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Conférence sur «l'objectivité en histoire»



Culture : CHLEF
Conférence sur «l'objectivité en histoire»


L'année 2012 marque le 50e anniversaire de l'indépendance. A cette occasion, il est loisir d'entendre d'innombrables récits afférents à la guerre de Libération, qui ne sont pas exempts de subjectivité.
C'est pour cette raison, dans le cadre des festivités liées à cet évènement, que le Dr Aït Djida Mokrane a fait une conférence, dernièrement, au niveau du café littéraire de la bibliothèque de wilaya Mohamed- Mehdi. Le sujet de cette intervention, bien à propos, traite de l'objectivité en histoire. En effet, pour l'orateur, la révolution de Novembre est un thème qui ne cesse de nourrir les polémiques les plus violentes où les opinions personnelles et la subjectivité l'emportent souvent sur une analyse objective et scientifique du passé. Il considère l'histoire comme une science à part entière qui ne peut être traitée sérieusement que par un historien. Ce dernier voit son espace squatté par ceux qui écrivent leurs mémoires, le romancier qui convoque des pans de l'histoire pour agrémenter son récit et surtout le politique qui soumet le passé à des considérations conjoncturelles pour mieux occulter le présent. Le conférencier compare l'historien à un chimiste en s'appuyant sur une citation de Marcel Trudel : «Lorsqu'un chimiste veut expliquer la composition chimique de l'eau, il va la soumettre au voltamètre et obtiendra le l'oxygène et de l'hydrogène quel que soit le laboratoire et quel que soit le moment choisi. Voilà donc un homme objectif. A contrario, l'historien est bien dépourvu : l'histoire qu'il veut expliquer n'obéit à aucune loi rigoureuse qui lui permette de retrouver ailleurs que dans un seul moment donné, le même fait strictement le même...». En effet, l'histoire a ceci de particulier : elle s’intéresse aux hommes et ne peut s'en passer. Or, dans un domaine où le sujet se confond avec l'objet, il est très difficile, voire impossible de rester objectif. Dr Aït Djida va ensuite citer les éléments sur lesquels va s'appuyer l'historien pour restituer le passé. Il y a d'abord les sources comme l'archive écrite et le témoignage qui reste problématique car il est souvent très difficile de recueillir les récits de tous les témoins, sans compter leur fiabilité. En outre, la bonne foi n'est pas toujours un bon élément en histoire. Il cite Gustave le bon «c'est la bonne foi et non la mauvaise qui est dangereuse». La bonne foi chez de nombreux témoins est synonyme d'encensement et de sacralisation. L’historien en tant que témoin d'un témoin devient dépendant d'une source subjective. Pour ce qui est de l'enseignement de l'histoire, l'orateur pense que tout n'est pas bon à dire à l'élève qui risque d'avoir une vision négative de son pays. Il préconise de «taire certains épisodes. Dans un souci pédagogique, faire aimer son pays passe inéluctablement par l'étalage des exploits et le voilement des erreurs». Et de conclure : «Il est impératif, 50 ans après l’indépendance, de libérer l'histoire de notre Révolution des passions en laissant les spécialistes faire leur travail sans la sérénité.»
Medjdoub Ali



Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/10/10/article.php?sid=140139&cid=16


10/10/2012
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