LASNAMIA

Les pigeons se sont envolés ( le quotidien d'Oran du 07/11/2015)

 

 
 
Les pigeons se sont envolés
 
 
 

par Hamid Dahmani

 

 

« Tar el h'mem». Les pigeons se sont envolés et le réveil s'est fait un peu tard. Bienvenue à l'austérité salvatrice et adieu à l'opulence démesurée. L'économie de bazar est à terre. Elle vient de rajouter un trou de serrage supplémentaire à sa ceinture. La cigale a fait la fête depuis des décennies. Aujourd'hui, elle joue la comédie de la fourmi. Le pays s'est cassé la figure pour avoir vu petit dans ses projets du futur. Y a des pays qui émergent et qui percent et se développent avec la vitesse du son. Et y en a d'autres qui croupissent et qui patinent dans leur gadoue comme s'ils étaient à l'aube du Moyen Âge. C'est la faute à Voltaire si aujourd'hui le pays se trouve par terre. C'est la faute des maires et de leur satanée grammaire si dans le présent nous vivons dans des conditions toujours précaires. Ce n'est pas de notre faute, crient les grands causeurs, si le ciel vous tombe sur la tête. Les décideurs ne sont pas toujours les payeurs. La faute est une erreur de la mauvaise pensée et des mauvais calculs. Le peuple fait de petites fautes et le système leur répond par de grosses bêtises. A qui la faute ? Aux absents ! La faute se porte comme un charme. Le choix est grand. Faute, falta, errata, ghalta. Les risques et les fautes abondent et ils sont lourds de conséquences pour notre avenir. La faute est une maladresse inavouée des indispensables. Les fourbes camouflent leurs fautes au lieu de les corriger. Notre existence déborde de fautes mal réfléchies. Un vrai gâchis. La faute se cache toujours derrière la crise. La faute s'est émancipée et elle a de l'ambition politique. Les fautes graves ne pèsent pas très lourd et valent moins en degré de gravité sur une balance qu'une faute excusable d'un protestataire sur le web. Les recettes pétrolières ont aussi failli à leurs devoirs d'embellies. L'heure n'est pas à la réjouissance mais à la prière. «Tar el h'mem !». Mais les mouches sont toujours là en quête dans la continuité du gaspillage. Après tout, nul n'est parfait. L'économie de bout de chandelles dans la boîte du «tout va bien» va très mal. On mélange richesse et enrichissement. Il y a la richesse intellectuelle qui appartient à l'esprit de la nouvelle génération malmenée. La richesse du sol du pays avec ses gisements indéfinis. Il y a la richesse de la jeunesse qui, pour le moment, ne fait rien de ses bras. Et il y a la richesse du produit fini made in Algeria qui manque à l'appel depuis belle lurette. Les gens rêvent de la richesse de Crésus. Les riches et les pauvres se toisent et se croisent sans partage. L'argent appelle l'argent. C'est la course au trésor. La corruption, l'informel, la drogue et toutes les autres richesses suspectes engendrent de l'argent sale qu'il faut blanchir dans le présent pour qu'il devienne halal. Le silence est d'or et la parole d'argent. 

Le pays est riche et il dépense sans compter en jetant l'argent par les fenêtres sans mesure. Les chefs ne regardent pas à la dépense. C'est un chouette pays. Les forbans se servent comme ils veulent et nous jettent des miettes. Les signes de richesse ont augmenté durant ces mauvaises décennies. Le vocabulaire des tenants est riche en mensonge. C'est vrai qu'on ne prête qu'aux riches et que les hommes politiques ont le droit de se tromper et de nous rouler dans la farine comme des sardines, comme toujours. «Sahbi, tar el h'mem ! »... 


07/11/2015
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