LASNAMIA

Entretien avec Mohamed Hadar, ancien surveillant général du lycée As-Salam :

        

Le Chelif numéro 109

du 6 au 12 janvier 2016

entretien MohaMed Hadar, ancien surveillant général du lycée as-salam :

 

«J'accomplissais ce que

j'estimais être mon devoir,

sans discrimination aucune»

 

Mohamed Hadar est né le 13 décembre 1945 à Bordj Bounaama et, comme son nom l'indique, ses origines familiales remontent aux

"H'dar" connus des milieux citadins des anciennes contrées asnamies. Ayant entamé ses études primaires à l'école Carrière de la Cas-bah d'Alger, Mohamed a dû interrompre sa scolarité en 1956, à la suite de la grève des étudiants, pour la poursuivre à l'école primaire de Bordj Bounaama.

Par la suite, alors résidant au quartier BoccaSahnoun d'El-Asnam (aujourd'hui Hai Salam - Chlef), il accède au collège mixte d'Orléansville, le 1er octobre 1958, après avoir subi une série de 12 examens proba-toires d'accès en 6ème où il était exigé des Algériens l'obtention d'au moins 10 exa-mens sur les 12 programmés alors que pour les Français la passation de 6 tests suffisait. Le 5 janvier 1959, le collège mixte est transféré au nouveau lycée mixte As-Salam d'Orléansville dont le proviseur, M. Fabiani, est l'ancien principal promu du collège mixte.

Et c'est ainsi que le jeune Mohamed s'est retrouvé dans cet établissement à l'encadre-ment totalement français où il poursuivit avec assiduité ses études secondaires jusqu'au-delà de l'indépendance, obtenant son BEPC puis son baccalauréat, option Maths, en 1965. De 1964 à 1965, Mohamed est maitre d'internat au lycée As-Salam d'El Asnam avant d'être désigné dans la même fonction au lycée Amara Rachid d'Alger pour être finalement nommé en 1967 sur-veillant général au lycée As-Salam d'El Asnam.

A ce jour, nombreux sont, parmi les anciens élèves de ce mythique lycée As-Salam qui se souviennent encore de l'atmosphère sérieuse qui y régnait et reconnaissent que grâce à la légendaire sévérité de "Maitre Hadar", beaucoup d'entre eux ont pu fait preuve d'un comportement d'assiduité et de discipline exemplaire dans leurs cours qui les a finalement conduits droit à la réussite dans leurs études supérieures en leur ouvrant de bonnes perspectives de carrières socioprofessionnelles. Cet établissement, si cher à tant de lycéennes et lycéens du Chélif et d'ailleurs, dût fermer un jour ses portes et, ironie du sort, la fermeture du lycée As-Salam, coïncida avec le départ de Mohamed Hadar qui

fut nommé directeur d'un CEM à Hai El Houria (ex La Ferme) le 5 octobre 1976, puis d'un autre CEM à Chettia. Après le séisme de 1980, ce fut le transfert au lieudit "Le Tiercé", et le 13 janvier 1982 marqua l'inauguration du nouveau lycée As-Salam à Chettia, une date mémorable pour l'ex-surveillant général qui coïncida avec la date de naissance de son fils Nabil. En fin de carrière, M. Mohamed Hadar fut désigné chef de service de paie à la direction de l'Éducation de Chlef avant de partir en retraite en décembre 2006. L'ancien maitre-éducateur Mohamed Hadar nous a confié qu'un jour, lors des grands chantiers de l'après séisme d'El Asnam en 1980, il fut particulièrement consterné de voir un ex-élève du prestigieux lycée As-Salam travailler comme manœuvre, esti-mant en son for intérieur devant ce déplorable état de fait, qu'il avait échoué dans sa mission d'éducateur. Ce qui té-moigne, assurément, du degré de conscience et de responsabilité aigues ca-ractérisant cet éducateur absolument hors pair, comme il en existe rarement et dont toute une ville, toute une wilaya et ses ré-gions limitrophes, en gardent un souvenir indélébile, liant étroitement son nom à l'his-toire du lycée As-Salam : cet établissement qui, par un étrange concours de circons-tances, vit l'ouverture de ses portes au cen-tre-ville d'El Asnam et leur fermeture, coïncider avec la venue et le départ de M. Hadar.

Le Chélif : M. Mohamed Hadar, parlez-nous de votre nomination de sur-

veillant général au lycée As-Salam ?

