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MANGER COMME QUATRE

Manger comme quatre

 
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Gosto
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MessagePosté le: Dim Aoû 02, 2009 8:08 am    Sujet du message: Manger comme quatre Répondre en citant

Je me rappelle encore de cette journée de l'été dernier, que moi et mon cousin nous étions invités à une fête de mariage non loin de la ville de Chlef. Alors, accompagné de mon proche nous avons fait le parcours ensemble jusqu'à la demeure du marié. Il était dans les environs de 19 heures lorsque nous sommes arrivés sur les lieux de l'événement. Une foule dense était déjà là avant nous dans la maison de notre ôte.

Avant d'enjamber le pas de porte de la maison, mon cousin m’a retenu à l'écart et en aparté m'a refilé un conseil plus ou moins étonnant et rigolo. Méfie-toi ! M’a t'il dit. Ne t'attable jamais avec des convives que tu remarques trop "sektines" (silencieux) et qui ne bavardent pas avec les autres, parce que ces individus sont dangereux et irrespectueux au moment de la mangeaille. Les bonnes manières, ça ne connais pas ! Ce sont des gens accoutumes à cette pratique que l'on appelle "etehrass" (la grande bouffe), "ouaârine" (difficiles) comme on dit chez nous. Avec leur ténia et leur savoir-faire inné ils sont très forts dans le maniement de la "moghref" (cuillère) et tu resteras à jeun "blech" (sans).
Ces gens sont impressionnant par leurs habiletés, c’est un label de chez nous et ils font partie de notre terroir. Ils ont même une traçabilité conforme aux produits protégés. Il ne faut pas se mesurait à eux. Ils mangent comme quatre !
Alors il vaut mieux choisir une djemaa (groupe) où il y a de l'animation et de la tchatche. Là au moins il y aura toujours des convives distraits et tu pourras tirer ton épingle du jeu.
Suivant les conseils de mon cousin l’éveillé et pénétrant à petit pas dans le grand salon d'accueil, j ai pris le temps de faire un grand balayage des yeux pour explorer les lieux de droite à gauche afin de repérer ces phénomènes et d'éviter d'être leur victime. Et sans me rendre compte, je fus séparé de mon cousin et tiré par le bras par une personne chargé de l’accueil et m’invite à prendre place dans une table basse où étaient déjà attablées trois personnes. Je pris place autour de la table, les couverts étaient déjà posés en attendant le repas et mon attention fut attiré par ce convive assis en face de moi, à demi accroupis les mains sur les genoux et qui écoutait sans parler la discussion des deux autres. Il avait l'apparence d'un faux maigre au regard très profond et qui semblait avoir l'air très tendu et inquiet affichant un silence de nuit. Je me suis dit bof, oublions ça ! Ce n'est qu'un pauvre bougre !
Quelques minutes après, le serveur déposa sur notre table un plateau garni de bonnes nourritures. Il y avait de la chorba, des boules (el-m’thoueme), du couscous, des pruneaux, de la salade et un tas d’amuses gueules. Tous les convives se rapprochèrent de la table bien garnie et c’est les premières bouchées qui commencèrent à partir vers la panse et chacun avalait sa soupe de chorba à intervalle régulier.
Alors que nous étions accaparés par la discussion en compagnie des deux autres convives qui racontaient des petites anecdotes, notre 4ème larron le taciturne profitait de ces moments d’égarements et s'en donnait à cœur joie. C’était le départ de la fête et des réjouissances pour lui. La tête basse au dessus du saladier de chorba, la cuillère et la main leste ; je n'en revenais pas. Il était tellement rapide et occupé par la nourriture, qu’il ne mâchait pas ses aliments, il dévorait comme un ogre, il était entrain de se bourrer avidement. Ya bourab ! Mon cousin avait raison ! Profitant de ces moments rares, je prenais un malin plaisir d'admirer ce "herass" à l’œuvre. Il ne se gênait pas, le saladier à moitié vide, il était déjà au plat de boulettes qu'ils les avalaient une par une, le bruit de la bouche et de la langue en contact avec les aliments crées des « slurp, miam et des eh eh ». Il ne mangeait pas, il ingurgitait tout ! Un véritable fourre-tout. Tantôt au plat de couscous, tantôt au plat de pruneaux. Il ne se lassait pas. Aucun répit. Il était entrain de se faire péter la sous ventrière. Les autres convives toujours occupés par leurs discussions banales n’avaient vus que du feu " khalat –ha bekrâa kelb" (on dirait qu’il avait mélangé le tout avec une patte de chien).
Wlid el-kahba… (Fils de pute) ! Il n’a rien laissé dans les assiettes, il avait pris les meilleurs morceaux de viandes. Il ne restait que du ch’ham et des os pour les autres.
On parle souvent de ces phénomènes comme une espèce inégalable dans l’art de la bouffe. Il y’ a ceux qui mangent et qui font des Eh Eh ! On se croirait dans une partie de jambes en l’air. Pour d’autres, c’est haro sur tout ce qui se présente sur la table, il s’empiffre jusqu’à l’évanouissement. Il y’en a d’autres qui se gavent et qui se mettent plein la gueule jusqu'à la vomissure et le lâché de Pet en pleine table.
Quinze minutes après, ce qui devait être fait était déjà accompli. Notre ami "el herass " s'était retirait en arrière et adossé au mur, il contemplait les dégâts causés à la table avec un sourire ironique plein de fierté à la suite de cette bombance. Alors il tira une cigarette et l’alluma et du coin de la bouche il tira une bouffée et se leva pour sortir sans dire un mot.
Eh ben mes amis, faite très attention à ces chipoteurs qui mangent sans appétit à l’occasion de ces événements. Il faut donc bien choisir votre compagnon de route ou de table, "el herassa" il faut se méfier d’eux, sinon tu coucheras sans dîner.

Par Adel
_________________
"exister sans se faire voir et se faire voir sans se faire entendre"


02/08/2009
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