LASNAMIA

Passer de locataire à propriétaire ( Le Quotidien d'Oran du 2/8/5/2016)

 
 
Passer de locataire à propriétaire

 

 

par Hamid Dahmani

 

 

«Kane kari, we s'bah moul dar». (De locataire, il est devenu propriétaire de la maison.) Tel est cet adage qui pointe le brusque retournement de situations. (Djek b'wedjh, wa s'bah b'wedjh) est une couleur maléfique qui illustre l'escroquerie et la convoitise des biens d'autrui. Une autre citation similaire fait aussi allusion à ce type de situations; «Dakhaltou yessekhane, b'hach kerih» (je l'ai fait rentrer chez moi pour se réchauffer, il a écarté ses pieds pour s'installer.) L'heure est propice aux opportunistes de tous bords qui veulent gagner la confiance des plus crédules pour les dépouiller. Les faux semblants ne s'endorment pas sur le rôti. Ils abusent de la bonté de leurs interlocuteurs pour les mettre à nu. Ils veillent et planifient intelligemment pour porter leur coup fatal. Ils attendent les moments voulus pour nous étonner à la dernière minute. Ces individus sont décrits comme ayant un flanc de loup et un autre de renard. (Djemb dhib wa djemb thaalab). Il faut se méfier de l'eau qui dort, disent les sages. Faire une confiance aveugle aux beaux parleurs mène généralement à la déception en fin de compte. La pitié sans bornes est un sentiment qui conduit souvent à des différents qui tournent au vinaigre. Un simulacre qui évoque les scènes d'abus de confiance de sinistres individus qui trahissent la confiance. Faire une transaction en dehors du circuit légal et louer un local ou une maison par exemple à une tierce personne sans établir un acte notarié officiel, fini couramment devant les tribunaux. Rouler quelqu'un dans la farine pour prendre sa place ou s'approprier de son bien illégalement est devenu un fait anodin dans le présent. Les adeptes de la malhonnêteté, il y en a bezef aujourd'hui et attendent au coin de la rue que le pigeon se présente. Prêter un bien pour dépanner quelqu'un qui est dans une mauvaise passe peut conduire à ce type de mésaventure qui vous fera regretter votre geste naïf. Passer du titre de locataire à celui de propriétaire des lieux est une prouesse satanique des plus fines. Les fourbes ont des désirs et des visées immorales pour déposséder injustement leurs bienfaiteurs. On aura tout vu dans ce bas monde. Notre existence est pleine de citations de sagesse, mais cela n'empêche pas les entourloupettes quotidiennes. «Djit naaounou fi kbar mou, h'rab li bel fes» (je suis venu lui donner un coup de main pour creuser la tombe de sa mère, il s'est enfui avec ma pioche.) Assister quelqu'un pour le sortir des ennuis et en guise de remerciements, il jouera de vos pieds pour vous écarter et prendre votre place sans aucune honte. Les fins orateurs et les hommes politiques bernent et embobinent aussi en permanence la société avec de fausses promesses juste le temps de parvenir à leurs objectifs et de se faire oublier jusqu'aux prochaines élections. Les dissimulés sont des comédiens aguerris à ce genre de scènes apitoyantes. Ils pleurent à chaudes larmes pour vous émouvoir et piquer ensuite votre place. La concurrence et l'ambition déloyale poussent les envieux à entreprendre des actions aux conséquences des fois dramatiques uniquement pour assouvir leur soif opportuniste. «Kane kari» pour un bail ou un mandat «we s'bah moul dar» qui ne veut pas sortir ou partir. Cette espèce veut s'imposer contre notre volonté. Ils veulent se maintenir par l'intimidation, la pression, la tromperie pour faire aboutir leur sinistre projet. «Kane kari», ou bien «kane moul dar», tout a une fin sur cette terre et c'est pourquoi on dit aussi «kana h'na we rah». 


28/05/2016
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