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«Ci-git Si Abdeka» Le Quotidien d'Oran le 05 - 07 - 2021

«Ci-git Si Abdeka»
 
 
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 07 - 2021
 
Raina Raikoum


Tous les mortels savent que le cimetière est l'endroit de l'éternel sommeil. « El Maqabra » est un lieu où sont enterrés les morts qui nous ont précédés dans l'au-delà pour se reposer dans un monde meilleur. C'est le lieu du grand silence et de méditation pour les prochains morts qui partiront finalement un de ces jours. Dans un autre sens de connotation, « maqbra » prend un autre sens, mais péjoratif cette fois-ci, pour désigner une personne nonchalante, taciturne, hétérogène et insensible à tout ce qui bouge autour d'elle.
Quand une personne a ces défauts on dit d'elle : « hadhek maqabra » (celui-là est un cimetière), parce qu'on n'attend rien de cet être dépourvu de tout sentiment. Dans cette partie du temps, les cimetières sont devenus ambulants et ils font partie du décor de la vie mortuaire omniprésente. Toutes les « maqabere » se ressemblent et ont un même destin, accueillir des âmes en fin de vie. Les macchabées, décédés de mort naturelle. Les malheureux suicidés. Et même les pseudos vivants qui sont entre la vie et la mort, dans le pays. Tout le monde respecte la mort, mais en réalité personne ne veut faire le chemin avec elle. On ne peut rien tirer d'un cimetière si ce n'est une morale pour les gens consciencieux.
C'est dans le cimetière de « Sidi Abdeka le valeureux », que toute cette atmosphère morose sévit. Des pierres tombales gravées qui désignent ces lieux silencieux. C'est le cas aussi de l'agriculture qui a vu ses terres reconverties en cimetières grâce à la bénédiction de « Sidi Abdeka ». C'est aussi là-bas, dans cet endroit plein de sépultures que reposent les oubliés de la vie, comme les harraga qui se sont noyés dans des mers démontées. Ces jeunes qui représentaient l'avenir du pays et qui ont voulu partir ailleurs à la recherche de on ne sait quoi.
Ci-git l'école victime des décideurs qui n'aiment pas l'intelligence. Ci-git la santé qui a crevé à cause de sa mauvaise santé. Il faut souligner que c'est aussi grâce au guide spirituel « Sidi Abdeka » qui a couvert par sa protection les zombies qui ont sucé notre sang et qui ont prospéré dans cette immense « maqabra » sous le burnous de cet « envoyé des dieux ». Drôle de vie que de vivre dans un cimetière en étant bien vivant. « Fi maqabrete Sidi Abdeka », l'espoir perdu ne reviendra pas de sitôt pour nous faire profiter du bonheur promis. Notre voisin l'indifférent dit « el maqabra », est un narcissique et il n'aime que sa personnalité imbue. Il a l'aspect d'une catacombe quand on le croise dans la rue. Il a un visage serré et les traits d'un ‘trompe la mort'. Dès qu'on le voit, on se dit : « tiens voilà l'maqbra, qui s'amène ! ».



11/07/2021
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