LASNAMIA

Quel développement pour le pays ?( Abaci M'hamed)

Quel développement pour le pays ?

Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

 

Il nous semble bon, aujourd’hui, qu’on se souvienne de cette première expérience du développement national, qui fut des plus difficiles, pendant les premières années de l’Algérie indépendante.


En effet, le pays vivait au lendemain de l’indépendance une situation socio-économique critique dont on retenait notamment : la pauvreté, la misère, un taux de chômage de 70%, un taux de 80% d’analphabétisme, un déficit important en main-d’œuvre qualifiée et d’encadrement. Notre pays se devait de mettre fin au plus tôt à ce lourd héritage légué par le colonialisme et ceci par la mise en place d’ une politique de développement national, en mettant en avant des programmes économiques et de construction afin de consolider l’indépendance politique en engageant des plans de développement : triennal 1967-1969 et quadriennaux 1970-1973 / 1974-1977 et quinquennal 1980-1985 et enfin, la valorisation des hydrocarbures par le plan «Valhyd» pour développer une industrie pétrolière et gazière répondant aux différents impératifs industriels, sociaux, agraires, culturels, scientifiques, sportifs, de santé et d’enseignement…

«La bataille du développement national est en marche», y ont été associés les premiers cadres algériens. Un thème clé de société, qui, bien évidemment, mérite qu’on jette un regard sur les étapes du développement national dans un souci d’objectivité stratégique pour une Algérie que nous percevions en devenir, un pays développé dans l’histoire du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.
Pour faire face à cette situation problématique, la seule solution réside dans l’apport des premiers cadres algériens dont la majorité sont autodidactes, mais qui ont su concevoir la renaissance du patriotisme économique et développer une expérience administrative et économique par laquelle ils ont été au devant de la scène de l’Algérie future. En fait, elle a permis rapidement de faire fonctionner les institutions, les sites pétrolier, gazier, minier, les sociétés nationales pour rétablir l’économie et enfin les terres agricoles récupérées et prises en charge par nos paysans pour les exploiter. En effet, il y a une étape nouvelle de l’évolution économique et sociale de l’Algérie, tout aussi importante, la grande bataille qui s’annonce pour cette génération, après celle de la libération du pays. C’est celle de la construction et du développement pour hisser l’Algérie au rang de pays développé  après le départ massif des cadres européens laissant derrière eux un pays sous-développé et totalement à l’arrêt. C’est là une question d’histoire digne d’un fait marquant et témoin des premiers cadres de la nation algérienne  des années 1960/1970 qui d’ailleurs, il faut signaler au passage, ont apporté la preuve de  leurs sacrifices, de leurs performances et de leur vrai nationalisme, d’une naïveté et d’une honnêteté intellectuelle extraordinaire sur le terrain. En effet, tout le monde s’accorde à reconnaître que l’Algérie a fait de gros efforts et consenti d’immenses sacrifices grâce notamment au travail accompli par cette génération qui a su conduire la réalisation du développement national durant cette période.

Une question qui revêt toute son importance dans la mesure où il s’agit d’une génération des premiers cadres algériens qui a choisi de rester au service du pays au moment crucial des premières années de l’indépendance notamment assurer la relève des ingénieurs, techniciens, médecins, économistes, financiers, ouvriers professionnels, employés européens… et a su changer la donne et s’imposer comme acteur-clé dans le processus des nationalisations et de développement national, voire préservé, protégé et développé le patrimoine public. Un défi rarement réussi dans le Monde arabe et l’Afrique et depuis lors, on constate que nos gouvernants oublient vite les sacrifices des générations qui marquent l’histoire dans une nation, après s’être installés au pouvoir. Effectivement, un bilan qui peut être considéré comme positif à l’actif des cadres algériens qui ont été d’un apport indéniable au développement national et qui constituent une force morale et illustre un patriotisme économique, de solidarité et d’adhésion exemplaire, dans la mesure où ce bilan de la bataille du développement fournit des indicateurs fiables économiquement, socialement et politiquement où d’énormes sacrifices sont consentis par cette génération des premiers cadres algériens qui a constitué l’élite de l’indépendance et dont sa ligne de conduite n’a jamais changé et ne changera jamais pour l’intérêt suprême du pays.

