LASNAMIA

«Receveur, arrêt El Kharrouba»( Le Chelif du 15/3/2016)

 

«Receveur, arrêt El Kharrouba»

 

Un petit arrêt pour se souvenir des années bonheur et se rappeler ces navettes urbaines de couleur bleue de la nostalgique ville d’El Asnam. Evocation de ces déplacements dans des autocars qui nous font remonter le temps et transporter dans le bus de l’histoire. Annales d’un petit parcours, d’une courte desserte avec des arrêts de bus fréquents d’une ligne, aujourd’hui tracé dans la mé-moire des anciens usagers…

Trois lignes de bus existaient autrefois avant le tremblement de terre de 1980 qui desservaient chacune les quartiers de la ville et les banlieues de La Ferme, la Cité d’Ur-gence est la Bocca Sahnoun. Un bref parcours dans les alentours du centre-ville qui démarrait de la gare ferroviaire avec un premier arrêt du bus près de l’Hôtel du Chélif, suivront ensuite la boutique de «Bakir», «le Penalty», «la Croix rouge», «El Kharrouba», «Khezna» pour aboutir jusqu’au terminus du bus à la Bocca «Er’ha» et vice-versa. Jadis, dans les années 1960 et 1970, le transport urbain était géré par la commune, elle a été concédée par la suite à un privé, M. Kaddache. Les bus sillonnaient ce chemin du petit matin au soir pour permettre aux usagers de monter et de descendre du véhicule aux arrêts fixes.

«Arrêt El- Kharrouba !», criait les usagers en direction du receveur pour lui demander de descendre au prochain arrêt. El Kharrouba, ou le caroubier, est un arrêt de bus qui se situe à proximité de la cité Arroudj, à mi-chemin de la Bocca. Avant, cet emplacement où se trouvent le musée national et le jardin mitoyen qui semble être abandonné, était habité par les sinistrés du séisme de 1954. Des baraques d’urgence érigées des deux côtés de la route ont existé jusqu'à la fin des années 1960, date de leur démantèlement. A présent, cet arrêt fonctionne toujours en face du musée Abdelmadjid Meziane. Depuis l’introduction du transport urbain, ici, à El-Asnam cet endroit a toujours été un repère pour les chauffeurs de bus en référence au vieux caroubier qui se trouvait à cet endroit et qui procurait un abri ombragé dans les moments de grandes chaleurs. Il a disparu du décor de cette rue avec les aléas du temps. Caroubier vient du mot arabe «kharroube». C’est un arbre originaire du bassin méditerranéen et est cultivé ici en Algérie et en Afrique du nord. La grande pépinière de la ville d’El-Asnam (Orleansville) regorgeait de cette essence autrefois. On peut voir quelques arbres rescapés de cette époque dans les environs de la cité Chara, près de l’Office des établissements de jeunesse (Odej).

Le caroubier donne des fruits savoureux en forme de gousses appelés caroubes de couleur marron dégageant un parfum agréable. Le caroube est comestible et a des pro-priétés et des vertus médicinales. On peut trouver de nos jours des gousses de caroube chez les herboristes. On se rappelle encore de notre enfance où on grimpait sur ces arbres énormes de 7 à 10 m de hauteur dans la pépinière pour cueillir les belles gousses mures et charnues et les grignoter comme des fruits secs.

Le bus et ses arrêts sont des endroits de toutes les rencontres. On y tend l’oreille, on bavarde et on prend le pouls de la vie locale durant le court trajet qui mène chez soi. En-tretemps, le car s’est agité et il est devenu «naql» avec l’anarchie routière. Aujourd’hui, ils sont plus confortables et bien équipés mais sans aucun respect pour l’usager qui paie sa place. Ces bus sont une menace pour la vie d’autrui, ils roulent à une vitesse vertigineuse au milieu de l’agglomération avec la radio diffusant de la musique à tout bout de champ. Ces navettes se comportent comme des bolides et font la course pour arriver les premiers au prochain arrêt afin de charger les usagers, quitte à renverser des piétons sur leur passage ou créer des embouteillages. Les conducteurs de ces engins ne respectent rien, allant jusqu’à surcharger leurs véhicules de plusieurs passagers. L’air est irrespirable dans l’habitacle, il est enfumé par le tabac. La radio allumée à se crève les tympans. Le bus n’est plus sûr. Les mœurs ont changé dans le mauvais sens et les chauffards en font à leur tête. Je crois qu’il est plus sage de descendre au prochain arrêt et de continuer à pied le chemin restant. «Receveur, arrêt El-Kharrouba saha !…»

 

Hamid Dahmani

 



13/03/2016
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