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Khaoula ou l'amour de la vie

               


                                           

 

 

 

Actualités : Khaoula ou l'amour de la vie


De notre envoyé à Filfila (Skikda), Zoheir Zaïd
Drif Khaoula est une handicapée motrice, habitant à Filfila, à une trentaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya. Elle est l’aînée de deux filles d’une famille de cinq enfants.
De notre envoyé à Filfila (Skikda), Zoheir Zaïd
Drif Khaoula est une handicapée motrice, habitant à Filfila, à une trentaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya. Elle est l’aînée de deux filles d’une famille de cinq enfants.

Elle a réussi le miracle d’atteindre la 2e année de droit sans doubler une seule année. Mieux, elle a, durant le premier palier, été classée souvent première. Au CEM, sa moyenne trimestrielle a même frôlé le 18/20, alors qu'au lycée, elle n’a jamais été en deçà de 14/20. L’épreuve du bac a été un succès dès la première année, 12,42/20 fut la moyenne du passage à l’université. Cet exploit scolaire est l’aboutissement de la volonté, «la volonté enfante le miracle», comme le dit si bien Khaoula. Le fait d’avoir grandi dans une famille modeste, père employé dans le secteur de l’éducation et mère au foyer, n’a fait que renforcer et surtout soutenir Khaoula dans l’objectif de faire de son handicap, un incitatif à l’évolution constante. Selon sa mère, dès son enfance, elle s’enfermait dans sa chambre et s’appliquait à écrire avec sa bouche. Ce n’est nullement des propos dithyrambiques, Khaoula écrit avec sa bouche bien mieux que nous, griffonneurs des deux mains. Le complexe d’infériorité a été vite chassé de son esprit au fur et à mesure que ses succès scolaires la renforçaient dans la conviction qu’elle est un être normal. Au CEM déjà, comme elle nous l’indique, elle entamait une vie «normale », ne se sentant nullement inférieure aux autres, jouant avec ses amies selon ses capacités, assistant aux fêtes de mariage, de baptême et autres.
Mère courage
Le grand mérite revient aussi à sa mère : la Mère Courage, pour reprendre le titre de la fameuse pièce en 12 tableaux de Bertolt Brecht. La maman n’a jamais délaissé, un seul instant, les impératifs liés aux soins de sa fille. Entamant l’odyssée thérapeutique par les plantes médicinales, et comme le remède n’était pas efficace, elle opta pour la médecine. En 1994, âgée seulement de quatre ans, la jeune Khaoula se familiarisa déjà avec les hôpitaux de sa région, mais aussi de Batna et d’Alger. Au début, la difficulté de définir la maladie a failli anéantir la quête de guérison. Une lueur d’espoir a été perçue lorsque des professeurs ont rassuré la mère que le problème de la fille est musculaire, une intervention chirurgicale en France devant suffire à rendre à Khaoula l’usage de ses mains. Les insuffisances financières ont toujours été l’ultime rempart au retour du sourire chez la handicapée et chez toute sa famille. La mère est allée jusqu’à vendre ses bijoux pour espérer qu’un jour son enfant puisse écrire avec sa main. Un vœu qui n’est pas aussi impossible, parole de foi de la maman. Quelle meilleure preuve du dévouement d’une mère que celle-ci : durant les deux premières années de scolarisation, la maman emmenait cette dernière à l’école à bras-le-corps. Khaoula ne marchait pas encore. Cette maman, prête à aller jusqu'au bout pour sauver sa fille, conclut par des paroles philosophiques qui se veulent aussi un message d'espoir : «La patience, c’est notre paradis.»
Z. Z.
«YES, WE CAN» ÉPISODE 1
Il était une fois Romaïssa...
La première fois que j’ai vu Mme Nadia, la maman de Romaïssa, c’était lors d’une ventedédicace organisée dans le grand hall de la bibliothèque municipale de Chlef. C’est mon ami Ali Mejdoub, correspondant du Soir, chirurgien-dentiste et poète à ses heures perdues, qui me l’a recommandée. J’ai tout de suite ressenti son immense chagrin. Elle avait un regard d’une tristesse infinie. Elle avança d’un pas timide vers la table et chuchota : «Moi, je ne suis pas venue pour acheter un livre… Je suis la mère de la petite fille qui souffre. M. Mejdoub m’a dit de venir vous voir… » A ce moment-là, je m’étais dit que Mme Nadia et mon hôte chélifien s’étaient probablement trompés sur la nature de ma mission. Je n’étais ni le ministre de la Solidarité, ni le père Noël. Certes, j’ai eu le privilège d’organiser le premier Téléthon de la Télévision algérienne au profit de l’Irak et, avec l’aide de consœurs d’ Horizons, j’ai pu apporter ma modeste contribution à quelques opérations de solidarité par-ci par-là, mais je n’étais pas la personne indiquée pour ce genre d’actions. Mais plus je regardais Mme Nadia perdue au milieu de la foule, plus je me disais qu’il ne fallait pas la laisser seule et qu’il fallait tenter quelque chose… Avec l’aide précieuse de M. Mejdoub et de M. Boudia, ces troubadours de la littérature qui continuent de dessiner des arcs-en-ciels au-dessus d’une ville asséchée de sa sève et vidée de sa culture, nous avons tenté l’impossible. Et je crois que, grâce à eux, aux lecteurs, aux autorités, nous avons réussi !
Intervention personnelle de M. Ouyahia
