Un beau-fils mélancolique-Le Quotidien d'Oran du 28/10/20
Dans le répertoire proverbial populaire du pays, il y a une expression conjugale qui dit ; « likhdhatou amma, ana rbibou ! », (je suis le beau-fils de celui que ma mère épousera). Une formule qui marque la résignation d'une personne face à un fait accompli supporté contre son gré. Quand les gens sont marginalisés, résignés et pris au dépourvu et qu'ils n'ont plus d'alternative, ils emploient cette sentence incontournable pour se soumettre à leur nouveau sort. Pareillement, lorsque l'on n'est pas content du tout d'une décision de succession ou d'un résultat contrariant, on lâche cette expression avec mépris à son vis-à-vis, « ana rbib likhdhatou amma ! ». Rbib ou le beau-fils, est l'enfant du conjoint issu d'un premier mariage. Le beau-fils, est un être fragile qui a besoin de protection et d'un tuteur. « Rbib», c'est une petite moitié orpheline qui subit en silence l'absence et le manque de chaleur humaine dans son foyer. Dans cette citation le beau-fils n'a pas le libre choix de décider de son avenir, il se plie et se soumet au nouveau maître de céans et affirme se ranger du côté de celui qui épouse sa mère. En réalité la qualité de vie d'un «rbib» dépend du bon-vouloir du conjoint qui le prendra en charge quand il vivra sous le même toit, avec lui, dans sa nouvelle famille. «Rbib», c'est comme un enfant abandonné qui n'a plus de douceur parentale légitime pour s'épanouir comme les autres enfants qui vivent en couple heureux. Les gens dédaigneux et insatisfaits utilisent cette expression pour annoncer leur désintéressement, et montrer leur indifférence à une décision qui ne les enchante guère. Toujours dans le même volet, quand quelqu'un n'a pas le choix entre le meilleur et le pire, il prononce aussi cette réflexion négative «likhdhatou amma, ana rbibou !», façon de dire: le roi est mort, vive le roi !
