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Des fruits et des envies-Le Quotidien d'Oran du 09/1/23

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Des fruits et des envies

 

par Hamid Dahmani

 
L'autre jour, dans une petite banlieue de la région, une placette était envahie par plusieurs charrettes qui étaient rangées côte à côte sous l'ombre des acacias pour protéger leurs marchandises du soleil tapant. Il y avait plusieurs vendeurs rassemblés avec ces charrettes débordantes de fruits qui proposaient des produits alléchants aux clients. Les prix de vente donnaient le vertige à ceux qui s'aventureraient tout près des étals.

Dans cet espace improvisé en marché au milieu d'un terrain poussiéreux, les quelques badauds curieux qui faisaient les cent pas n'arrivaient pas à se décider et à se lâcher sur ces « fruits interdits » tellement chers. Les gens tournoyaient entre les charrettes pour trouver la bonne affaire. Devant une charrette, il y avait deux ou trois acheteurs qui goûtaient des yeux ces joyaux végétaux rares.

Des fruits mûrs disposés en forme de pyramides, aux couleurs alléchantes. Oranges, mandarines, bananes, fraises, kiwis, pommes et branchettes de dattes…, l'envie du palais était là, mais les moyens manquaient dans le portefeuille. Dans un coin à l'ombre d'un mur était stationnée une petite charrette chargée de beaux fruits qui donnaient l'eau à la bouche. Son propriétaire s'attelait à essuyer ses fruits de la poussière soulevée par les pas perdus, ils les retournaient sur leurs côtés les plus alléchants pour attirer la clientèle. Deux personnes étaient debout devant cet étal et dévoraient des yeux les fruits appétissants avec engouement. Ces acheteurs semblaient être hypnotisés par cette richesse fruitière qui nous parvenait en quantité par bateau depuis les lointaines terres mouillées par les océans, et qui coûtait les yeux de la tête. Les deux compères conversaient avec le rire entre eux et semblaient hésiter à foncer. L'un d'eux, pour s'amuser, n'arrêtait pas de taquiner son ami, lui demandant de lui acheter un kilo de mangue ou de kiwi pour les manger sur place. « Sedak aala rohek a sahbi » ! L'autre lui répondit : « non pas aujourd'hui, mon ami ! Alors quand est-ce que » ? « Hé bien, lorsque tu seras malade et alité à l'hosto ou à la maison, et quand je viendrai te rendre visite pour m'enquérir de ta santé, je t'en achèterai pour l'occasion un kilo, « Bah tebra » ! « Ah, c'est ça l'amitié, hein » ! lui dit-il. Alors, merci, saha khouya ! au moins toi tu ne déroge pas à la règle qui dit : « De son vivant, il avait envie d'une datte, et quand il est mort, on lui a suspendu une branche de dattes ». Dans ces moments de folie des prix des fruits, il ne faut pas écouter le conseil de votre médecin qui vous incite à manger au moins quatre fruits frais par jour, alors qu'ils sont très brûlants, il faut les admirer seulement avec les yeux en attendant des jours meilleurs.


09/01/2023
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