Mohamed Hadar : J'ai été nommé exacte-ment le 18 novembre 1967 en tant que sur-veillant général au lycée As-Salam où j'avais auparavant entamé ma carrière

d'éducateur, j'ai renoué en quelque sorte avec cet établissement d'enseignement se-condaire auquel ma carrière professionnelle s'est trouvée étroitement liée. Ce lycée construit, pour rappel, en préfabriqué et semi-dur à la suite du tremblement de terre de 1954 d'Orléansville a été inauguré le 5 janvier 1959 et s'est distingué au fil des ans par les performances remarquables de ses élèves qui, il faut le souligner, étaient enca-drés par un personnel pédagogique et édu-catif hautement compétent. A tel point que le lycée As-Salam était cité en exemple au niveau national, auréolé par une certaine ré-putation compétitive au plan des études et de son impressionnante infrastructure per-mettant une capacité d'accueil regroupant des élèves originaires d'El Asnam, de l'Ouarsenis, Mazouna, Relizane, AïnDefla, Cherchell, Tipaza, Teniet El Had, etc., si bien qu'il était surnommé "Le Géant". L'au-tre lycée d'annexe, en l'occurrence El Kha-warizmi, ne cessait de prendre de l'ampleur, lui également, à tel point que, durant la période 1972, il dut alléger son effectif avec le transfert de petites classes au nouveau collège Les Vergers, accueillant les élèves de la zone Ouest d'El Asnam, et au nouveau collège à proximité de la gare, accueillant les élèves de la zone Est de la région. El Khawarizmi devint autonome et, en 1974, le lycée As-Salam, procéda à son tour à l'allègement de son effectif en transférant des classes au niveau du nouveau lycée de la route d'Oran. Parallèlement, l'institut islamique devint "lycée" par décision offi-cielle et par la suite, le lycée As-Salam fut transféré, en 1976, dans les locaux de l'établissement qui sera baptisé ultérieurement lycée "Djillali Bounaama". Le 5 octobre 1976, je fus nommé directeur d'un collège à Haï El Houria (ex-La Ferme), puis d'un autre à Chettia. Et après le terrible séisme de 1980 qui a ravagé la ville, ce fut le trans-

fert au lieu dit "Le Tiercé". Par la suite, le 13 janvier 1982 marqua la date d'inauguration du nouveau lycée As-Salam à Chettia. A ce propos, je me souviens qu'après le tremblement de terre d'El Asnam, à l'occasion d'une visite au camp de toile de l'ancien secrétaire général du Parti Socialiste français, M. François Mitterrand, accompagné par le défunt colonel Ghezeil, celui qui allait être élu à la tête de la République Française, entendant le retentissement d'une sonnette que j'avais prise des anciens locaux sco-laires détruits et placée dans l'établissement de fortune en plein air, déclara : "La son-nette, c'est le symbole de l'école". Et il se rendit compte que l'école fonctionnait bel et bien, malgré le manque de commodités, ce qui l'impressionna favorablement. Cela témoignait ni plus ni moins que la farouche volonté de la famille éducative de Chlef de relever le défi de la continuité de la vie et d'aller toujours de l'avant en pansant les plaies et en cultivant l'espoir de reconstruction et d'évolution en tournant résolument le dos aux tourments du désespoir et de l'abandon à la fatalité du sort.

Vous rappelez-vous de quelques noms des proviseurs, censeurs, adjoints d'éducation et professeurs qui se sont succédé au lycée As-Salam du temps où vous étiez à la surveillance générale ? Sachez que le lycée As-Salam a eu comme premier proviseur M. Foufa dont je me sou-viens très bien étant alors en son temps, en classe de seconde, tandis que le censeur c'était M. Messikh qui, quelque temps après sa mutation à Annaba, devint maire de cette ville. A l'entame de ma fonction de surveillant général, l'encadrement administratif et éducatif était assuré par le proviseur, M. Hakmi, et le censeur, M. Benmoussat.

 

 

Suite....

