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Cavaignac, le sinistre incendiaire (Le Chelif du 13/4/2016)

Cavaignac, le sinistre incendiaire

 

Le souvenir de la conquête de l'Algérie par l'armée coloniale française nous replonge dans une époque odieuse de crimes impunis. Jadis, existait un petit village dénommé "Cavaignac" du nom d'un sinistre général français, auteur de plusieurs crimes contre le genre humain dans la région Ouest de Chlef et spécialement dans le Dahra, au moment de l'expédition décidée par la France pour occuper l'Algérie. Eugene Cavaignac est né le 15 octobre 1802. Apres sa mort en 1857, un village est fondé en 1880 au lieu-dit Béni Madoun, dans la zone d'influence de la tribu des Béni Tamou, située dans la commune mixte de Ténès, à une dizaine de km au sud-ouest de cette dernière ville. Ce village portera le nom de ce général auteur d'un grand massacre dans le Dahra. L'histoire a consigné le souvenir macabre de la folie meurtrière de cet officier qui a dirigé les troupes françaises en compagnie d'autres officiers du nom de Pélissier et de Saint Arnaud en 1844 et 1845 dans cette région. Des jours sombres toujours vivaces dans la mémoire des opprimés. L'affaire des "enfumades" de la tribu des "Sbehas", dans le Dahra, souillera à jamais la France et ses généraux. Ces crimes ne sont pas près d'être oubliés car c'est un génocide commis de sang-froid par les officiers et soldats d'une nation qui prétendait apporter la civilisation. Cavaignac livrera une guerre honteuse contre une population désarmée, ses actes militaires débordaient d'horreur, des tueries sont commises contre les habitants de petits hameaux, des femmes, des vieillards et des enfants ont été exterminés sauvagement. Dans l'affaire des "enfumades" du Dahra, les officiers de la coloniales ont fait fi du code d'honneur militaire. Leurs troupes ont incendié et tué des animaux et poursuivis des femmes et des enfants qui se sont enfuis pour se réfugier dans des grottes. Mal leur en prit car ils seront enfumés vivants. Lors d'un discours prononcé à Orléansville en 1845 après l'enfumade de 1844, le général Bugeaud, commandant des troupes coloniales dira ceci : "Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbehas ! Enfumez-les à outrance comme des renards". Ainsi, après avoir eu le feu vert du commandant en chef le général Bugeaud, en 1845, un autre officier le colonel Pélissier fait asphyxier de la même manière que le criminel Cavaignac plusieurs centaines de personnes de la tribu des Ouled Riah, dans des grottes dans la même région. Le colonel Pélissier fera une déclaration qui fera tache d'huile après ce sinistre événement : "La peau d'un seul de mes tambours avait plus de prix que la vie de tous les ces misérables". En France, l'opinion, dit-on, "s'indigne" et condamne les "enfumades" en Algérie, des larmes de crocodile sont versées pour la circonstance et par la presse et par l'opposition ; le général Bugeaud est interpellé pour donner des explications, et c'est tout. Bugeaud, Cavaignac, Pélissier et Saint Arnaud sont des symboles de l'horreur qui n'ont jamais étaient condamnés même à titre posthume. Ce sont des génocidaires. La résistance algérienne, sous le commandement de l'Emir Abdelkader à cette époque dans la région du Cheliff, était importante et a donné du fil à retordre aux envahisseurs. Il fallait que la population civile arabe en paie le prix fort.

Il y a lieu de rappeler que le 22 août 1922, le village de Cavaignac est secoué par une forte secousse tellurique qui détruira la plupart des maisons. Durant le déclenchement de la révolution en 1954, la population de cette région a participé pleinement à la guerre de libération, plusieurs de ses enfants sont tombés au champ d'honneur les armes à la main. Parmi eux, il y avait le chahid Djillali Meddahi dont la rue principale d'Abou El Hassan porte aujourd'hui le nom.

A présent, le petit village porte depuis l'indépendance le nom d'Abou El Hassan. Il se situe à une. Il est entre les communes de Thalassa, Bouzeghaia et Sidi Akkacha. Au-jourd'hui, ce village a le statut de daïra. Abou El Hassan est le nom de guerre du chahid Abdelkder Zenasni né en 1934 à Remchi près de Tlemcen. Il a rejoint les rangs de l'ALN en 1955 et activa dans les liaisons militaires et la mobilisation dans la zone 4 de la Wilaya V historique avant d'être promu au grade de commissaire politique en 1958. En 1961, il fut désigné chef de la zone 4 jusqu'à sa mort au champ d'honneur le 19 février 1962 à proximité de la commune Abou El-Hassan (ex-Cavaignac) dans la wilaya de Chlef.

 

Hamid Dahmani



17/04/2016
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