Elle a payé le prix fort de sa jeunesse en travaillant sans répit, sans confort, sans revendications salariales et dans une précarité sociale en général. La norme de travail dépassait le plus souvent douze heures/jour avec des salaires mensuels dérisoires qui se situaient en moyenne entre 500 et 3000 DA/mois, il y a même des travailleurs exécutants sans qualification qui étaient payés en nature au moyen de bons de semoule, de sucre, de café, d’huile, etc. Cela ne leur a rien rapporté aujourd’hui. Quand le patriotisme avait encore son sens avec la génération du 1er Novembre 1954. Nous y croyons toujours. C’était donc une génération fortement animée et marquée par la dignité et le seul souci, celui du développement national afin de sortir le pays du sous-
développement au lendemain de l’indépendance notamment, nous pensons à ces  grandes réalisations socio-économiques et celles des grandes décisions pour l’instauration d’un Etat fort, qui ont vu le jour au milieu des années 1960/1970 pour construire  une économie avec de grandes ambitions politique et économique, envisageant de devenir le premier pays développé de l’Afrique et afficher notre supériorité économique et commerciale régionale dans les espaces maghrébin, arabe et africain pour l’horizon 1980 (H80). Les efforts accomplis durant cette période pour un premier bilan de l’évolution économique de l’Algérie peuvent être résumés comme suit :


Sur le plan du développement socio-économique    


L’Algérie avait une stratégie industrielle sans doute mieux ciblée avec une approche réaliste et porteuse de progrès, qui a notamment permis d’éradiquer la misère, la pauvreté et l’analphabétisme. On peut rappeler ici, entre autres : la réalisation de grands ensembles industriels et technologiques dans toutes les branches d’activités : énergie et pétrochimie, sidérurgie, industrie agro-alimentaire et pêche, mines, hydraulique dont les barrages de Bou Haroun,- et Abadla parmi les plus importants en Afrique, biens d’équipements, chimie et pharmacie, électronique, télécommunications et informatique uniques en Afrique, voies ferrées et moyens de transport ferroviaires et maritimes, presse, imprimerie, industrie cinématographique, audiovisuel (national et régional), textile, cuirs et chaussures, ameublement, construction, industries diverses, zones touristiques dont plusieurs hôtels de classe mondiale, stations thermales modernes et un complexe de thalassothérapie, l’unique en Afrique, la route transsaharienne de l’Unité africaine, barrage vert, à l’instar d’autres grandes réalisations socioculturelles et sportives, écoles, lycées, universités, instituts technologiques, centres de recherche nucléaire, l’Institut Pasteur, hôpitaux, logements sociaux et villages socialistes, des actions de volontariat en matière de reboisement surtout, ce qui a créé aujourd’hui un développement d’équilibre régional et de pôle de croissance notamment de zones industrielles, zone d’activités et enfin d’importantes infrastructures annexes d’appui. Ainsi, parallèlement, le pays s’engage dans la réalisation de vastes programmes — dits spéciaux — de développement qui devaient restaurer l’équilibre régional entre les régions du pays, auxquelles il faut ajouter le plan Comedor qui devait restructurer et moderniser la capitale, voire la projection de la nouvelle capitale politique dont le choix était porté sur Boughezoul (170 km au sud d’Alger).

