LASNAMIA

La main de l'étranger, c'est du pipeau ( Le Quotidien d'Oran du 12/3/2015)

 
 
 
 
La main de l'étranger, c'est du pipeau
 
 
 
 

par Hamid Dahmani

 

 

 

 

La main est un membre de manipulation et d'expression chez l'homme. Toutes les mains humaines ont la même anatomie sur terre. La main est constituée de cinq doigts et de deux faces. Une face palmaire pour rassurer, caresser et fouiner, une autre opposée, dite dorsale, pour châtier et écarter du revers de la main. La main est une amie intime très utile dans notre existence. C'est un membre dominant du corps. Dans la vie on ne peut pas se passer de son coup de main. Le pays est aussi doté de deux mains. Une main familière et une main d'ailleurs. 

La chanson ou l'hymne est connue dans le bled et, comme à l'accoutumée, à chaque défaite les perdants chahutent sur tous les toits à la main étrangère. Un Toyota fonce à vive allure et écrase des piétons et c'est la main de l'étranger qui se dessine derrière l'action. Le prix de la patate grimpe sans crier gare et c'est encore la main de l'extérieure qui est pointée du doigt. Nos hôpitaux dégringolent dans leurs fonctionnements et c'est la faute toujours de cette maudite main de l'étranger qui récidive depuis le temps. Une population manifeste son mécontentement pacifiquement et c'est toujours cette petite peste qui est derrière. L'impunité, la corruption, la violence, les grèves, et la médiocrité affichée à toutes les enseignes, c'est encore l'œuvre de la main froide. 

Pourquoi toujours la main radicale de l'étranger et pas la main de Fatma et sa Khamssa ? Et pourquoi la main de l'étranger et pas la tête de l'étranger ? La main de l'étranger dérange toujours la main familière quand il y a du louche «tahte el-aalouche». 

Y'a à boire et à manger, mon frère, pour la main et tout son bras. Fifty-fifty est une devise chez les mains pourries. Quant on a la main au collet, on crie à tue-tête pour ameuter les gens que c'est l'étranger qui tire les ficelles. Qui se cache derrière l'ombre de l'étranger ? Sûrement quelqu'un d'extra-étranger? Si Camus était là, il aurait pu nous éclairer un petit chouia sur l'étranger. L'Algérie est un bled qui n'a pas la main sur le cœur pour l'étranger. On n'aime pas que la main de l'étranger soit parfumée à l'odeur du pays. 

La mainmise du pouvoir de la main est une vieille histoire. Pour avoir la main-levée il faut des efforts surhumains. La main de fer garde bien les clés de la patrie. C'est la main basse sur les gisements du pays. La main est un membre qui communique bien la main dans la main. La main est coupable de tous les délits. C'est notre petit doigt de la main qui nous le dit. 

Notre économie à un poil dans la main. Notre politique à deux mains gauches. Le passé florissant du pays a été effacé du revers de la main. Une génération montante paresseuse et trop gâtée par la main du système. 

QUELLE BONNE MAIN ! 

La main applaudie, salue, châtie, distribue, triche, dénonce, écrit, tisse, falsifie et tue. La main est l'homme de main de la tête. C'est la tête qui force la main à agir dans ses mouvements. Il est vraiment étrange cet étranger qui revient tout le temps au galop lorsqu'il y a des «fakou» et des «galou». 

Il n'est pas permis de communiquer avec l'étranger, même avec les signes de la main. Les interdits dans le pays sont connus sur les bouts des doigts de la main. Derrière la main, il y a toujours les sous-mains. Après tout, une main c'est humain. Peut-être que demain ce sera un meilleur lendemain. Pour l'instant nous sommes entre de bonnes mains. Tout le menu est fait-main.

La devise du crieur «jeux de mains, jeux de vilains». Sonnez le clairon ! La main ennemie est ici. Hier sous le joug colonial on était tous des suspects avec les mains dans les poches. On avait souvent les mains sur la tête face au mur. Les gens étaient arrêtés avec des «haut les mains» sans rien dans la main. 

Aujourd'hui, on vote aussi à main levée et même avec les deux mains dans les deux chambres basse et haute. C'est ce qu'on appelle avoir la main fraternelle. 

Du côté opposé de la mer, chez «Fafa wa akhawatiha» il y a beaucoup d'étrangers et on n'a jamais entendu crier «haro sur la main de l'étranger !». Qu'est-ce-qui se passe ? Et pourquoi makache le syndrome ? C'est la passion de la vie commune avec la main et la tête de l'étranger. 

La main est très active, c'est une grande baladeuse, elle met le feu quand elle veut. Les mains sont rougies par le sang. Il ne faut pas parler avec les mains ni s'en laver les mains. L'argent a été remis en main propre... aux mains sales. 

De main en main notre gagne-pain se dégrade rapidement. Il est temps de desserrer le frein à main et de passer la main. C'est le moment de tendre la main et prendre son courage à deux mains pour serrer toutes les mains…. 
 
 
 
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5210828


12/03/2015
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