 

Comme je me souviens du proviseur Bensa-lam du lycée El Khawarizmi qui était une an-nexe du lycée As-Salam, des proviseurs Benmoulay, Belghoul, Saidi Medjadj Moha-med, des censeurs Ferroukhi Nouredine, Benhaliliba Mohamed, DjillaliSaieh Henni. Parmi les adjoints d'éducation qui me secon-daient, je peux citer MM. BensounaNoure-dinne, Benbouali Ali, Bengueda Ahmed, Zitouni Tarik, BenmeriemAraibiDjillali, Ali Torki, etc., sans omettre MM. les surveillants généraux d'internat Fellous, Aït Hamouda, Adala, etc. Comme je me rappelle quelques noms d'enseignants durant ma période d'exercice, à savoir MM. Latreche, Saidi Mohamed Medjadji, professeurs d'arabe, Kerouchi, prof de philosophie, KouadriMos-tafai Bouali, prof de français, Klouche, prof de mathématiques, Achit Henni, professeur d'histoire, des professeurs d'éducation phy-sique Belmokhtar, Medadi, Sehailia, Zairi,

Nani, Litt, etc., tous ces professeurs cités étant de la localité d'El Asnam. Des coopérants étrangers, je me souviens du professeur d'arabe l'égyptien M. Noceir, tandis que des occidentaux il y avait Mme Des-solier, professeur d'Anglais, MM. Breban, professeur de physique qui était gardien de buts de l'ASO, Moulis, professeur de mathé-matiques et qui était le chef du syndicat des enseignants coopérants, Jover, professeur de mathématiques qui était aussi prêtre et qui a obtenu le BEM en langue arabe, Clary, prof de philo, Texier, prof de français, Poupon, prof de géographie, Moreau, prof de physique, Gaudin, prof d'anglais, M. et Mme Norette et M. et Mme Lavarec, professeurs de sciences naturelles… Qu'on m'excuse, mais je ne me souviens plus des innombra-bles noms d'encadreurs, d'enseignants, d'éducateurs ni même des élèves, que ceux que j'ai oublié de citer me pardonnent ces omissions involontaires dues à l'âge et que Dieu accueille en son vaste paradis tous ceux qui nous ont quittés.

M. Hadar, pouvez-vous nous plonger dans l'atmosphère de l'époque en rela-tant aux lecteurs une journée de travail au lycée As-Salam, un conseil de classe, etc. ?

Nous étions tenus, en tant qu'éducateurs, d'assurer un bon climat d'études fait de sérénité et de sérieux, ce qui n'était guère facile avec un effectif qui atteignait approximativement les 1 500 élèves et les 600 internes. D'une manière générale, le programme d'une journée de travail se présentait comme suit : à 6h30, réveil des internes. De 6h45 à 7h15, études. De 7h15 à 7h45, petit déjeuner et de 8h à 12h cours en classes. De 12h à 12h 30, déjeuner et de 12h 30 à 13h 15, récréation. De 13h 15 à 13h 45 études et de 14h à 17h cours en classes. A16h, le goûter et libre temps pour les élèves qui n'ont pas cours. De 17h à 19h, études et de 19h à 19h 30, dîner. De 19h 30 à 20h récréation, de 20h à 21h études et à 21h dortoir. Permettez-moi de si-gnaler que l'infirmerie était fonctionnelle H 24. Pour ce qui concerne les études, nous soutenions les élèves en les organisant par niveaux, on fournissait alors des explications à ceux qui avaient des difficultés notamment en maths. En fin de séance, le travail accom-pli était contrôlé et ceux qui n'avaient rien fait étaient sanctionnés. A ce propos, la me-sure de consigne qui s'appliquait aux ex-ternes fut d'une grande utilité pour beaucoup d'élèves qui profitèrent, d'ailleurs de la disponibilité à la bibliothèque de l'établissement de riches ouvrages en diverse disciplines pour les consulter.

Pour ce qui a trait au conseil de classe, comme de coutume, chaque professeur livrait son appréciation sur tel et tel élève. Pour notre part c'était, bien entendu, le com-portement disciplinaire qui était pris en considération. Pour rappel, la moyenne entre 8 et 9 ,99 permettait à l'élève de redoubler, alors qu'une note en dessous de 8 signifiait l'exclusion, si des circonstances atténuantes ne plaidaient pas en sa faveur. Entre 10 et 12, c'était l'appréciation "Neutre" ; entre 12 et 14, c'était l'obtention du tableau d'honneur

s'il n'y avait pas opposition ; entre 14 et 15, c'était les Encouragements et, au-dessus de 15, c'était les Félicitations. Et il arrivait que deux ou plusieurs professeurs ne s'accordent pas sur la gratification ou sanction à accorder à tel méritant ou tel déméritant, à l'issue de l'examen au peigne fin de leurs résultats de fin de trimestre, c'était alors le facteur disciplinaire qui entrait en ligne de compte et qui pouvait être déterminant au finish. C'est ainsi, qu'en maintes circonstances, des élèves avaient été à deux doigts de l'exclusion pour motif de compor-tement indiscipliné mais je m'étais opposé aux professeurs qui se prononçaient pour, ar-guant du fait qu'ils ne m'avaient présenté aucun rapport à ce propos. En tant que premier responsable chargé du maintien et respect de l'ordre disciplinaire dans l'établissement, l'instance du conseil de classe prenait en considération mes interventions et c'est ainsi que nombre d'élèves ont été sauvés du renvoi et qui, Dieu merci, ont pu donner, par la suite, la preuve de leurs ap-titudes satisfaisantes.

