LASNAMIA

«Hel aïnek !» -Le Quotidien d'Oran du 24/10/2019

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«Hel aïnek !»
 

par Hamid Dahmani

 

«Dis-moi mon fils, est-ce que tu écris toujours des contributions fel jornan ?» «Oui mère, comme d'habitude, parce que je n'ai rien d'autre à faire dans ces moments moroses de la vie d'un retraité en manque d'occupation, aussi par plaisir, je partage mes écrits avec les lecteurs de ce journal. «Hamala, hel aïnek, kech ma t'goul fel houkouma !» (Aussi, ouvre bien ton œil et fais attention à ce que tu dis sur le gouvernement). Autrement, on va t'embarquer et on ne verra plus ta trace. «Rassure-toi mère, plus maintenant !» Dans le présent, hamdoulleh ! Tu peux lire, écrire, décrier et même déclamer des poèmes à la gloire de la liberté sans craindre d'être interpellé.

Nous vivons en pleine démocratie et tu peux déclarer ton opposition politique librement au système sans peur et sans reproche. Tu vas voir, la vie va être plus belle dans les jours à venir. Aujourd'hui, le vent de la démocratie souffle sur ce territoire et tu peux dire ce qui était interdit hier, et crier jusqu'à l'extinction de la voix ta colère. On pourra marcher à tout moment et faire le piquet de grève, quand tu n'es pas d'accord avec ton employeur. Désormais, mère, ce sera le véritable khawa-khawa sur cette terre si chère aux Algériens. «Le démon est en train de t'entourlouper mon fils (rah m'kelekhlek blis !)». «N'aie pas peur mère, notre société a fait un grand saut dans le respect des droits de l'homme ces derniers temps. Aujourd'hui, le peuple n'est plus surveillé comme avant, et tu peux t'opposer politiquement au gouvernement si tu n'es pas d'accord avec son programme politique». «Tu rêves mon enfant, ce n'est que de la poudre aux yeux pour embobiner les niais comme toi». «Mère, cette fois-ci, je crois que c'est la bonne, notre pays est sorti de la dictature du système qui nous oppressait hier pour notre rejet des hommes politiques de l'époque qui nous accablaient pour un oui ou pour un non. Aujourd'hui, il y a la liberté d'expression, le multipartisme, et tout ce qui constitue la démocratie». «Ch'aal rah m'kelekhlek blis !» Tu sais, après le grand saut, il y a aussi le grand écart et là, ça fait très mal mon fils. A mon avis, tu ferais mieux de t'occuper de tes oignons, au lieu de chercher midi à quatorze heures dans un pays en mal de liberté. «Ya oulidi ma dirch lamene» (il ne faut pas faire trop confiance). «El hokm waâr !» (L'autorité est trop dangereuse). «Ne crains rien mère, si tout le monde se cantonnait dans la peur, notre vie sous oppression n'aurait aucune raison d'être. Tu sais mère, la liberté, ça ne tombe pas comme ça sur la tête de quelqu'un. Il faut lutter, il faut des sacrifices, il faut de l'union et beaucoup de courage aussi, mère, pour aspirer à une vie pleine de dignité». «Liyah cha khasskoum ?» «Ya oulidi», les sages d'autrefois ont toujours dit : «la amanou fi arabou !» (Il ne faut pas avoir confiance en les arabes). «Mère, hadhak rayek, wana hadha rayi !» (Ton opinion, et mon opinion). «Mon fils, pense plutôt à tes vieux jours «lel aâkba taak»...



24/10/2019
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