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Des guignolades dramatiques (Le Quotidien d'Oran du 01/06/2017)

 

 
Des guignolades dramatiques
 
 

par Hamid Dahmani

 

 

 

«Le Guignolo» est une œuvre artistique qu'on n'oubliera pas de sitôt. Un film-culte, plein d'action et d'humour avec l'inoubliable Jean-Paul Belmondo comme principal acteur. L'art de jouer au guignol et de faire du cinéma n'est pas donné à tout le monde. Généralement on joue au guignol sur des planches ou dans des salles de cinéma pour faire rire des spectateurs venus chercher de la distraction, pour tuer l'ennui. Faire des guignolades en dehors de ces espaces du rire, le rire en devient un délire. 

Dans le présent ce n'est pas la peine d'aller chercher dans une salle de spectacle ce genre de personnage adulé par les foules. Les shows se bousculent sur les chaines TV et sur les espaces sociaux pour montrer les numéros risibles. L'heure est propice aux bouffons qui ne font pas rire, il y en a plein dans la rue, et un peu bezef à la télévision. Les guignols du 20 heures sont marrants, parce qu'ils nous plongent dans un fou rire politique ridicule. Lorsque les pitres veulent jouer au guignol, cela devient une tragédie. Il était une fois le Muppet's Show et les vieux ringards édentés qui nous faisaient tordre de rire. 

Chaque époque avait ses admirables guignols. Les temps sont favorables aujourd'hui aux charlatans pour faire le guignol à visage découvert. Remarquez, faire le clown pour un amateur c'est gratuit, surtout quand on est un faible d'esprit. « Ch'tah, ch'tah ya loulou, qui dji baba n'gouloulou ». Jadis au moment de l'âge de la turbulence, nos maitres de classe nous engueulaient quand on dépassait les bornes. «Arrêtez de faire le guignol, vous n'êtes pas drôles !» nous sermonnaient nos surveillants. Plus on devient un vieux gaga, et plus on fait le pitre pour attirer l'attention. Quand on n'a rien à dire de sensé devant une assemblée, on se transforme en cabotin pour un moment. Ces mauvais guignols nous embêtent, ils veulent à tout prix qu'on se soumette à leurs grimaces. L'heure est favorable aux pseudo-guignols de circonstance qui ne sont pas tenus de s'habiller en clown pour faire leur cirque ridicule. Entre le théâtral du guignol et les guignolisés, c'est toute une histoire de guignolades burlesques qui fait notre actualité. Faire le pitre dans les moments les plus inattendus est une roublardise pour détourner la réalité. Il y a un adage populaire qui dit que «l'envie d'uriner ne vient au sloughi qu'au moment de la chasse». 

Aussi, pour faire du remplissage lorsque des officiels politiques sont tenus de communiquer ils font du «guignolage» à défaut de s'expliquer sérieusement sur leurs insuffisances politiques à traiter les problèmes de l'heure. Les guignols du présent sont une malédiction. Ce ne sont pas les clowns de notre enfance, avec un nez rouge, des traits sous les yeux, un chapeau et de grandes savates en couleurs et qui nous amusaient jusqu'aux larmes. Dans le présent ce sont des pantins avec une brosse à la main, qui imitent la voix de leurs maitres. Chez les ratés, quand on loupe sa vocation, on fait le pitre pour créer une ambiance du rire. «Dir rohok bahloul, techbâ k'soul » (fait semblant d'être un imbécile, et tu profiteras de beaucoup de paresse). 


01/06/2017
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