Après une large campagne de sensibilisation, la petite Romaïssa, qui souffrait d’une maladie très rare appelée «syndrome de Rasmussen», a pu se rendre à Paris pour y subir une délicate opération de 11 heures. M. Ouyahia, alors chef du gouvernement, est intervenu personnellement pour instruire les ministres de la Santé et de la Solidarité nationale afin de trouver une issue favorable à cette opération humanitaire. Et ce fut le voyage, puis le miracle ! Romaïssa qui se tordait de douleurs, qui avait le visage déformé et qui avait progressivement perdu la parole, me parlait de Paris. «Merci», me disait-elle. Samia, une compatriote mobilisée en permanence pour aider les jeunes malades algériens se trouvant en France pour des soins, me rassurait : «Elle va très bien. L'opération a réussi !» Commença alors un autre combat : la jeune Romaïssa n'était pas pour autant sortie de l'auberge. Une rééducation postopératoire était nécessaire. Elle ne pouvait se faire en Algérie car il s'agissait d'une maladie très rare (on compte seulement 35 cas depuis 1987). Les autorités algériennes ne répondaient plus pour une autre prise en charge. Elles pensaient qu'elles avaient déjà fait beaucoup pour sauver la petite Chélifienne. Les choses se corsent quand l'hôpital décide de mettre à la rue Romaïssa. En l’absence des professeurs l'ayant opérée et dont on disait qu’ils étaient d’une générosité exemplaire, certains bureaucrates n’avaient pas trouvé mieux que de chasser la petite ! Samia témoignait : «L'hôpital a décidé de la sortir, nous l'avons fait vers 18h 30 mais à peine arrivée à la maison que les vomissements ont commencé ! J’ai appelé le Samu : elle a été évacuée vers l'hôpital Rothschild.»
Une année de rééducation prise en charge par l'Etat français !
Il faut dire que Samia est une battante comme on en connaît peu. Tous les jours, elle sillonnait Paris et sa banlieue, sensibilisant les mairies, les associations, les partis, etc. Alors que la maman de Romaïssa rentrait à Alger pour frapper – sans résultat ! – à toutes les portes, Samia ne se décourageait pas. On n'allait pas laisser tomber la petite Chélifienne en si bon chemin ! D’autres Algériens et un Français – le brave Georges Londiche, qu’il m’excuse de froisser sa modestie légendaire – inondaient la France et le monde de messages de sensibilisation. Sans résultat ! Découragée, peinée de voir une si belle œuvre de solidarité mal finir, Samia s’isola chez elle et là, elle se dit : «Je vais tenter le tout pour le tout !» Elle écrivit alors une lettre émouvante à la Sécurité sociale. Romaïssa, quand elle me parla de l'hôpital, prononçant ses premiers mots, avait déclaré : «Priez pour moi !» Nous avons prié et ce fut un autre miracle. Ce jour-là, Samia, à l'autre bout du fil, avait les larmes dans la voix. Mais des larmes de joie. De bonheur. «Maâmar ! Romaïssa a obtenu une prise en charge d’une année ! Une année pour se rétablir complètement ! Nous avons réussi ! Romy, c’est ainsi que l’appellent les médecins parisiens, bénéficie désormais d'une aide médicale d'Etat pour une année qui sera bien sûr renouvelable après. Maintenant, on va se battre pour l'attestation de séjour, ce n’est pas facile avec la préfecture mais nous allons continuer à nous battre !»
Rebelote avec Khaoula ?
C'était une belle victoire des faibles et des opprimés contre la grande machine de l’indifférence et de la marginalisation ! Après cette prise en charge d’une année pour sa rééducation consécutive à l’opération chirurgicale qu’elle a subie avec succès, la petite Romaïssa éprouvait les pires difficultés à se rendre aux différents services hospitaliers qui se trouvent parfois aux antipodes de l’agglomération parisienne. En plus des problèmes de transport, elle était toujours hébergée, elle et sa maman, chez Samia dont il faut saluer le dévouement. Quant à sa scolarité, elle était compromise à cause de ses multiples déplacements journaliers. Mais les bonnes nouvelles ne s'arrêtaient pas : Romy a été déplacée à la clinique Edouard Rist, dans la capitale française, pour une prise en charge totale. Dans ce lieu, elle était suivie par des médecins de différentes spécialités (kiné, ophtalmo, psychologue, etc.) En outre, elle était scolarisée sur place ! Lors des week-ends, elle pouvait aller au ciné, théâtre, musée, parcs, etc. «C'est vraiment une chance de tomber sur un centre comme celui-là parce que les places sont rares, même des Français se voient dirigés vers la Belgique et la Suisse, faute de places. Je suis émue et très heureuse pour elle et pour Nadia… Je pense à tous les enfants malades ; une pensée particulière pour Romy», commentait Samia. Je termine par ces vers du beau poème écrit par mon ami Ali Medjdoub, en espérant la même issue pour le nouveau cas que nous soumettons aujourd'hui. Cet épisode 2 du feuilleton «Yes, we can» se déroulera-t-il aussi bien que le premier ? C'est à vous, chers amis lecteurs, de répondre à cette question.
«Romaïssa est un trésor. pour elle, on achèterait à prix d'or des champs de mandragore. (…) mais la déesse Hippone, la belle, l'a prise sous son aile, jusqu'à Paris, chez les vivandiers de Saint Antoine de Padoue pour la sauver.»
Maâmar Farah