Vous passiez pourtant pour un impo-sant surveillant général réputé par sa sévérité…

Vous savez, cette réputation de sévérité je l'ai acquise malgré moi, du temps où j'étais mai-tre d'internat au lycée Amara Rachid à Alger. Que le lecteur m'excuse, mais je m'abstiens d'évoquer ce qui s'est passé un jour, à l'issue de l'assistance à un match de football oppo-sant l'ASO à la JSEB El Biar. Tout ce que je peux dire, c'est qu'on ne circule pas en scooter avec une immatriculation "J" d'El Asnam au milieu de Ben Aknoun et d'El Biar après avoir assisté à un match houleux si on ne sait pas se faire respecter. Et l'écho de mon attitude n'admettant pas qu'on me marchât im-punément sur les pieds a vite fait d'être répercuté dans l'établissement Amara Rachid où je contribuai à assurer le maintien de la discipline où certains élèves perturbateurs des classes terminales se comportaient comme ils l'entendaient, gênant considéra-blement les cours de leurs camarades. No-tamment un de leurs leaders qui menait la vie dure aux maitres d'internat, particulièrement à l'un d'eux de constitution frêle et de tem-pérament assez délicat et qu'il finit par lâche-ment agresser d'ailleurs. Cet acte répréhensible qui menaçait de semer la dé-bandade et le laisser-aller parmi les scolari-sés -surtout que cet énergumène promettait qu'il me ferait subir le même sort-, il fallait absolument ne pas le laisser impuni ni laisser pareille insolence contribuer à semer la pa-gaille. C'est ainsi que cet énergumène, à l'oc-casion d'un comportement outrageux, fournit lui-même l'opportunité pour être corrigé, afin de lui apprendre les bonnes manières et comment il devrait se comporter dorénavant avec les grandes personnes et plus particu-lièrement avec ses éducateurs et formateurs. Dieu merci, par la suite la discipline se réin-staura de façon parfaite, à la grande satisfac-tion, il faut le souligner, des élèves studieux et du corps administratif et enseignant. Quelque temps après, à l'issue de la nomination d'un surveillant général au lycée As-

Salam d'El Asnam qui était arrivé et reparti le jour même de son arrivée, révulsé par l'atmosphère disciplinaire régnante, on me dé-signa à ce poste, compte tenu, vraisemblablement, du maintien d'un bon climat disciplinaire favorisant les études et le bon déroulement des choses que j'étais sensé assurer. Et c'est précédé de cette expé-rience, bien malgré moi, d'élément au tem-pérament sévère acquis par la force des choses que je débarquai un jour au lycée As-Salam. Ma première tâche avait été de faire une inspection générale des lieux et des effectifs, accompagné par le défunt Nouredi-neBensouna qui me fut d'une grande aide, en m'indiquant notamment des points importants auxquels il fallait prêter attention sa-chant que l'indiscipline d'alors était effectivement révulsante.

C'est ainsi, qu'avec le concours des adjoints d'éducation, j'ai appliqué une stratégie consistant à repérer les leaders des groupus-cules perturbateurs pour ensuite les maitriser et partant les sensibiliser sur la nécessité de contribuer au maintien de l'ordre disciplinaire indispensable à un climat sain favorable à la poursuite des études au profit de tous les jeunes quémandeurs de savoirs que nous ont confiés leurs parents. Une mission que nous avons pu mener à bien par la suite, en assurant la discipline néces-saire à tous les niveaux, si bien qu'en effec-tuant ma tournée d'inspection habituelle, on n'entendait pas le bruit d'une mouche dans les quatre cours attenantes du lycée. La sé-vérité me servait bien dans ces circonstances et laissez-moi vous dire qu'en tant qu'éduca-teur, j'ai maintes fois assisté bénévolement avec mes collaborateurs, nombre d'élèves dans leurs devoirs et cours de mathéma-tiques, soucieux de leur réussite et du pres-tige du lycée As-Salam qui a été à la base de la réussite de plusieurs grands noms des ca-dres supérieurs de la nation et autres dont certains exercent, aujourd'hui, au niveau in-ternational même. Cela, beaucoup le savent très bien !

