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Mettre les voiles pour vivre "labess"-( Le Quotidien d'Oran du 02/12/2017)

 
Mettre les voiles pour vivre «labess»
 

par Hamid Dahmani

 

Tous les jeunes et même les moins jeunes souhaitent prendre le grand large pour débarquer du côté de l'Eldorado pour vivre et voir du monde. Ici, c'est à la mode de prendre son envol et de partir ailleurs, vers d'autres horizons plus considérants. Que l'on soit aisé ou non, les gens ont envie de s'éclipser et de changer d'air. Il paraît que la vie est plus claire de l'autre côté de la mer et plus captivante pour ceux qui veulent s'aérer. Tout le monde désire s'en aller pour goûter et profiter de la vie et de la démocratie. Les « déguerpissants » sont convaincus qu'ils y trouveront le meilleur et le bonheur qui leur manque ici depuis le temps. Remarque, chacun de nous est d'accord que là-bas, c'est mieux qu'ici pour réussir sa destinée. Chacun de nous est persuadé qu'il y a plus de chance de parvenir à l'autre rive que de croupir ici et d'attendre l'impossible, affirment tous les candidats qui veulent se tirer du pays. Les gens ont envie de s'éloigner et de respirer de l'air pur et sûr. Les voyages forment la jeunesse, dit-on, alors, voyageons pour atteindre le bien-être qui nous manque dans ce pays. Ulysse l'a fait, alors, pourquoi pas nous ? Entre notre pays et leur pays, il y a une vieille histoire qui ne finit pas de faire couler de l'encre, et c'est pour cela que ça ne va pas. Il ne faut pas se mentir, tout le monde est sur la même longueur d'ondes et tous aimeraient bien avoir un pied ici et un autre là-bas. Chez les roumis, le temps c'est de l'argent, et le travail est une nécessité qui fait la dignité. Si on souhaite tous changer d'air, c'est pour vivre « labess », et pour profiter d'un bon train de vie et assurer ses arrières. En Occident, les pays sont stables et ouverts et on peut espérer tout faire quand on est un brillant et audacieux bosseur. Chez nous, le pays est immense et plein de richesses, mais très fermé et sans issue pour les entreprenants. Pour réussir, il faut sortir de ce territoire fermé. Les menteurs et ceux qui ne savent rien faire de leurs dix doigts nous rendent la vie ici très difficile. La grande traversée pour aller là-bas est un choix mûrement réfléchi, pour fuir le déni et vivre dans le respect. Même les vieux retraités, qui ont fait leurs carrières ici dans le bled, désirent partir d'ici, sûrement pour se soigner et mourir seul dans un coin serein. Les jeunes, quand ils se sentent frustrés, manifestent leur colère en disant : « Rouh, maneguoudche h'na fi bled koum » ! (Je veux partir, je ne veux pas vivre dans votre pays), et deviennent de potentiels harraga qui n'attendent que le moment propice pour regagner rapidement l'autre rive. 


02/12/2017
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