c'est un passe-droit. Il suffit qu'il chuchote en aparté à l'oreille de quelqu'un d'important le mot « collègue », ou qu'il donne un coup de téléphone aux amis en se faisant connaître comme un « zamil », pour que tout se règle comme par enchantement. Toutes les portes s'ouvrent là où il frappe.

C'est ça les vrais copains. Quand je le remercie, il me répond à chaque fois par cette citation significative « un pour tous, tous pour un ». Quand je suis convoqué pour une affaire ou pour un problème de papiers ou pour une contravention que je mérite, je l'appelle et il vole à mon secours comme un superman pour effacer mes ennuis. Vous ne pouvez pas savoir la chance que j'ai, grâce au soutien de mon « zamil » sur le terrain. C'est vrai que c'est un grand réconfort d'avoir des amis bien placés qui vous protègent de l'injustice administrative. D'ailleurs, le mot « collègue » résonne toujours positivement à l'oreille et ça donne du tonus à la voix quand on le dégaine n' importe où…


22/11/2020
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