On rapporte à propos de votre fameux rigorisme disciplinaire que vous ne vous montriez jamais complaisant ni avec les élèves ni avec les professeurs, non plus ?

J'accomplissais ce que j'estimais être mon devoir, sans discrimination aucune, voilà tout ! J'avais deux carnets en permanence sur moi, l'un de couleur rouge réservé aux noti-fications d'absences et retards des profes-seurs, l'autre noir, réservé aux mentions ayant trait aux élèves. Pour la petite histoire, sachez qu'une professeure de français, en l'occurrence Mme Brogère, que j'avais signa-lée à la tutelle administrative pour absence, m'avait stigmatisé dans un rapport qu'elle a envoyé à son ambassade, me promettant des ennuis professionnels pour avoir refusé de laisser tomber la mention de son absence. M. Moulis, représentant syndical, était intervenu pour dissuader la coopérante française de re-noncer au rapport mais en vain. De mon côté, la direction de l'Éducation, avec alors à sa tête M. Ourad, m'avait proposé de re-noncer à la signalisation de l'absence de l'en-

seignante mais je restai inflexible. Je me sou-viens qu'ayant été convoqué à une réunion extraordinaire en même temps que Mme Brogère, je me suis retrouvé face à deux émissaires français et des délégués algériens. Après la lecture de la version de Mme Bro-gère, on me permit de donner ma version des faits. Ayant alors demandé l'autorisation de poser une question à Mme Brogère, je de-mandai à cette dernière si le jour de son ab-sence, elle était partie assister à la messe de recueillement à la mémoire de M. Laget, propriétaire de la grandiose librairie Le Pro-grès. La dame ayant répondu par l'affirma-tive, je déclarai alors devant l'auditoire du secteur pédagogique constitué en une sorte de jury, comment l'absente ce jour-là, s'était-t-elle permise de signer la planche de pré-sence et de remplir le cahier de textes alors qu'elle était sortie pour prendre part à la cé-rémonie de funérailles … L'enseignante de-vint toute confuse, et les membres français de la commission arbitrale me demandèrent des excuses, M. Moulis intervint pour dédra-matiser vite l'affaire tandis que les représen-tants de la tutelle nationale algérienne me félicitèrent de leur côté pour mon travail ap-pliqué. La dame fut dès le lendemain remer-ciée et mutée en France par mesure disciplinaire !

Gardez-vous en mémoire le souvenir d'un enseignant particulier, d'un fait à nous faire part ?

Le problème, comme je vous l'ai dit au début, c'est qu'avec l'âge, j'ai oublié beau-coup de choses mais, parmi les enseignants particuliers, je me rappelle quand même du défunt M. Jover, professeur de mathéma-tiques bénévole qui était prêtre, titulaire du BEM en langue arabe et qui était aussi en-traîneur-joueur de volley-ball, c'est une per-sonnalité remarquable, fort modeste et très serviable. Je me souviens qu'en 1968, lorsque le censeur Benmoussat a été désigné comme proviseur au lycée Ferroukhi de Mi-liana, le proviseur de notre lycée As-Salam M. Hakmi me somma alors, en l'absence d'un directeur d'études, de me débrouiller pour qu'à la rentrée des vacances d'été, l'em-ploi du temps des classes de l'établissement soit fin prêt. Tout m'a été remis en matière de documentations nécessaires, l'essentiel étant que tout soit opérationnel dès septem-bre. L'ex-censeur, M. Benmoussat, m'in-forma qu'il a lui également fort à faire avec la préparation de l'emploi du temps de son nouveau lycée d'affectation me confiant que celui qui terminera le dernier la besogne paiera un repas à l'autre. Je me suis mis à la tâche en tentant tant bien que mal à avancer dans l'ouvrage et c'est alors que vint M. Jover qui résolut de me prêter assistance, œuvrant avec moi durant presque toutes les vacances d'été si bien qu'au jour J de la ren-trée notre emploi du temps était prêt… avant celui du nouveau proviseur du lycée Ferrou-khi de Miliana et ex-censeur d'As-Salam, M. Benmoussat, qui, surpris par notre perfor-mance, nous paya de bon cœur un savoureux repas.

 

 

Entretien réalisé par Mohamed Ghriss A suivre

 

 

 

 



10/01/2016
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