Quelques-unes de vos réactions
> Pour la jeune étudiante en droit malade nécessitant une opération, je m'engage à verser 10 000 DA, je vous remercie de me signaler à quel compte les verser. Je me permets de vous proposer de soumettre ce cas aux différents opérateurs téléphoniques afin d'avoir un sms surtaxé et comme ça, à chaque fois que l'on tape le prénom de la jeune étudiante et que l'on envoie un message à un numéro court, une somme est versée ! ça facilitera l'opération aux gens désireux d'aider la jeune étudiante. Merci.
Samir de Tizi-Ouzou
> Pour ne pas en rester là, j'essaye de contribuer à votre initiative en publiant un bandeau publicitaire sur deux sites que j'ai développés :
- www.cardiodz.net (que j'ai développés bénévolement pour les étudiants et médecins de cardio de l'hôpital Mustapha).
- www.opexa-dz.com. En attendant de pouvoir, je l'espère, contribuer plus concrètement quand on aura les coordonnées bancaires.
Ahmed Ghanem
> Nous avons été très émus par la maladie de la jeune Khaoula et admiratifs devant son courage. Je voudrais connaître le numéro de compte de Khaoula pour apporter ma modeste contribution financière à la collecte des 400 millions nécessaires à l'intervention chirurgicale. Je vais charger notre ami Hamid Dahmani de mettre ton appel sur son site. Toute notre équipe du «Café littéraire» de Chlef va se mobiliser pour une sensibilisation à ce cas très bouleversant par l'utilisation de la toile et une campagne d'affichage avec la photo et le CCP de Khaoula. Boudia est à Paris, je vais l'informer pour qu'il entre en contact avec nos amis de la capitale française. Je suis très optimiste quant à l'issue de cette opération. «Yes, we can 2.»
Medjdoub Ali, Chlef
> Dites-moi où peut-on envoyer juste une petite contribution à cette jeune fille. Puis-je vous demander un service aussi, vous connaissez peut-être des spécialistes en bâtiment ou entrepreneurs... Qu'ils nous disent combien d'hôpitaux, de scanners, d'électrocardiogrammes, d'ambulances, de centres de recherche et de dépistage de maladies on peut construire avec la somme réservée à la mosquée d'Alger ? Khaoula on va l’aider.
Dino
> Déjà trois ans. C'est en France que Romaïssa a été sauvée; son cas aurait pu, aurait dû, devenir un exemple, magnifique, de coopération entre la France et l'Algérie. Qui ne l'a pas voulu et pourquoi ? Deux questions qui ne doivent pas empêcher tous ceux qui se sont mobilisés pour Romy, de «remettre ça».
Georges Londiche, France
> Je suis fonctionnaire et je suis prêt à contribuer avec 10 000 DA. On ne peut pas être 400 à le faire ? Je pense que si... communiquez-moi un numéro de compte.
Tayeb Aït Kaci

Non-assistance à personne en danger
Alors que tout était fin prêt pour la venue d'une équipe de médecins américains volontaires pour effectuer des opérations chirurgicales sur des enfants atteints d'une grave maladie, l'autorisation de rentrer en Algérie vient de leur être refusée par les autorités, pour on ne sait quel motif. Un journal arabophone qui rapporte l'information, mentionne que les membres de l'association caritative qui avaient tout préparé, sont abattus et ne comprennent pas que l'on puisse agir de la sorte dans un pays incapable de prendre en charge ses malades ou de les envoyer à l'étranger. S'agissant de ces enfants, ils courent un danger mortel car le mal dont ils sont atteints est assez grave et nécessite des interventions immédiates. Cette maladie s'appelle «Spina bifida» et est décrite comme une malformation congénitale de l'embryon à la fin du premier mois de grossesse qui a pour conséquence la non-fermeture du tube situé à l'intérieur de la moelle épinière et que l'on appelle «tube neural». Au moment où des responsables du pays s'affichent ouvertement dans les cliniques européennes et, parfois, pour des affections bénignes, il est révoltant de constater que des Algériens qui n'ont pas demandé à aller se soigner à l'étranger mais qui devaient être secourus par des équipes de volontaires ayant accepté de venir chez nous, sont bafoués dans leur droit le plus élémentaire. Le droit à la vie. Où sont les associations des droits de l'enfant et celles de défense des droits de l'Homme ? La non-assistance à personne en danger est un crime puni par la loi.
M. F.
> Pour réagir : vitekhaoula@gmail.com






Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/12/02/article.php?sid=142224&cid=2



05/12/2012
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