LASNAMIA

Maâmar Sahli, le lion de la plaine du Cheliff.( Le Soir d’Algérie)



Voxpopuli : Maâmar Sahli, le lion de la plaine du Cheliff

«L'ASO, Lasnamia koul had teghleb hiya», c’était le refrain des supporters de l'ASO… chaque dimanche au stade chahid Maâmar Sahli de la Ferme, cette petite chansonnette était reprise chaleureusement par les nombreux supporters de l'ASO Lasnamia, l'équipe locale, à l'occasion des grands matches de football, qui se disputaient devant la grande foule de spectateurs venus supporter leur équipe favorite.
C’étaient les années 1960 et 1970, l’âge de la jeunesse et de l'enthousiasme pour nous autres les enfants de la ville que de vivre ici, libres, dans le bonheur de l'indépendance, dans la plaine du Cheliff. Nous étions jeunes et passionnés de notre chère ville natale qui était connue à cette époque, avant le séisme destructeur, sous le nom «d’El Asnam». Notre équipe locale faisait notre joie et notre fierté. C'était notre bonheur au moment de notre enfance vécue ici dans cette cité qui nous a vus naître et grandir dans la chaleur familiale. Mais avant que notre jeune génération ne goûte à cette période historique de souveraineté et de liberté dans toute sa splendeur, il y a eu les moments durs et pénibles de l'époque sous autorité coloniale et il y avait le club sportif du GSO (Groupement Sportif Orléansvillois), cette terrible équipe de football de la plaine du Cheliff, dirigée par les roumis et représentée par de talentueux joueurs de l'époque : Merle, Diaz, Driss, Kanfar, Khetib, Fanals, Da Silva, Maïza, Mihoubi, Sahli, Addad, Abed… L'épopée du football à Orléansville remonte à 1904, avec la création du 1er club amateur de cette époque, le FCO. En 1919, le FCO et un autre club local «la Vaillante» fusionnent pour donner le GSO (Groupement Sportif Orléansvillois), les Lions du Cheliff, qui feront parler d'eux durant plusieurs décennies dans tous les stades d'Algérie grâce à la performance du football pratiqué au cours de rencontres qui lui valurent partout reconnaissance et mérite. Dans les années 1940 et 1950, le club GSO s'était déjà forgé une notoriété dans le milieu sportif grâce à ses grands joueurs enviés qui faisaient le bonheur, les beaux jours et la joie des supporters dans le stade Joseph- Robert de la Ferme et des autres stades, au moment des grandes rencontres décisives, ce qui vaudra à la ville d'Orléansville, le symbole de la «cité au courage du lion». Le GSO a été plusieurs fois champion d'Alger, demi-finaliste de la Coupe d'Afrique du Nord et a remporté de grands tournois. En 1947, sous la houlette d'un petit groupe de personnalités sportives notables de la ville, c'est la naissance de l'équipe musulmane de l'ASO, (Association Sportive Orléansvilloise) constituée en majorité de joueurs algériens natifs de la ville qui vont prendre en main la destinée de ce club prestigieux qui va rivaliser avec le grand club colonial du GSO qui figurait dans le championnat de division supérieure. (Le GSO était déjà en division d'honneur, l'ASO évoluait en seconde division). Cette rivalité entre le club colonial du GSO et le club musulman de l'ASO se poursuivra pendant toute la durée de l'occupation française. L'équipe musulmane de l'ASO honorait beaucoup la population asnamie pour son engagement politique avec des joueurs tels que Berrah, Tegguer, Sahnoun, Addad, Kanfar, Sahli, Bouhaik, Messabih, Bennegouche et beaucoup d'autres encore, ainsi que des dirigeants jaloux de leur identité. C’était le même engagement dans le combat libérateur sous le couvert sportif qui soutenait le mouvement insurrectionnel dans le pays. Le déclenchement de la guerre de Libération en Novembre 1954 va mettre un terme à l'activité sportive du club de l'ASO. En effet, les événements de la guerre d'Algérie plongent le pays dans le soulèvement et le combat pour la libération du joug du colonialisme français. Une grande partie des joueurs locaux ainsi que les dirigeants vont être arrêtés et emprisonnés pour leurs activités partisanes avec le FLN et des têtes vont tomber également pour leur appartenance à l'ALN. Les principaux activistes de la révolution sont arrêtés. Sahli Maâmar sera torturé et guillotiné en décembre 1957, avec son compagnon d'armes Mekkioui. Viendront ensuite d'autres martyrs de la cause nationale. Parmi les grands sportifs du football et de l'athlétisme de la plaine du Cheliff : Ferdji, Bibi, Klouche… et beaucoup d'autres anonymes qui sont également passés par les armes pour atteinte à la sûreté de l'Etat français. Juillet 1962 : c'est l'Algérie indépendante, le nom d'Orléansville fait partie du passé et El-Asnam reprend sa légitimité dans la plaine du Cheliff. L'équipe de l’ASO est toujours là, présente comme un symbole de la lutte des jeunes sportifs et le stade de la Ferme est baptisé du nom du valeureux martyr de la nation Maâmar Sahli. Le stade symbole de la lutte et des sacrifices avec ses guichets, ses murs, ses gradins, son poulailler, demeure toujours debout dans la banlieue de la Ferme (aujourd'hui Hay El-Houria), comme un site de pèlerinage pour les générations montantes et un témoignage vivant de ces lieux de la mémoire. Un symbole qui raconte l’engagement des enfants de la ville dans un seul combat, tous unis contre l'oppresseur pour la libération du pays… Gloire à nos martyrs.
Hamid Dahmani





Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/06/19/article.php?sid=135649&cid=49


19/06/2012
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