Ibn-Rochd, une allée mélancolique-( Le Chelif du 30/04/2014)
Une rue, une histoire.
Ibn Rochd, une allée mélancolique
Parmi toutes les rues de la ville de Chlef, la rue Ibn Rochd est sûrement l'artère la moins agitée, la plus paisible et la plus aimée pour les petites ballades quotidiennes. Une voie à l'écart et épargnée par la bousculade que l'on connaît dans les autres artères du centre-ville. Tout au début de l'histoire coloniale de la ville, cette artère spacieuse, à quelques encablures de l'oued Chélif, s'appelait rue de Rome jusqu'en 1926 où elle est rebaptisée du nom du Docteur Bouteloup. C'est dans cette rue qu'était domiciliée jadis la préfecture, à l'est de la ville et à l'ouest l'hôtel des voyageurs, le jardin public, la cité Saint Reparatus et plusieurs autres bâtiments qui essaimaient ce quartier commercial. Avant 1956, la ville d'Orléansville avait le statut de sous-préfecture et dépendait du département d'Alger. Ce n'est que le 20 juin 1956, à la suite d'un nouveau découpage, que le département d'Orléansville fut créé avec le rattachement de 5 sous-préfectures : Cherchell, Duperré, Miliana, Ténés et Theniet-el-Haad, Après 132 ans de colonisation, l'Algérie est indépendante et souveraine et la ville est réhabilitée dans son nom d'origine El-Asnam. Durant l'époque post indépendance, ce grand boulevard est baptisé du nom du grand philosophe de la civilisation arabo-musulman Ibn Rochd (Averroès), né à Cordoue en Andalousie. Ibn Rochd est l'un des plus grands penseurs que l'humanité a connus. Il était philosophe, théologien, juriste, médecin, mathématicien, écrivain…. La rue est droite et harmonieuse qui porte bien son nom. Bien ombragée, elle est issue d'un plan urbain soigneusement pensé et réfléchi. L'ancien siège de wilaya et la cité Hay Nasr dite "Monoprix" constituaient les deux extrêmes de la rue qui ont été effacés par le dernier tremblement de terre. Aujourd'hui, les natifs trouvent la rue mélancolique, elle a beaucoup changé avec le temps et a perdu de son charme d'antan. L'héritage urbain s'est quelque peu délabré avec les aléas du temps, mais les lieux ravivent toujours la nostalgie dans le cœur de la population. Aujourd'hui, la rue reste agréable du côté-est, elle est peu fréquentée mais continue de vivre son train- train quotidien, dans la discrétion, loin du tumulte de la circulation et des bouillonnements des grands commerces et de la station routière du côté opposé. Les sportifs et les anciens d'El Asnam ont leur adresse dans cette rue : la terrasse du café géré par le sympathique joueur Fedhlaoui qui a fait les beaux jours de l'équipe locale l'ASO par le passé. Ibn Rochd ou Bouteloup, la rue est chargée de souvenirs et de témoignages malgré son apparente quiétude.
H. Dahmani
