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Voyage dans le temps avec Hamid Dahmani( Le Chelif du14/10/2015

 

 

Il a exposé des documents rares à l’occasion de la journée mondiale de la Poste

 

Voyage dans le temps avec Hamid Dahmani

 

M. Hamid Dahmani est philatéliste. Il court derrière les timbres depuis 1964 et participe à chaque occasion, comme partenaire, aux expositions de la poste. Cette fois-ci, il participe à l’exposition avec un thème général sur l’activité des PTT et Algérie Poste. Il présente, à travers des timbres postes et des enveloppes «premier jour», des sujets qui touchent la société.

Nous avons par exemple l’activité du

facteur, des boites postales, l’affranchissement du courrier et les timbres. «Vous avez ces enveloppes du pre-mier jour qui sont utilisées par les collection-neurs et qui sont confectionnées avec un dessin et oblitérées lors de l’émission de nouveaux timbres pour marquer l’événe-ment. Aujourd’hui, c’est une journée mondiale de la poste qui est célébrée, pour organiser une communauté (les adhérents à l’UPU) et en même temps standardiser l’ac-tivité postale, à travers les pays, surtout le courrier», nous explique-t-il.

M. Dahmani a exposé entre autres une thématique sur la compagnie Air Algérie, la-quelle a une relation forte avec la poste puisqu’elle transporte du courrier, ce qui n’est pas sans rappeler Mermoz et Saint Exupéry. «J’ai retracé l’histoire d’Air Algérie et, en même temps, j’essaye de la faire connai-tre à travers ses avions et son transport du courrier. J’ai voulu établir une fiche synop-tique de l’entreprise. Vous savez qu’Air Al-gérie a été créée en 1947. C’était à l’époque une entreprise coloniale. Après l’indépen-dance, la délégation générale et Air France en prirent le contrôle et c’est en 1963 qu’elle devint la compagnie nationale d’Algérie. Vous voyez les lignes qui sont ouvertes à l’exemple de la ligne Zurich-Alger. Chaque fois qu’il y avait ouverture d’une ligne, il y avait création d’un timbre pour immortaliser l’événement. Ce sont des photos originales qui sont affichées. Ce sont des avions d’Air Algérie en 1959 et c’est l’inauguration de l’oléoduc Hassi Messaoud. Vous voyez que l’avion d’Air Algérie a été intégré dans la thématique.»

Des timbres, des lieux et des dates

Intervenant à la veille de l’anniversaire du séisme de 1980, l’événement a poussé M. Dahmani à développer un thème sur les séismes à travers le monde. Il y a les pre-mières cartes qu’on appelle maximum, avec leurs timbres, qui ont été émises en 1954. Six timbres furent créés à l’occasion du séisme, l’église de Saint Réparatus, Béni Rached (l’épicentre). Les cartes ont été dessinées par Mohamed Racem, il en a fait six. «Là, c’est le séisme de Témouchent, ici, c’est celui de 1980, il y a eu un seul timbre oblitéré par le cachet d’El Asnam. Il y a celui de Boumerdes de 2003, de la Nouvelle Zélande, d’Agadir. C’est un véritable voyage à travers le monde. Vous avez un disque d’Ahmed Wahbi qui a chanté le séisme d’El Asnam. J’ai une série de six cartes postales du séisme de 1954 : Orléansville avant le séisme, après le séisme, les vestiges d’Orléansville. Alger a également été touchée par divers séismes avant 1830, Bab Azzoun, Mustapha Bacha, El Goléa, tous les environs d’Alger, les

vieilles villes de l’époque, le jardin du Dey, la voute de l’Amirauté.» Le philatéliste possède une magnifique col-lection sur les mosquées du monde. On y trouve la mosquée bleue (Istamboul), la Kaaba, Qabous, Paris. Il y a diverses autres mosquées qui sont très importantes, d’Afrique noire, de Tambouctou, de Chinguetti (Mauritanie). Il y a aussi des cartes postales anciennes.

M. Dahmani révèle que ce qui est important, ce sont les plis (enveloppe oblitérée avec timbre et image). «Ils sont importants dans les concours et les expositions importantes, classiques, pas comme celle-là ou je suis le seul exposant. Nous recherchons alors les lettres, l’oblitération et les marques postales. J’ai des cartes postales d’Orléansville et d’El Asnam qui ont voyagé, ce qui signifie qu’elles ont été utilisées par des usagers et sont passées par la poste. On y trouve la correspondance à l’arrière et le timbre. Elles ra-content toutes une histoire. Il y avait ici des militaires qui écrivaient à leurs familles. Ce sont des cartes que j’ai achetées de France, d’Alger… Lorsque je voyage, je suis tou-jours avec la récupération. Il y a parfois des histoires fabuleuses. A ce propos, les pieds noirs étaient très méchants. J’ai des cartes dans lesquelles ils disaient que les indigènes sont sales, et qu’ils sont fainéants. Il y a d’anciennes cartes postales qui datent de 1900 à 1924 et j’en ai d’autres semi-mo-dernes (1958 -1970) comme celle de l’école Lallement ou de la piscine Chaoui. Les cartes postales modernes ont été fabriquées par la SNED à partir des années 1970, mais, depuis, cela a été arrêté. Ici vous avez des cartes postales qui ont été éditées par le gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) à Tunis et qui ont été imprimées en Yougoslavie. Elles sont très rares, elles représentent des photos de réfu-giés algériens et une école en plein air. Il y a des cartes postales représentant des chouhadas, le 8 mai 1945, des prisons (Mostaga-nem), Philippeville. Il y a également la lettre d’un prisonnier (provenant de la salle 6, prison civile d’Alger en date du 5 octobre 1959). Sont également affichées des cartes postales prises dans le vif et qui représentent un instantané de la joie manifestée par la po-pulation avec ses drapeaux lors du jour de l’indépendance. C’est tout un pan d’histoire qui est affiché sous nos yeux, qui a été édifié patiemment et de manière originale. C’est vraiment impressionnant.

