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C'est qui un maire ? par M'hammedi Bouzina Med ( le quotidien d'Oran )


C'est qui un maire ?

par M'hammedi Bouzina Med



Les discours qui ont couvert la campagne électorale ont parfois été surprenants, jusqu'à charger les maires de responsabilités nationales ou de politique étrangère. C'est tout simplement ubuesque.

A écouter certains responsables de partis politiques en course pour le scrutin local de ce vendredi, ou leurs candidats, on croirait qu'ils vont inventer un nouveau projet politique pour le pays. Comme si les maires sont à l'origine de la conception de la politique nationale, ou qu'ils façonnent les lois du pays ou mieux encore, gèrent la politique extérieure de l'Algérie. Et ce n'est pas une vue de l'esprit ou une satyre du ton qui a prévalu lors de cette campagne électorale. Vendredi dernier, un président de parti politique haranguait les ouailles venues l'écouter en les appelant à faire barrage aux intentions néocoloniales de certaines puissances étrangères occidentales dans la région du sahel. Il les a appelés à la mobilisation contre le risque de déstabilisation de l'Algérie à son flanc sud. D'autres leaders politiques ont parlé du système de gouvernance « bancal et non démocratique » mené par le gouvernement et on engagé la responsabilité de leurs candidats s'ils seraient élus, de changer ce mode de gouvernance, marqué par « tant de tares ». Du coup, nous avions l'impression d'être dans une campagne électorale pour les législatives. Car dans ce cas, effectivement, les députés et sénateurs ont pour mission de légiférer, de participer à l'élaboration des lois de finances et de contrôler le gouvernement dans l'exécution du programme national. Cela c'est l'ordre des choses en théorie. Car en pratique, il n'est nul besoin d'être dans le secret des dieux pour mesurer la réelle capacité de notre Parlement, Assemblée et Sénat, à peser sur la ou les politiques nationales. Je trouve injuste de qualifier, de « croupion » notre assemblée nationale ou de « chambre enregistreuse », tant les jeux de rôles sont connus de tous par avance. Les députés acceptent d'être acteurs de la pièce de théâtre et donc c'est à un spectacle quinquennal que nous assistons depuis l'indépendance et je ne vois pas pourquoi cette nouvelle Assemblée serait couverte, particulièrement, de tous les quolibets plus que celles qui l'ont précédée. Faut-il rappeler que nous sommes dans un système présidentiel et que les partis politiques majoritaires à l'Assemblée nationale et au Sénat sont tenus, par l'esprit constitutionnel, à appliquer le programme présidentiel ? De là, oser charger les maires (président d'APC) de responsabilités qui les dépassent, alors que les députés et sénateurs son réduits, pratiquement, à un rôle consultatif, il y a comme un air de démagogie et de tromperie envers les électeurs. Et puisque l'occasion nous est donnée de mettre sur les devants de la scène le rôle du maire, parlons-en. De l'étudiant en droit au constitutionnaliste, tous vous diront, avec raison, que l'élection locale est une élection de « proximité ». C'est-à-dire qu'elle consacre le lien entre l'élu local et la population de la ville ou village qu'il est appelé à gérer. Généralement, la couleur politique du futur élu local importe moins que sa popularité, ses compétences et sa moralité. Le maire est un personnage clé dans l'édifice constitutionnel, parce qu'il rassemble à la fois tous les pouvoirs (en théorie) et il est en charge de recueillir, traduire et transmettre les besoins de sa commune aux instances régionales (wilayas) et nationales (gouvernement). C'est donc lui qui garantit la confiance entre le peuple et les plus hautes instances du pays. Son souci premier est de préserver et de renforcer la qualité des services à la population, de veiller à sa sécurité et la propreté de sa Commune. On ne demande pas au maire de se mobiliser pour la question palestinienne, la crise au Mali ou être vigilant vis-à-vis de la politique américaine et la »perfidie » du président Obama (cela a été rapporté par la presse nationale lors de meetings à l'intérieur du pays). Ce qui a été étrange toute au long de cette campagne électorale, c'est plus les critique envers le gouvernement et la presse nationale, leur faisant porter toute la responsabilité de la faible mobilisation populaire (qui reste à prouver vendredi soir), que d'engagement des candidats à réaliser au moins, les projets communaux en retard ; à humaniser les services administratifs ; à aider les plus démunis ; à assurer l'hygiène et la sécurité ; à aider les chômeurs etc. Soit, les missions de base d'un élu local. Pour cela il faut de l'imagination, de l'audace et de la foi en sa mission. Malheureusement pour lui, cet élu local si loué est aussi le premier à payer les « pots cassés » ; il est le bouc émissaire de tout échec politique ou de gestion au niveau de sa commune. Une émeute, une grève, une marche de citoyen et le « Président » d'APC saute ou est traîné devant un juge, parfois jeté en prison. A juste titre ou pas, c'est le maire qui trinque lorsque il y a un gros problème local. Malgré une grosse différence, le poids du maire en France, pays auquel nous nous référons souvent à titre comparatif, est considérable et dispose de vrais pouvoirs, jusqu'à s'opposer à un projet gouvernemental lorsqu'il le faut, porte une si lourde responsabilité que les candidatures, lors d'élections, sont difficile à trouver. Parfois, se sont des ministres qui abandonnent leur pote pour aller briguer un mandat local. C'est dire la valeur et le poids d'un maire. Chez nous, la course au titre de maire ou de président d'APW se transforme en guerre de tranchées entre les partis et aussi entre les militants d'un même parti politique. Nous avons trop de candidats et donc, tellement de militants dévoués prêts à affronter toutes les difficultés de nos communes en acceptant le risque d'être portés au pilori à la première émeute ou grogne des citoyens. Et pourtant, sondez les citoyens d'une quelconque Commune et vous serez édifiés sur le respect porté au maire. Pourquoi nos maire ont-ils si « bonne réputation ? » Certainement parce qu'ils sont le premier maillon dans l'architecture institutionnelle et les premiers à être au contact de la population. Certains dirons qu'ils sont aussi les plus proches de la « mangeoire » nationale. Qu'importe, chez nous le maire est coincé entre l'émeute et le Wali ou le ministre. Il doit jongler entre les deux et au moindre faux pas, il est pointé du doigt et chargé de tous les maux et échecs. Ce vendredi donc, le pays va vivre des élections locales qui, selon les discours des responsables politiques des partis, vont changer la vie des citoyens. La hargne avec laquelle les candidats se sont engagés pour décrocher le titre de « Président » d'APC ou d'APW est si forte que nous sommes forcés d'y croire. Attendons pour y voir, sinon, rendez-vous est pris dans cinq ans, pour la prochaine élection. Le tout est de se souvenir des promesses, en espérant sincèrement, qu'elles se réaliseront. Bon courage à tous les futurs élus.



29/11/2012
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