Poemes ecrits par Abdelkader ELMEDDAH
Je suis heureux, si l'abîme indiffère
Où le coeur à la douleur sert de repas
Comme un vieux poivrot dont la mort ne veut pas
Et qui brade son temps en pissant sur ses pas !
Je suis heureux, si souffrir ne veut rien dire
Regarder les regards sans rien y rencontrer
Si chaque jour nouveau n'apporte que le pire
Si cela n'est rien, je suis heureux !
Si un corps pourfendu, l'âme sur une civière
Recherchant dans le vague l'étincelle du salut
N'est qu'un être qui dort bien et récupère
Je suis celui-là et je suis heureux...
3)
Je tiens mal mon glaive, jours maudits, misérables
Sur votre champ d'horreurs pour futurs médaillés
A jouer contre mon gré la comédie lamentable
De vous vivre soumis telle une bête sacrifiée
Il n'y a rien en vous qui ressemble à la vie
Quelque chose de chaud, une lueur, la fuite de l'ombre
Vous rampez hideux en un cortège pourri
D'espoirs trahis dont j'ignore le nombre !
Viens ! Assieds-toi ! Causons, laide qui me torture
Qu'ai-je fait aujourd'hui en ta sinistre compagnie ?
Je me suis souvenu d'hier et c'était plein de morsures
Comme toujours, une habitude, un autre sursis !
Repars donc, laide, tu as dû te tromper
Ton adresse, toi qui ose t'appeler ma vie
Cherche la parmi les morts enterrés
Et rends-moi, je te prie, au silence de l'oubli !
4)
Je ne peux pas voir le jour
Ni vivre encore une autre nuit
L'homme sans amour n'est qu'un débris
Que guettent chacals et vautours
A quoi sers-tu pour moi Soleil ?
Mes yeux ne voient nullement ton feu
Mon coeur n'est plus qu'un appareil
Dans un corps froid, ténébreux
Où t'ai-je perdu mon coeur
Comment en suis-je arrivé là ?
Tu n'es plus qu'un immense désert
Qu'irrigue vainement mon sang
Homme seul ! Que c'est vain
Au moment où, fourbu le soir
Cherchant à ta détresse un témoin
Tu décroches fébrile ton miroir !