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La rue de l’aspirant Dehnane Abdelkader ( Le Chelif du 17/2/2016)

La rue de l’aspirant Dehnane Abdelkader

 

Autrefois, en 1843, cette voie s’appelait Rue Bugeaud. Après 1962, elle change de nom pour devenir «Rue Aspirant Abdelkader Dehnane». Le chahid Abdelkader Dehnane, connu sous le pseudo «Si El-Madani» est né le 27 novembre 1917 dans la commune de Chlef. Il a rejoint l’armée de libération nationale en 1955, dans une unité de la wilaya 4. Il est tombé au champ d’honneur la même année. Une rue au centre-ville et le Centre Culturel Islamique de Chlef portent son nom. C’est une rue transversale comme les précédentes voies du centre-ville que nous avons évoquées dans notre rubrique. Elle garde ses repères d’antan qui sont toujours debout, ce qui la différencie légèrement des autres rues de la cité. Cette voie garde encore son vieux bâti et son architecture coloniale ont résisté par chance à la secousse tellurique d’octobre 1980. C’est pour cette raison qu’elle garde son charme et cette particularité de réveiller chez les nostalgiques des souvenirs dès  qu’on l’emprunte. Une balade dans cette rue permet de faire l’inventaire de plusieurs lieux publics qui ont beaucoup compté dans la vie des Asnamis autrefois.

En empruntant la rue, on remarquera que l’ancien cabinet du docteur Bensouna est toujours là. Hélas, Si Abdelkader n’est plus de ce monde. Paix à son âme. Qui, parmi les Anciens, ne se souvient du plus ancien médecin de la ville qui a vu passer chez lui beaucoup de patients de la région pour des consultations médicales durant l’époque d’El Asnam ? Mémoire de la salle d’attente pleine de patients et de «Ba Ahmed», son secrétaire médical avec des grilles du PSA (Pari sportif algérien) à la main.

Le docteur Bensouna était un bon médecin de famille. Il était très réputé pour ses conseils et les soins qu’il prodiguait à ses malades. Le docteur Bensouna était aussi un passionné de chasse. On raconte de belles anecdotes à son sujet. On dit que, dans sa besace, il y avait toujours des médicaments et son ordonnancier pour les habitants des zones éloignées dépourvues de centres médicaux. Les pauvres et les démunis des hameaux environnants guettaient son passage et sollicitaient des soins à l’occasion de la partie de chasse. Même dans ses moments de loisirs, le docteur Bensouna soulageait les malades qui venaient à sa rencontre. A présent, ce lieu chargé de souvenirs et d’émotions fonctionne toujours, il est tenu par le Dr Brahmia, radiologue, ancien directeur de la Santé de la wilaya de Chlef.

A quelques pas et juste en traversant la rue des martyrs, il y avait l’ancien café dit «Bonopera», du nom de son propriétaire, un pied-noir de l’époque coloniale. C’est un bel édifice avec sa devanture vitrée. On raconte que, durant la guerre de libération, plusieurs attentats visant les forces coloniales ont été commis tout près de ce café, très fréquentés à l’époque par les soldats français. Après l’indépendance, ce débit de boissons a continué à fonctionner jusqu’au dernier séisme. Au fil du temps, il a perdu de son charme et de sa prestance d’autrefois ; il n’attire plus pour prendre un café devant son comptoir ou de s’assoir à sa terrasse.

En flânant sur ce parcours, on ne peut éviter le mythique boulodrome et sa sublime histoire. Le champ de boules est le lieu de rendez-vous des mordus de la pétanque, et pas seulement.

On y organisait aussi des fêtes et des veillées musicales nocturnes animées par de prestigieux chanteurs… et des amateurs de lancer de boules en direction du cochonnet qui pratiquaient ce hobby parfois jusqu’au petit matin.

Le terrain de pétanque a toujours attiré les amateurs de jeux de boules depuis que la ville a adopté ce superbe loisir. L’histoire du champ de boules est palpitante, celle de son club aussi. Des photos souvenirs d’époques ont figé pour la postérité des rencontres aux sommets gagnées par ce club talentueux. Des joueurs adroits et des dirigeants respectueux se sont succédé à la tête et au sein de cette équipe au fil du temps pour la pérennité de cette association. Des anciens comme Bikako et Benadada ont représenté honorablement les couleurs de

la ville durant les compétitions nationales ou internationales qui figurent au palmarès de cette équipe bouliste.

De nos jours, ce lieu de détente est abandonné à son sort. Il a besoin d’une prise en charge réelle par les autorités locales pour lui redonner une nouvelle vie. Depuis plusieurs décennies, il affiche une image triste et dégradée. Ses murs s’effritent et ses couleurs se sont ternies depuis belle lurette. Les chaises, les bancs et les tables du café sont repoussantes. Le champ de boules a besoin d’un coup de jeune dans l’immédiat pour éviter qu’il disparaisse comme les autres repères qui composaient le paysage urbain de Chlef et qui ont été effacés de notre mémoire.

 

Hamid Dahmani

 



21/02/2016
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