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On les appelle Ouled Djeha. Le Chélif du 31/03/21

Le Chélif du 31/03/21

 

Terroir.

 

On les appelle Ouled Djeha.

 

Par Hamid Dahmani

 

Un jour passé, le voisin de notre ami Djeha, est venu frapper a la porte de ce dernier : «Bonjour, cher voisin, comment vas-tu ?», lui dit-il aimablement ce dernier avec le sourire large comme une banane sur le visage. «Je vais bien, quand tu ne viens pas frapper à ma porte !», lui répond Djeha avec un sourire pesant. «Voilà, je suis venu encore une fois abuser de ta gentillesse cher voisin pour t’emprunter ton «h’bel», ta corde à linge, que tu m’as prêtée la dernière fois, parce que je viens de laver mon linge sale et je n’ai pas de corde pour le faire sécher ; aussi, je te prie de m’excuser pour ce dérangement et c’est promis, je te la rendrai après comme d’habitude». Djeha, silencieux et impassible, qui s’était levé du mauvais pied ce matin-là, lui répond : «Je suis désolé mon ami, mais je viens tout juste à l’instant d’étendre sur la corde des «m’hamssa» (petits plombs, pâtes alimentaires) dessus. Le voisin, avec le regard étonné, lui dit : «Tu te moque de moi, ou quoi, Djeha ?», je n’ai jamais vu quelqu’un «yenchar» (étendre) des petits plombs (pâtes alimentaires) sur une corde à linge. «Hé bien si, mon ami, moi, je le fais très souvent quand je veux envoyer quelqu’un sur les roses. Et puis d’abord, comment veux tu, qu’on réponde à quelqu’un comme toi, lorsque l’on n’a pas envie de lui prêter ses objets». Le voisin dépité fit demi-tour et rentre chez lui bredouille en murmurant entre les dents des mots pas très tendres envers Djeha… Les gens ne sont pas très prêteurs et les demandeurs sont des enquiquinants qui n’ont aucune retenue. On dit dans un proverbe : «Qui prête à un ami, perd à la fois l’argent et l’ami». Dans la vie passée, Djeha était pareil à un «renard», très rusé et très intelligent, en face de ses interlocuteurs qui ne faisait pas le poids devant lui quand il voulait les rouler subtilement. Aujourd’hui, les descendants authentiques de Djeha n’ont pas failli à la règle et à sa réputation, «yekhedmou khadmet bliss» (ils font ce que fait le diable) en général. Les histoires du terroir relatives à Djeha sont très marrantes, c’est l’éclat de rire garanti quand ont les raconte entre amis. «Guellek khatra» (il était une fois), Djeha qui était le chef d’un village oublié, alors qu’il était assis au milieu d’autres villageois, a promis qu’il allait moderniser son village déguenillé et le rendre pareil à la cité fantastique de Dubaï, après sa reconduction comme chef du village. Les gens qui étaient là sont morts de rire croyant à une blague habituelle de leur représentant qui ne manque pas d’humour. Un autre jour, Djeha, alors qu’il était assis comme a l’accoutumé au milieu d’autres villageois qui regardaient les jeunes du village qui jouaient au ballon, s’exclama haut et fort : «Nous avons beaucoup de capacités dans l’organisation des compétitions internationales, et nous pouvons organiser chez nous ici au village la prochaine coupe du monde». Là aussi, les gens présents ont pété de rire, sachant très bien que Djeha n’avait aucune passion pour le football ni aucune autre ferveur dans la vie. Une autre fois aussi, Djeha, hé bien oui, toujours lui qui n’était pas assis, cette-fois ci, comme les autres fois mais qui restait debout au milieu des villageois devant le dispensaire délabrée du village a dit : «Hamdoulleh (dieu merci), nous avons les meilleurs dispensaires du monde pour soigner les villageois ici dans notre pays». Là aussi, les habitués des blagues de Djeha ne se privèrent pas de se tordre de rire, sachant très bien que les dispensaires du village sont des lieux de soins politiques qui ne guériront jamais définitivement les pauvres villageois de cette épidémie mensongère de l’autorité…

 

Jour 2] Djeha-Hodja Nasreddin (Joha)

 H. D.



31/03/2021
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