Yâtik darsa ! Le Quotidien d'Oran du 01/4/2017-
Sombre, ce jour-là pour moi, de bon matin j'ai pris un petit raccourci, dans mon quartier, qui mène droit chez le dentiste. J'étais décidé à me faire arracher une maudite molaire qui m'a donné des douleurs insupportables, pendant toute une nuit, sans pouvoir trouver le moindre petit sommeil. Chemin faisant et absorbé par mon mal de dent, je suis passé près d'un groupe d'enfants qui jouaient au ballon, au milieu de la chaussée, et qui chahutaient dans un langage obscène de gros mots. Une vieille femme qui passait par là, leur lança à haute voix, un vœu dentaire : « yâtikoum darsa ya dh'rari !». Les garnements occupés par le ballon, n'ont rien entendu, et ont continué à se disputer la balle dans une grande bousculade qui exaspère la vie du quartier. Le cabinet du dentiste, attitré de la famille, n'était pas très loin de chez moi, et malgré mon réveil très tôt le matin, une foule nombreuse de patients composée de femmes, d'enfants et de quelques hommes, était déjà présente et avait déjà pris les premiers numéros pour passer chez le dentiste. Et comme toujours, dès qu'on franchit le seuil du cabinet, le mal de dent qui vous rongeait la veille disparaît subitement. J'étais pensif dans mon coin de la salle d'attente pendant un long moment perdu dans les méandres de la rage de dent, et du bruit de polissage dentaire, provenant du cabinet. Quelques minutes infernales après, la secrétaire se pointa devant moi pour me diriger vers le dentiste.
Le toubib était debout dans la salle de soins du cabinet, au milieu de son matériel médical. Il m'invita avec un petit sourire à m'allonger sur le fauteuil dentaire. Alors Adel, qu'es-ce qu'il y a ? Me questionna le docteur. Sans répondre, je lui ai montré du doigt en ouvrant la bouche, le côté douloureux qui me faisait souffrir. Oh là là ! s'écria-t-il. Ta dent de sagesse est complètement pourrie et elle pue en plus. C'est une sacrée « dent de la raison » que tu as là, mon ami ! Et elle est en mauvais état et bien enracinée, dans la gencive. Pour la dégager ça ne va pas être facile, mon ami. Je pense que tu es courageux et que tu ne céderas pas à l'émotion. Arrête de me faire peur docteur, après tout je ne suis pas entre les mains d'un arracheur de dents. Tu as une dent contre moi ou quoi ? Pourtant tous les patients parlent de ta main d'ange qui agit sans douleur. Les anciens ont eu raison de dire « r'çaça wela darsa » (vaut mieux une balle, qu'une rage de dent).
À l'aide de sa seringue, il commença à irriguer la région de la dent avec un produit anesthésiant, pour me soulager. En attendant que l'anesthésie fasse son effet, le toubib engagea avec moi, un petite discussion pour me dire que la carie dentaire c'est pareil à la carie qui gangrène la société civile, et qu'on néglige, sciemment, de lui apporter un remède efficace. Les dents, c'est très important dans la vie de l'être humain. Il vaut mieux prévenir que guérir, dit l'adage. Donc le brossage des dents est impératif. « Ness tahou droushoum » parce qu'ils n'ont pas pris soin de leurs dents. Les gens ricanent jusqu'à dévoiler leurs dents de sagesse jaunis par les aléas du temps, et ne réalisent pas que leurs vitrines sont désagréables à la vue. Les dents longues et solides sont un atout autour d'une table pour donner, avec plaisir, une bonne « nehcha » (un coup de dents). Même la loi du talion, préconise, le « dent pour dent » pour se venger. Le dentier c'est très utile, c'est l'arme blanche de l'être humain. «Ouvre ta bouche, Adel !» Attend un petit moment docteur, moi aussi j'ai quelque chose à te raconter sur la dent, «guellek, une octogénaire qui était entre les mains de son dentiste, et au moment où il commença à tirer sur la dent avec sa pince, la vieille a lâché un pet sonore, elle l'a regardé d'un œil, et lui a dit :« tu as vu l'itinéraire de ce nerf «ârg» de cette molaire où il se termine». «Allez Adel, hel foumek ! », C'est le moment d'arracher cette dent qui te tourmente.
Le toubib était debout dans la salle de soins du cabinet, au milieu de son matériel médical. Il m'invita avec un petit sourire à m'allonger sur le fauteuil dentaire. Alors Adel, qu'es-ce qu'il y a ? Me questionna le docteur. Sans répondre, je lui ai montré du doigt en ouvrant la bouche, le côté douloureux qui me faisait souffrir. Oh là là ! s'écria-t-il. Ta dent de sagesse est complètement pourrie et elle pue en plus. C'est une sacrée « dent de la raison » que tu as là, mon ami ! Et elle est en mauvais état et bien enracinée, dans la gencive. Pour la dégager ça ne va pas être facile, mon ami. Je pense que tu es courageux et que tu ne céderas pas à l'émotion. Arrête de me faire peur docteur, après tout je ne suis pas entre les mains d'un arracheur de dents. Tu as une dent contre moi ou quoi ? Pourtant tous les patients parlent de ta main d'ange qui agit sans douleur. Les anciens ont eu raison de dire « r'çaça wela darsa » (vaut mieux une balle, qu'une rage de dent).
À l'aide de sa seringue, il commença à irriguer la région de la dent avec un produit anesthésiant, pour me soulager. En attendant que l'anesthésie fasse son effet, le toubib engagea avec moi, un petite discussion pour me dire que la carie dentaire c'est pareil à la carie qui gangrène la société civile, et qu'on néglige, sciemment, de lui apporter un remède efficace. Les dents, c'est très important dans la vie de l'être humain. Il vaut mieux prévenir que guérir, dit l'adage. Donc le brossage des dents est impératif. « Ness tahou droushoum » parce qu'ils n'ont pas pris soin de leurs dents. Les gens ricanent jusqu'à dévoiler leurs dents de sagesse jaunis par les aléas du temps, et ne réalisent pas que leurs vitrines sont désagréables à la vue. Les dents longues et solides sont un atout autour d'une table pour donner, avec plaisir, une bonne « nehcha » (un coup de dents). Même la loi du talion, préconise, le « dent pour dent » pour se venger. Le dentier c'est très utile, c'est l'arme blanche de l'être humain. «Ouvre ta bouche, Adel !» Attend un petit moment docteur, moi aussi j'ai quelque chose à te raconter sur la dent, «guellek, une octogénaire qui était entre les mains de son dentiste, et au moment où il commença à tirer sur la dent avec sa pince, la vieille a lâché un pet sonore, elle l'a regardé d'un œil, et lui a dit :« tu as vu l'itinéraire de ce nerf «ârg» de cette molaire où il se termine». «Allez Adel, hel foumek ! », C'est le moment d'arracher cette dent qui te tourmente.
