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Le double-pont de La Ferme

 

Un lieu une histoire

 

Le double-pont de La Ferme

 

Ah ! Si le pont de la Ferme m’était conté et sa rivière chantée. Et si les vieilles cartes postales, témoins de cette époque de rêve, me transportaient dans ses lieux qui ont bercé mon enfance et ma jeunesse, passées près des flots majestueux du Chélif coulant aux portes de la Ferme. Et quelle émotion ardente me prend quand je me retrouve en face de cet oued indomptable qui débordait de son lit à chaque nouvelle crue et dont les eaux ont fait la prospérité de l’immense plaine qui le borde. Son image est toujours gravée dans mon esprit, elle y refait surface chaque fois que j’évoque ce cours d’eau.

Le magnifique pont de La Ferme est jalonné d’histoires façonnées par les aléas du temps. L’ouvrage nous a toujours subjugués par sa somptuosité car il était et demeure un parcours obligé pour se rendre à la Ferme et dans ses célèbres orangeraies. Le pont était vital pour la population des deux rives. C’était le seul franchissement pour se rendre sur la berge opposée. Cet immense ouvrage a été plusieurs fois démoli par les tremblements de terre qui ont ébranlé la ville, il a été souvent emporté par la furie des crues. Mais il fut reconstruit à chaque fois grâce à la ténacité des hommes.

Le village de La Ferme est la première colonie agricole française édifiée en 1849 aux portes d’Orléansville. Des archives de l’époque notent que l’oued du Cheliff dépassait les 25 mètres de profondeur à certains endroits. Il y avait des troupes d’ibis noirs et d’autres espèces d’oiseaux sur les berges du Chéliff. A cette époque, le fleuve était redoutable et gigantesque ; il était navigable et des bateaux à vapeur voguaient sur ses eaux tout le long de son parcours.

Le pont reliant les deux berges était construit en bois ; il a cédé plusieurs fois aux crues de l’oued. En 1930, des crues torrentielles emportèrent complètement le nouveau pont du Chéliff. Il a fallu installer et utiliser des bacs pendant cette période pour se rendre d’une rive à l’autre. A présent, ce sont deux ponts solides en béton qui desservent La Ferme.

En franchissant le pont, nous entrons directement à La Ferme qui a changé entretemps d’appellation pour porter désormais le nom de «Hay El-Houria», le quartier de la liberté, dépendant de la commune de Chlef.

La charmante cité garde à ce jour les empreintes de son histoire à travers l’ancienne mosquée, les maisonnettes retapées et d’anciens lieux de commerces qui existaient déjà le long de la rue principale baptisée au nom du chahid Abdelli Abdelkader.

Cette périphérie a donné des martyrs prestigieux comme Sahli Maamar, qui a été guillotiné, Bibi et Klouche Ahmed, qui ont été exécutés sans sommations.

La Ferme, c’est aussi le berceau du grand poète Omar El Mokrani, reconnu pour son prestigieux répertoire poétique chanté par de grands interprètes de la chanson bédouine.

La ferme, c’est aussi l’adresse du sport roi, le football, avec son stade Maamar Sahli qui est un monument historique qu’il faut préserver. «El Firem» a une belle histoire avec le foot et d’autres disciplines à travers une pépinière de joueurs talentueux originaires des lieux qui ont fait les beaux jours de l’ESF, le club local et de l’ASO en particulier. Des joueurs qui ne sont plus de ce monde comme les Sahli, Bibi, Zouaoui, Belaid Abdelkader… Et tant d’autres, toujours aussi sportifs qu’hier, qui ont honoré les couleurs des deux clubs locaux comme Bouzidi, Aidadou, Belaid Ahmed, Bouali, Djilali, Berdi, Dif, Bouzidi M, Bekakcha, Boutchicha…

El Firem est un fief de la passion footballistique. Hier, on était comblé avant que ce tremblement de terre ne vienne bouleverser notre existence. On était heureux de se rendre au stade Maamar Sahli par bandes, dès le matin, avec un casse-croûte emballé dans du papier journal, pour choisir les meilleures places, généralement dans un coin du «poulailler» ou dans les gradins et savourer les différentes rencontres qui se succèdent par horaires à partir de 10 h avec l’ouverture par les juniors, les réserves et enfin l’équipe première qui pénétrait sur le terrain sous l’hymne des trompettes de paso-doble et les cris des supporters fusant des gradins.

Hamid Dahmani

 



20/03/2016
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