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La fiente, un signe d'aubaine.Le Chelif du 08/04/20

 

L’image contient peut-être : oiseau, ciel et plein air

 

Le Chelif du 08/04/20

 

La fiente, un signe d’aubaine.

 

Par HAMID DAHMANI

 

Dans la vie il y a des circonstances où l’évocation de faits risibles dans les moments de peine et de douleur sont hasardeuses et nous tombent dessus subitement, comme une bouffée d’oxygène pour nous redonner de l’espoir et le sourire dans cette existence faite de hauts et de bas, et qu’on appelle dans le langage populaire «tayha ou nawdha». L’autre jour, j’étais dans un angle de rue, au centre-ville, debout sous un poteau électrique, occupé à faire passer un appel téléphonique, quand je fus interpellé par un copain qui passait tout près de moi. «Hé, Hamid ! Ne reste pas là, tu es juste sous le nid de cigognes, «bellaredj», fais attention, autrement ces volatiles «izagou aalik» (elles vont éjecter sur toi leurs fientes). De la main, je l’ai salué en riant, puis je lui ai fait signe de se rapprocher de moi. Revenant sur ses pas, je me suis rapproché de lui et, à voix basse, je lui ai soufflé dans l’oreille : «Je préfère la fiente de ces belles cigognes sur mes vêtements que de supporter les déjections des puissants qui nous oppressent depuis des décennies avec leurs injustices. Et aussitôt, quand on parle du loup, on en voit la queue, dit le dicton. Rapidement, l’accident ne tarda pas à venir. Une grosse tache blanchâtre lâchée par une cigogne venait de se coller sur le dos de ma veste. Mon ami me demanda de lui remettre un mouchoir avec lequel il commença à essuyer cette fiente qui ne voulait pas s’effacer facilement de mon vêtement. «Ce n’est rien Hamid !, me dit mon copain. Tu sais, le caca d’oiseau est synonyme de chance, disent les gens sages». «Ezzag fal m’lih», c’est un bon présage parce que les plus éclairés d’entre nous disent toujours que la fiente de volatile sur le corps de quelqu’un est un signe annonciateur d’une bonne nouvelle. Tiens, et moi qui ne savait pas que la fiente cachait une aubaine ! «Tu es un chanceux Hamid, reprend mon ami, peut être que dans les jours à venir tu vas hériter d’une fortune. Ou recevoir un beau cadeau prochainement. Et si le hasard le veut bien, peut être que tu trouveras une jarre pleine de Louis d’or, «kolla taa louise». Et de poursuivre : «Chouf, crois moi mon ami, dans les prochains jours, inchallah, tu auras une bonne surprise, parce que cela a été déjà observé dans le passé par des personnes qui ont été arrosées avec de la fiente. Mais, attention, il faut savoir que ce ne sont pas toutes les fientes qui ramènent du bonheur à leurs victimes. Il y a des volatiles porte-bonheur et des volatiles porte-malheur. Par exemple, les fientes de «djadj el ma» (poule d’eau), c’est comme de l’acide et il ne faut pas s’attendre à un pactole après avoir été mouillé par ses déjections. Le corbeau ou bien le hibou, alors là, c’est tout le contraire, c’est un mauvais signe pour l’arrosé qui devrait se prémunir contre les tuiles qui vont lui tomber après sur la tête. Les animaux de la basse-cour, c’est idem pour du «zag blech» sans aucune contrepartie». Volubile, il y va encore de ses explications : «Pour ce qui est «zag taa el bounadem» (les déjections humaines) alors là, il ne faut pas espérer le moindre présent venant de ce côté-là». Je l’écoutais parler avec un petit sourire, presque heureux de l’entendre m’annoncer une bonne nouvelle, en réparation du préjudice subi cette matinée. «Hadha kheir ! Ya Hamid !», dit-il, ce jet de fiente n’est pas gratuit, c’est un signe avant-coureur du gros-lot que tu vas gagner», affirma mon ami en souriant. «Est-ce que va prendre du temps pour que ce beau rêve se réalise ?, lui dis-je ? Tu sais, je suis impatient et j’ai la main qui me démange déjà !» «Maintenant, Hamid, Il faut attendre le cours des choses, me répondit mon ami. Tu sais, personne ne sait quand le bien «tombera sur toi». «Wine ma elhag el kheir yenfaa, igoulou ness lewline», me rassura mon interlocuteur. Et, depuis cette déconvenue due à la fiente de «bellaredj», wallou, pas de rentrée d’argent, mis à part ma pension de retraite. En ces moments d’incertitudes, je scrute toujours l’horizon en espérant que l’heureux événement se produise et vienne taper à la porte de ma maison. L’attente de la «dulcinée» est longue est vaine. Je crois que je n’ai pas beaucoup d’aubaine. Je déchante vite… j’ai attendu, attendu elle n’est jamais venue…. « zag-zag-zag-zag », elle m’a dit d’aller siffler là-haut sur la colline… Dixit Joe Dassin.

 

H. D



08/04/2020
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