Et un nombre impressionnant d’entreprises économiques, commerciales et bancaires locales et nationales qui voient le jour et leur rôle s’agrandir jusqu’à les compter par milliers avec notamment la multiplication de leurs usines, de leurs agences ou unités, leur réseau de distribution et de leurs bureaux d’études à travers tout le pays. A titre d’exemple, Sonatrach avec 120 000 travailleurs et son organisation qui couvre toutes les activités de la pétrochimie, devenue un Etat dans l’Etat et bien d’autres entreprises géantes: Sonacome, Sns-Sider, Sonelec, Sonelgaz, Sonatiba, Dnc, Snlb, SN Métal, Snmc, Snic, Sonic, Sonatram, Sonarem, Sonitex, Saidal-Enapharm, Enmtp Cnan, Cirta fabrication de tracteurs, moissonneuses-batteuses, BCL fabrication de pièces industrielles, Batimétal, Snta, Ofla, Oncic, etc. Ces dernières ont joué un rôle-clé dans la création d’emplois durables, des centres de formation, des centres médico-sociaux (CMS), des cantines et du progrès économique et social en général. Effectivement, la part consacrée à l’investissement industriel, était autour de 45% du produit intérieur brut (PIB) et plus de 50% du total des investissements au moment où le pétrole valait sur les marchés mondiaux moins de 10 dollars le baril, la part de la production industrielle annuelle était autour de 18 à 25% du PIB, la part générée en croissance annuelle était de plus de 10%, une agriculture rénovée où l’Algérie arrivait à produire la totalité de ses besoins en céréales, en légumes et fruits et à même exporter l’excédent, alors qu’aujourd’hui l’Algérie figure parmi les plus gros importateurs, l’épargne nationale était en moyenne de 40% du PIB, la stabilité du taux de change dinar/dollar avec un cours de change fluctuant entre 4 et 5 DA pour 1 dollar. Ces performances étaient parmi les plus fortes dans le tiers-monde, un acquis, porteur de grandes perspectives socio-économiques et de grande portée pour intégrer le monde industriel.


Sur le plan politique


De reconquérir la souveraineté économique sur :
- La récupération des terres des colons, des assurances, des banques et des ressources minières.
- Le 24 février 1971 fut une grande date dans le processus de libération économique, c’est, en effet, à cette date que furent nationalisés les hydrocarbures, principale richesse du pays.
- Le remplacement du franc français par la création du dinar algérien
- La mise sur pied de sociétés nationales dont Sonatrach créée en 1963
- La naissance d’une industrie nationale à la faveur de la nationalisation des hydrocarbures, un outil indispensable pour la souveraineté nationale et pour lutter contre le sous-développement.
- Une politique d’équilibre régional par la mise en œuvre de programmes spéciaux de développement a permis de mettre fin aux disparités entre les régions. Faut-il rappeler au passage, que des réunions du gouvernement se tenaient au niveau des régions dont notamment : les Aurès, le Titteri, l’Oasis, la Saoura, la Kabylie…

Et en particulier une politique régionale de leadership qui a conquis les espaces géopolitiques dont notamment le Monde arabe, l’Afrique et le tiers-monde. Ainsi que plusieurs événements très importants dans l’histoire du monde, le discours historique prononcé par le président Houari Boumédiène à l’Assemblée générale extraordinaire de l’ONU sur les matières premières pour un nouvel ordre économique international, le sommet de l’OPEP, la conférence des pays non-alignés, le dialogue (Nord-Sud), la présidence de l’ONU assurée par l’Algérie… donnent l’exemple aux pays en voie de développement. Pour rappel, au milieu des années 1980 avec le fameux programme antipénuries (PAP), vint l’avènement de milliers d’importateurs sur la base d’un simple registre de commerce, et ce, afin de concrétiser pleinement le slogan «Pour une vie meilleure», aux dépens des règles du jeu de l’économie de marché et d’une économie diversifiée, ce qui a valu la suppression du ministère du Plan et exclu toute perspective de développement industriel et de l’économie des entreprises, dont on connaît depuis les répercussions négatives, à savoir les capacités industrielles de notre pays se sont gravement détériorées passant de 25% à 5% du PIB, l’économie algérienne détournée de ses objectifs initiaux, notamment fonctionne par la demande et non par les incitations à l’investissement productif où l’augmentation de l’offre qui reste plus faible de manière permanente dans la mesure où on exporte 2 milliards de dollars hors hydrocarbures contre 50 milliards de dollars en importations soit près de 60% des recettes totales d’exportations et 75% environ de nos besoins. Cette situation s’explique par le fait  que le processus d’industrialisation dans les années 1970 a été bloqué. Depuis lors, l’Algérie est devenue l’un des plus importants pays importateurs grâce aux devises fortes des hydrocarbures.
C’est là un grand débat sur «Quel modèle de développement économique pour une Algérie nouvelle ?», dont jamais un bilan n’a été établi, soit sérieusement pris en considération pour construire le pays et préserver l’avenir d’une nation.


 

M’hamed Abaci. Financier et auteur de deux ouvrages Comptabilité des sociétés et gouvernance des entreprises mhamedabaci@yahoo.fr

source / El-Watan du 05/05/2013



05/05/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Photo & Vidéo pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 408 autres membres