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L’enseignement du temps d’Orléansville



Culture : CONFÉRENCE À CHLEF
L’enseignement du temps d’Orléansville


«L'enseignement à Chlef pendant la période coloniale» a été le thème d’une conférence du Dr Aït Saâda Djamhouria. L'événement a eu pour théâtre le musée régional de la cité Aroudj à Chlef.
D'emblée, l'oratrice va se désoler du manque de documentation. Mme Aït Saâda, enseignante au département de français, malgré le peu d'archives qu'elle a pu glaner çà et là, a brossé un tableau de l'enseignement pendant la période allant de 1848 à 1948. «C’est un écueil important au point de vue méthodologique», se plaint-elle. Avant cette période coloniale, c'est un enseignement traditionnel qui officie à l'instruction des habitants de Chlef et qui est étroitement lié à l'activité religieuse. Cette charge revenait aux nombreuses écoles coraniques et aux medersas. Dans les campagnes, c'est un rôle dévolu aux confréries religieuses ou zaouïas. Le programme consistait en une bonne connaissance du saint Coran, de la littérature, du droit, de la théologie et de l'administration pour les élèves destinés à occuper des emplois officiels. Les revenus des biens de ces structures ou habous permettaient le financement de cet enseignement. Les zaouïas les plus célèbres sont Medjadj, Mazouna et Miliana. La colonisation, dès les premières années, participa à l'effondrement de ce système scolaire traditionnel. «Le coup de grâce est donné par l'arrêté du 30 octobre 1848 qui réunit au domaine de l'Etat les immeubles appartenant aux marabouts, zaouïas et à tous les établissements d'enseignement religieux. D'autres causes économiques et politiques de la désagrégation sociale vont ruiner le système d'enseignement traditionnel.» A ce dernier vont succéder les écoles arabo-françaises mises en place à la faveur du décret du 30 septembre 1850 portant rénovation de l'enseignement traditionnel. C'est un projet des responsables des «bureaux arabes» ayant pour arrière-pensée de placer l'enseignement traditionnel sous l'autorité coloniale. Ce but de rapprochement des deux ethnies fut un échec. Entre 1850 et 1870, cinq écoles furent créées (Heumis, Medjadja, Ouled Farès, Talasssa, Bourached). «Une circulaire de 1867 va ouvrir les écoles communales aux enfants musulmans, lesquelles deviennent mixtes et concurrencent l'école arabo-française.» Cet état de fait va mettre à mal les écoles arabo-françaises. Les véritables causes sont à chercher du côté des municipalités qui rechignent à apporter une aide financière aux écoles arabo-françaises. Ces dernières disparaissent, délaissées par l'autorité locale, alors que peu d'enfants musulmans sont acceptés dans les écoles communales. «La politique scolaire à l'égard des musulmans se solde par un échec du fait de cette politique ségrégationniste, mais aussi de la peur d'une déculturation de la part des Algériens eux-mêmes.» Sous le Second Empire, l'instruction avait pour but l'assimilation. La région de Chlef vit l'édification de nombreuses écoles primaires disséminées à travers tous les villages mais on note une très maigre scolarisation des Algériens (12 Algériens en 1875). En 1874, fut créée la première école normale d'institutrices à Miliana. L’enseignement indigène prit son essor en 1883, établissant l'école française destinée à assimiler les jeunes Algériens. Mais c'était sans compter avec l'opposition farouche de la population européenne et de ses élus. Ces derniers effrayèrent les parents musulmans en annonçant que l'obligation de scolarisation s'étendait aux filles. Le véritable enjeu était financier et idéologique, car cette loi obligeait toutes les communes à ouvrir une école. Elle imposait comme dépense obligatoire l'entretien de ces écoles communales et prévoyait un enseignement de l'arabe contrôlé par une épreuve au certificat d'études primaires. Ces mesures furent mal reçues par les élus et peu de communes les appliquèrent. L'enseignement général ne fut prodigué qu'à une élite au service de la France et l'enseignement technique était destiné à servir les besoins des colons. Et au DrAït Saâda de conclure : «De nombreuses écoles furent créées malgré tout, mais elles sont là pour pallier à une insuffisance chronique dans l'alphabétisation des masses indigènes. Ainsi, après la disparition de l'autorité militaire, les quelques rares écoles arabo-françaises qui existèrent cessèrent d'être fréquentées et l'enseignement coranique enregistra un recul. Le déclin de l'enseignement indigène est alors consommé.»
Medjdoub Ali



Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/02/15/article.php?sid=112914&cid=16


15/02/2011
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