LASNAMIA

Capturer un lion dans la jungle urbaine-Le Quotidien d'Oran du 13/10/20

small font medium font large font
Capturer un lion dans la jungle urbaine

 

par Hamid Dahmani

 
Dans un proverbe éthiopien on dit : «le chien reste chien, serait-il élevé par les lions». Le lion est le roi des animaux et le symbole de la force animale. Ce félin sauvage impressionne perpétuellement par sa puissance et sa force étonnante. A ce jour, on compare les hommes téméraires au lion pour leur bravoure à affronter le danger sans crainte. Avoir le courage du lion, c'est s'opposer aux situations les plus périlleuses qui menacent notre survie. Les hommes qui ont le courage du lion sont rares maintenant parce qu'ils ont été matés par les dominateurs et enfermés dans des cages dans la jungle urbaine. Quant aux véritables lions sauvages de l'Atlas qui peuplaient ce territoire, ils ont été tout simplement exterminés par les colons d'autrefois. Tués et empaillés, leurs têtes et leurs peaux font le décor des salons.

Aujourd'hui, les lions sauvages ne rugissent plus dans les monts de l'Atlas comme autrefois. Jadis, pour capturer un lion vivant, il fallait du courage, de la stratégie et de la force pour en venir à bout. Dans cette ambiance féline, il y a une expression populaire ironique qui dit de quelqu'un ou d'un groupe assaillant qui s'en prend ou s'attaque à quelqu'un de plus faible sans aucune raison valable, que cela équivaut à capturer un lion dans le sens péjoratif. «Hekmou sbaa !» (ils ont attrapé un lion) pour signifier que l'acte est mesquin et dévalorisant pour la personne qui l'exécute. «H'kemou sbaa» est un sous-entendu qui désigne l'injustice des puissants qui règnent sur les plus faibles. En réalité ceux qui pensent être des héros pour avoir capturé un lion les yeux fermés, en vérité n'ont attrapé ou agressé qu'un pauvre chat qui vit sa liberté. Capturer un supposé lion, est un clin d'œil et une allusion aux faux braves qui versent dans l'excès de zèle et le tape-à-l'œil pour intimider les oppressés.

Jadis, attraper un lion était un exploit et un acte valeureux des hommes courageux qui méritaient le respect et la reconnaissance des gens pour l'accomplissement d'une telle prouesse héroïque. «Radjel deyer ke sbaa» (un homme avec la carrure d'un lion), c'était hier, lorsque les hommes se mesuraient à mains nues entre eux comme des lions pour le besoin d'un exploit sportif seulement. Dans le présent, on s'attarde sur des faits divers à des fins bien pensées comme si on avait capturé un lion très dangereux pour la population. Quand une information burlesque ou une rumeur tombe au milieu de la rue, les gens répliquent ironiquement à l'info avec cette expression : «gabdhou sbaa !» (ils ont attrapé un lion). On ébruite des événements ou des actes sans importance aucune, comme si on avait capturé un lion menaçant la tranquillité du citoyen. Quand une foule se met à dix sur le dos de quelqu'un qui ne montre aucun danger pour les autres, on soulève aussi cette expression pour indiquer que l'agressé n'est pas un lion sauvage qui fait peur. Les sages ont toujours dit : «mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton»…


13/10/2020
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Photo & Vidéo pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 408 autres membres