L’histoire sur un petit bout de papier

M. Dahmani recherche une carte de Serkadji pour nous la monter, mais il n’arrive pas à la trouver. C’est une carte qui montre plusieurs algériens qui y ont été décapités. Il y a des timbres sur les Nations Unies qui font également des enveloppes du 1er jour sur les droits de l’homme, la santé, les réfugiés, e désarmement, l’année mondiale de la population. Toutes les organisations relevant de l’ONU ont leurs timbres et leurs enveloppes du 1er jour. L’ONU dispose d’une poste spé-ciale à Genève. Ils ne parviennent pas bien sûr en Algérie, et j’ai dû me les procurer à l’étranger.

Les archives que M. Dahmani nous montre sont encore plus importantes que celles ex-posées. Il y a les arts traditionnels (des outils de la laine). Il y a des timbres qui vont par paire, on les appelle «un timbre se tenant», ils représentent la même image coupée en deux. Il y a les blocs feuillets qui sont confectionnés pour les souvenirs. Il y a des timbres représentant les mosaïques. Il y a le thème de scènes de chasse, celle de Saint Ré-paratus et celle de Ténès (qui est au musée des antiquités d’Alger). Il doit y en avoir quatre qui sont au musée des antiquités qui ont été prises après le tremblement de terre. Il y a des musées maintenant à Chlef et il faudrait qu’elles soient rapatriées. Nous passons ensuite à l’histoire postale. Nous apprenons que le premier timbre français est apparu à Paris en 1849, et le premier timbre en Angleterre en 1840 (représente la reine Victoria). Les timbres qui étaient utilisés en France l’étaient aussi en Algérie (qui

était considérée comme un département). En 1926, cela a changé, et on a ajouté sur les timbres locaux, la mention Algérie, ce qui entraina leur utilisation uniquement au ni-veau local. En 1958, avec les événements d’Algérie, il y a eu un autre changement et la mention «Algérie» inscrite sur les timbres a été supprimée. L’Algérie était redevenue un département. Vous avez les timbres Marianne, Decarie, la Semeuse, la mosquée de Sidi Boumediene qui ne contiennent que la mention «République française», et cela a duré jusqu’en 1962.

La presse, l’histoire du moment

Les journaux constituent pour M. Dahmani une autre facette de son profil de collection-neur. Il nous précise qu’ils font partie de la catégorie appelée «le vieux papier». C’est une catégorie qui intègre les factures, les éléments écrits et en général tout ce qui est vieux et d’époque. «J’ai des journaux très anciens. Dans un exemplaire est apposé le sceau royal. C’est un numéro qui parle de conquête et de la résistance de l’Emir Abdelkader au général Bugeaud. Ce sont des documents qui ont tous été édités en France.» Il nous montre un autre journal appelé «l’il-lustration» qui paraissait également en Algé-rie (en tant que département français). Il parle de l’expédition de grande Kabylie. Il n’y avait pas encore la photo et on utilisait les gravures à la place. Lorsque les militaires revenaient de congé ou partait en permission, ils racontaient alors aux peintres la si-tuation et ces derniers dessinaient alors ce qui leur était raconté. Un autre journal ra-conte les «enfumades» du Dahra. Un autre raconte Ahmed Bey de Constantine.

M. Dahmani nous montre ensuite un autre journal, une gazette de 1749 qui parle du Dey d’Alger. Les corsaires avaient attaqué alors un galion anglais et l’avaient dépouillé, ce qui entraina une réaction indignée de leur consulat auprès du Dey. Le dernier thème qu’on eut l’honneur de visiter était dédié aux Almanachs des Postes, Télégraphes et Téléphones (PTT). L’exposi-tion en comprenait exactement neuf et dé-marrait à partir de 1954, c’est-à-dire depuis le déclenchement de la révolution pour finir en 1962. Cette exposition permet de situer n’importe quel événement survenu durant la lutte de libération armée.

Pour M. Dahmani, «l’histoire, c’est une date» et la date, c’est le calendrier. Il est facile de situer avec ces Almanachs n’importe quel événement survenu entre le 1er novembre 1954 et le 19 mars 1962. La démarche nous semble inédite et vraiment rationnelle et la relation avec les timbres est évidente puisque les Almanachs étaient édités par la poste.

A. Cherifi

 



16/10/2015
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