LASNAMIA

Éloquence dans le discours politique .( Le Quotidien d' Oran du 25/11/2017)

 
Eloquence dans le discours politique

 

par Hamid Dahmani

 
Du haut de leurs tribunes, les brillants orateurs ont toujours fouillé dans leur intelligence pour trouver la juste expression afin de donner de la résonance à leurs discours. Les intervenants veulent impressionner l'auditoire, et ils se distinguent par la finesse de leurs déclarations lorsqu'ils prennent la parole devant la foule. Et pour s'affirmer, il n'y a pas mieux que la richesse des expressions proverbiales, fables ou citations connues, et qu'on garde jalousement sur le bout de la langue pour épater et donner du ton le moment voulu. Le proverbe c'est comme une charade qu'il faut dénouer pour avoir la réponse. 

Dans notre parler populaire, il y a une belle expression très piquante sur l'âne, qui a été tirée du lexique de la sagesse qui dit : « Nous avons considéré l'âne et lui avons bâti une célébrité, mais ce saligaud a rué, et il est retourné dans sa saleté ». La belle histoire nous apprend que parmi les plus éloquents hommes politiques qui captivaient l'attention populaire jadis dans le pays, on se souvient du défunt président Houari Boumediene et de son charisme légendaire, lorsqu'il s'adressait à la nation dans ses inoubliables discours qui ont subjugué les admirateurs au moment où la révolution socialiste était à son apogée. 

On retient toujours de cette époque de l'excellence, les moments forts des décisions politiques qui ont révolutionné l'histoire de la République algérienne. L'Algérie était un pays avant-gardiste au sein du mouvement des non-alignés et luttait au sein de cet idéal pour l'indépendance et la souveraineté des pays menacés par l'impérialisme et le néo-colonialisme. On se rappelle, il était une fois, lors d'un discours proverbial admirable, le président avait lancé une sentence populaire au sens bien mesuré qui disait : «Kaderna bel h'mar ou dernalou chohra, zâbete welid el h'ram we r'djâ leh'lassou». Une expression dirigée habilement contre une haute personnalité d'un pays voisin devenu soudainement capricieux, qui avait tourné sa veste, et tourné le dos à la fraternité du pays, alors que dans le passé, la république lui avait déroulé le tapis rouge à chacune de ses visites dans le pays. Hier, le discours des patriotes était nationaliste. Il était riche en citations et en verbe mielleux dans le sens de sa phraséologie. 

Chaque mot était bien pesé, bien emballé et expédié illico presto à son destinataire. Chez les gens déloyaux et versatiles, le principe est au gré du temps, on agit selon l'humeur matinale et on décide bêtement de changer de blousons et de trahir la confiance pour des raisons bidon. Aujourd'hui, je suis avec toi, et demain fais gaffe à toi. Le nif (nez) c'était hier où le ridicule ne pardonnait pas. Les gueulards d'aujourd'hui se comportent comme des girouettes et changent au gré du temps et du vent. 

Le principe de la droiture est devenu une marchandise sans valeur qui se vend au plus offrant et au plus puissant. Dans ces moments tristes et ennuyeux, l'âne frotte l'âne. Tandis que l'accent politique fait son carnaval, toutes les valeurs intellectuelles et morales fonctionnent à l'envers. Nos jours se sont assombris, et les expressions proverbiales n'ont aucun effet salvateur sur les nouvelles mœurs qui détruisent à petit feu notre précieux héritage.


25/11/2017
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